C’est en visitant les jardins de Séricourt, Jardin remarquable aux yeux du Ministère de la Culture que j’ai eu l’idée de vous écrire cet article. Je vous ai déjà décrit ce jardin dans l’article précédent. J’ai pu rencontrer plusieurs fois deux spécimens de pleureurs. Je voulais mieux connaître ces variétés d’arbres que l’on rencontre, petit à petit, dans mes pérégrinations multiples.
L’arbre à port pleureur est celui qui aura ses branches qui vont tomber naturellement vers le sol. Cela évoque les larmes qui coulent toujours vers le bas. Ce phénomène s’appelle le gravitropisme négatif. Les branches retombent naturellement vers le sol alors que la majorité des plantes cherchent le soleil en allant vers le haut. L’empiètement au niveau du sol est quant à lui plus important à cause de sa forme en parapluie.
Gravitropisme négatif ?
Pourquoi appeler ce phénomène avec un mot qui rappelle la gravitation. La phrase célèbre de Newton « La pomme attire la Terre de la même façon que la Terre attire la pomme », a théorisé la gravité. La gravité joue un rôle extrêmement important dans le développement des végétaux ! Certaines cellules existent dans tous les végétaux qui sont spécialisées dans la perception de la gravité ! Certaines études montrent que ces cellules sont situées au niveau du collet de la plante, lieu probable du cerveau de la plante (1). Ces cellules portent le nom de statocystes qui agissent comme le poids du fil à plomb.
L’orientation verticale est appelée orthogravitropisme ou gravitropisme positif en sachant qu’elle est négative pour la tige et positive pour les racines. En fait, la plante sait très bien que la tige monte vers le haut et que la racine descend vers le bas. En réalité, la plantule sait très bien si elle pousse dans le bon sens ! Même si vous plantez votre graine à l’envers, la tige sortira à l’air libre… Par exemple, si l’on couche les plantules, elles chercheront toujours à rétablir la verticalité en fonction de la gravité. (2)
Quelques arbres sont naturellement pleureurs comme le Saule (Salix babylonica) mais beaucoup sont des cultivars, c’est-à-dire des variétés créées par l’homme (3). La taille des pleureurs naturels ne dépasse pas les 20 m à l’exception du hêtre pleureur (Fagus sylvatica pendula). L’effet tombant provient d’une anomalie dans la quantité de lignine dans l’arbre. C’est la lignine qui fait qu’un arbre se tient debout. Les pleureurs ont eu une faible mutation en lignine. Or Si la lignine est plus faible, plutôt que de se dresser vers le ciel, les branches tomberont.
Peu de pleureurs naturels
Chez les conifères, nous avons huit pleureurs naturels, notamment le Cèdre Cedrus atlantica ‘Glauca Pendula’, le Cyprès commun Cupressus sempervirens ‘Pendula’, bien connu des Italiens, le mélèze Larix decidua ‘Pendula’ ou ‘Repens’, (4) ou encore le Séquoia géant Sequoiadendron giganteum ‘Pendula’,
Parmi les feuillus, il existe 20 pleureurs naturels dont cinq dans la famille des Acer (érables), deux Prunus et deux Salix. Les autres, on les rencontre chez les figuiers, les frênes, les ormes, les pommiers ou les poiriers.
Le Pyrus salicifolia ‘pendula’
Le premier que j’ai rencontré à Séricourt est un poirier. Il porte le nom de Pyrus salicifolia Pendula. C’est un poirier ornemental dit à feuille de Saule. Il est Pendula de manière naturelle. C’est un petit arbre au port pleureur, au feuillage gris, aux fleurs blanches qui s’épanouissent de mai à juin, accueillant avec bienveillance les pollinisateurs. Elles donnent des poires vertes et puis brunes à la fin de l’été ou au début de l’automne d’août à octobre. Ses fruits n’ont pas de valeur gustative. Nous sommes donc face à un arbre décoratif rappelant les oliviers du Sud donnant une touche méditerranéenne au potager. Cet arbre est très résistant aux froids jusqu’à -23°C. Sa largeur est de 4 m et sa hauteur de 5-6 m, à maturité.
Fagus sylvatioca purpurea ‘pandula’
Le second est le Hêtre pourpre Fagus sylvatica Purpurea Pendula. Ils y en avaient au moins deux exemplaires. Ils étaient magnifiques avec leurs branches majestueuses tombantes. La couleur de leurs feuilles pourpres sombres leurs donnaient un air mystérieux. La cime forme un dôme régulier et compact, avec des branches très retombantes, parfois jusqu’au sol. Si la hauteur des hêtres pourpres pleureurs est normalement de 4 m maximum, ceux de Séricourt semblent les dépasser. Ce sont des arbres capables de résister à des températures de -29°C.
Salix alba ‘pendula’
Le Salix alba décrit provient de notre potager d’Eghezée. C’est un vieil arbre qui nous protège de ses longues branches touchant presque le sol. Cet arbre fait partie de la famille des Salicaceae. (5). Le Salix alba est en réalité un cultivar ancien réalisé à partir du Salix babylonica. Ce dernier est d’origine chinoise et vit très bien dans ce pays. le Salix alba est donc un hybride qui a été adapté pour le climat européen.
Il peut consommer jusqu’à 400 litres d’eau par jour à l’âge adulte. Par leur pouvoir élevé d’évapotranspiration et la capacité de ses racines à fixer les sols et à y pomper les nitrates, ils jouent un rôle important dans le cycle de l’eau. On a autrefois utilisé les Salicacées (dont le saule taillé en saule têtard) pour « assainir » et drainer les zones humides. Il est placé non loin d’un ruisseau qui coule lentement au bout du jardin. Nous n’allons pas vous donner plus d’informations d’autant que nous avons déjà écrit un article sur le Saule.
Acer palmatum
Nous avons donc voulu dépasser ce que nous développons dans nos terrains de jeux répartis en Europe et en Afrique. Lors d’une de nos pérégrinations, Florian est tombé en pâmoison devant l’allée de l’entrée principale de l’abbaye de Scourmont, à Chimay. Cette allée est composée uniquement d’Acer palmatum. C’est vrai que ces arbres sont d’une grande beauté dans un lieu qui ne l’est pas moins. Cet érable est très différent de l’Acer pseudoplatanus ou Érable sycomore que l’on considère comme une plante indésirable car invasive.
L’Acer palmatum est aussi appelé érable japonais lisse fait partie de la famille des Sapindaceae. Son port est arrondi et tombant sous forme de pleureur. Il est un des cinq Acer pleureurs naturels. Il ne faut pas confondre avec l’érable du Japon (Acer japonicum) qui lui ressemble mais reste différent. Originaire du Japon, il est présent sur l’ensemble du globe. Cependant, il ne supporte pas de trop basses températures en hiver. Cet arbuste est à croissance lente. Il préfère être placé à l’Est puisqu’il aime un ensoleillement fort le matin tandis qu’il adore être à l’ombre au moment des heures chaudes. Sa floraison a lieu en avril-mai et sa fleur est très attractive pour plus de 23 papillons. (6) En automne, les feuilles deviennent rouges avant de tomber au sol.
En conclusion…
Voici donc quelques pleureurs rencontrés au cours de mes promenades….J’arrête là la série pour le moment pour que cela ne devienne pas une obsession. dernièrement j’ai cru déceler un Betula pendula alors que c’était un Mirocoulier (Nothofagus obliqua). L’important est de comprendre pourquoi les pleureurs sont des pendula. Ce sont donc des exceptions à la règle de la lignine.
Géry de Broqueville
- C’est en tout cas au niveau du collet que se situe la plus grande activité électrique de la plante lançant, des ordres tant vers les racines que vers le sommet de la plante.
- La seule façon de forcer la plante à pousser de manière inverse est d’introduire de l’électricité à hauteur que 2 volts pour un légume dans un pot. En positionnant l’électrode négative sur le côté Ouest, les plantes se développeront plus facilement vers le bas, l’électrode positive est donc placée côté Est. Cette expérience n’a aucun intérêt pour l’agriculture, c’est juste pour montrer que seule l’électricité pourrait contredire la gravité.
- Il existe environ 500 cultivars de Salix donnant cet aspect décoratif répartis dans 75 genres.
- C’est celui que mon grand-père avait planté dans le verger au mouton qui a fait l’objet d’un article à propos de la ronce.
- Cette famille comprend 350 espèces réparties en deux genres : Populus et Salix.
- Il ne faut pas conclure que c’est un arbre aux papillons. Ce dernier porte le nom de Buddleia davidii.