Les lucioles, ces adorables insectes qui nous ravissent les yeux la nuit, faisaient parties du passé, je pensais. Cela faisait des dizaines d’années que je ne les ai plus vue danser dans la nuit. Il me semble donc très lointain le temps où, mon grand-père me montrait ces insectes de la nuit visible à l’œil nu tant dans les airs que sur le sol.
Au potager Pas à Pas, je les ai revu plusieurs soirs d’affilée, juste avant la canicule de cette fin juin. Ai-je conclu, un peu rapidement, que nous assistions à un retour de la biodiversité grâce aux efforts entrepris ? Est-ce un bon indicateur ? Travailler le potager en permaculture en vue de rendre le sol plus vivant apporte-t-il son lot de changements ? Luttons-nous mieux contre l’effondrement des insectes ? Recréons-nous si vite de la biodiversité ? Il est probablement trop tôt de répondre à cette question. Mais, en tout cas, les lucioles dansaient devant nos yeux émerveillés.
Mais que sont ces petits insectes bioluminescents ?
La luciole porte le nom de ver luisant voire de mouche à feu. En fait ce n’est pas un ver mais bien une larve de moins de maximum 3 centimètres de long. Il appartient à la famille des Lampyridés qui sont de l’ordre des Coléoptères. On pourrait croire que les vers luisants que l’on voit au sol sont différents de ce qui vole. En réalité, il s’agit du même animal. La femelle non pourvue d’ailes, émet de la lumière, au sol pour attirer les mâles qui volent non loin !
C’est qu’il y a une différence entre luciole et ver luisant ! La luciole porte le nom latin de Luciona lusitanica tandis que le ver luisant s’appelle Lampyris noctiluca ! Ce ne sont donc pas les mêmes insectes bien que faisant partie de la même famille et émettent, tous les deux, de la lumière par leur abdomen.
Tant les mâles que les femelles ont un corps mou, noir tacheté de jaune ou d’orange. C’est au moment des amours que la femelle émet cette lumière à partir de deux segments de l’abdomen provoquée par une réaction chimique dans l’abdomen. Le mâle lui répond par un clignotement jaune/vert et fonce ensuite vers le ver luisant au sol pour féconder la femelle. Quelques jours après la fécondation, la femelle dépose ses œufs dans un endroit humide, et meurt peu après. Le mâle, meurt après l’accouplement avec plusieurs femelles.
Les œufs éclosent environ un mois plus tard. Les larves muent plusieurs fois avant de devenir adultes. Les larves creusent un petit abri dans le sol, et au printemps, elles en sortent pour vivre leur vie de nymphes. La femelle vit 4 semaines tandis que le mâle a une vie encore plus courte.
Un allié de plus ?
Le ver luisant est un véritable allié du potagiste. Les larves dès leur naissance se nourrissent de limaces et d’escargots. Les vers luisants piquent le mollusque pour lui introduire un venin dans le corps. Il peut ainsi le dévorer en tout quiétude.
Malheureusement cet allié est en voie de disparition surtout dans les villes à cause de la concurrence lumineuse. Dans le monde rural ce sont les insecticides et les fauchages abusifs des bords de route qui ont eu raison de cet insecte.
Peut-être que l’apparition subite de ces lucioles et vers luisants est peut-être le fruit d’un enrichissement de notre biodiversité… A suivre donc !
Géry de Broqueville