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Extrait fermenté de consoude

Merveilleuse consoude
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Temps de lecture : 7 minutes

Dans notre série sur les extraits fermentés, nous ne voulions pas parler de l’ortie et de la consoude tant le sujet a été abordé maintes fois. Or l’association de ces deux plantes est un véritable trésor pour le jardin. Ayant la passion de la connaissance encyclopédique, nous avons découvert des apports inédits de la consoude au potager. Nous nous sommes donc lancés dans la re-découverte de la consoude pour la régénérescence des sols. La consoude se doit d’être dans votre potager en tant que plantes médicinales pour soigner le sol, les plantes et les animaux. Aussi, dans le prochain article, ce sera le tour de l’ortie d’être « scannée » en profondeur.

Description de la consoude

La Grande Consoude qui porte le doux nom latin de Symphytum officinale, est une plante sauvage. Elle est une vivace de la famille des Borraginacées, comme la bourrache, le myosotis ou la vipérine. Elle porte aussi le nom d’herbe des charpentiers, herbe aux coupures, oreille d’âne, herbe aux gerçures, Grasse racine, confée, console, herbe à la Réconsole ou langue de vache. Symphytum provient du grec Symphô, puis Symphyton, « je réunis, je rassemble ». Une autre origine serait Symhyein : « pousser ensemble ». Du latin Consolida, de Consolida même racine, « je consolide, je répare ». A ne pas confondre avec la digitale toxique. Cette dernière ne possède pas de poil.

Haute de 50 à 100 cm, elle est cultivée dans les potagers pour ses vertus médicinales et sa consommation. Cette plante est d’une grande richesse pour qui veut la découvrir pleinement. Elle est attachée à Saturne sous le signe de Capricorne. Elle vit dans une terre froide, est frugale en eau et est indicatrice d’une terre riche.

Pour ce qui est de la couleur des fleurs, nous avons découvert dans un travail universitaire, cette description : « Grande variabilité au niveau de la couleur des fleurs au sein même d’une même espèce. La consoude officinale par exemple peut avoir des fleurs jaunes , rouges ou bleues selon les lieux ou elle croit. La coloration varie de toute façon en fonction du stade de maturité de la plante : de jeunes boutons rouges deviennent bleus à l’éclosion. » (1)

Les variétés

Il existe une trentaine de variétés du « genre » Symphytum dont voici les cinq consoudes que l’on rencontre en Belgique :

Tableau réalisé par Thérèse Crahay.

Il est à noter que la Symphytum x uplandicum : appelée aussi Consoude de Russie est un cultivar hybride issu d’un croisement naturel entre Symphytum officinalis et Symphytum asperum. Il porte un nom très différent qui est le bocking 14. Cet hybride ne produit pas de graines ce qui évite le côté invasif de la plante dans le potager. (2) Le X indique que cette plante est un hybride

Nous avons deux variétés de consoude dans notre potager, la grande Consoude Symphytum officinale ainsi que la consoude à grandes fleurs Symphytum grandiflorum, originaire de Russie et de Géorgie. Il nous manque donc la Symphytum x uplandicum, plus particulièrement la Bocking 14 pour compléter notre gamme. Vous allez découvrir le pourquoi, ci-dessous.

Ses biotopes

Les différentes espèces de consoude sont présentes dans toute l’Europe centrale et l’Asie occidentale, la Sibérie occidentale, la Turquie, le Caucase. Dans la pharmacopée marocaine traditionnelle, la consoude qui porte le nom de « Oudne el hamar » est inexistante. Il s’avèrerait que sa consommation a été la cause de graves maladies hépatiques. De ce fait, elle a été retirée de la liste des plantes intéressantes alors qu’elle existe bien dans les régions Nord du Maroc. Elle n’existe pas au Sénégal.

Pour ce qui est du biotope primaire, la Consoude se développe dans les vallées alluviales des fleuves et des rivières. Dans son biotope secondaire, elle se développe dans les haies, les petits bois dans les environs des villages, des habitations et des fermes, souvent sur des talus de routes, au bord des chemins et des routes.

Le caractère indicateur de la Grande consoude est un engorgement en eau et en matière organique archaïque des sols riches en bases (magnésium, calcium et potassium). (3) Le sol est imperméable à l’eau et à l’air et donc très compacte.

Les principes actifs de la consoude

La composition chimique de la consoude est très intéressante pour le potagiste.

  • Elle est riche en azote (spécialement dans les jeunes feuilles)
  • Bore favorise la floraison des plantes.
  • Calcium (à la base des poils des feuilles et de la tige).
  • Phosphore
  • Potassium. favorise la floraison des plantes.

Ses composants principaux sont l’Allantoïne (4,7 %) les tanins (environ 6 %) qui a des actions anti microbienne,asparagine, mucilage, amidon, inuline, triterpène, phytostérols, pyrrolizidine, gomme, résine, un peu d’essence, 20% d’acide silicique dans les cendres. C’est l’élément Allantoïne qui favorise la floraison, la fructification et le développement des racines en favorisant une multiplication cellulaire. La récolte des fruits et des fleurs est plus abondante et les fruits sont plus gros.

Une B12 unique en son genre

Cependant, on trouve dans la consoude une multitude de vitamines et d’hormones naturelles qui favorisent la vie microbienne du sol. Notons en particulier que la consoude contient de la vitamine B2, B12, C et E (dont du bêta carotène). La consoude est la seule plante à posséder de la vitamine B12 que l’on ne trouve normalement que dans le règne animal !

La quantité d’azote présente dans les jeunes feuilles et dans la tige de consoude explique les effets quand elle est utilisée en paillage et comme activateur du compost. Au moment de retirer les 20% de tiges pour booster la floraison, déposez le surplus sur le compost. La consoude active le compost s’il contient assez de carbone comme la paille, du broyat ou des feuilles mortes, etc.

Utilisation de la consoude dans le potager

Si la Grande consoude est la plus connue, la consoude de Russie (Symphytum x uplandicum) est probablement celle qui est la plus riche en fertilisants. Ses racines profondes (jusqu’à 2 m) puisent dans le sol les précieux éléments nutritifs (surtout potasse) qui sont stockés dans les feuilles. Ces dernières sont utilisées :

  • dans les trous de plantation (pour les arbres fruitiers, les courges, choux, pomme de terre et tomates) Mais attention, nous parlons de feuilles de consoude séchée ! En effet, la consoude qui est une véritable machine de guerre à cellules est capable de se bouturer par ses feuilles fraîches. Elle sera alors capable d’envahir les lieux de nouvelles plantations !
  • comme activateur de compost,
  • sous forme de mulch nourricier
  • amendement au terreau.
  • Elle participe à la cicatrisation des plantes abîmées lors des épisodes venteux, de la grêle, attaque fongique et… des foulures du bétail.
  • dans les extraits fermentés ou engrais liquide (plus riches que ceux à base d’algues marines) utilisables aussi en fertilisation foliaire. L’extrait fermenté dynamise la vie microbienne dans le sol. Elle est idéal pour redonner de la vie dans le sol après la fin de l’utilisation des engrais chimique. Utilisés principalement sur les arbres fruitiers, dans les grandes cultures (blé, orge, pomme de terre, betterave, pois, lin), dans le maraîchage (épinard, pois, tomate, haricot, céleri, poivron…) et même dans la viticulture.
  • A l’instar de la bardane, elle diminue l’évapotranspiration de la plante en cas de sécheresse.

Traitements à des moments précis

La période de traitement conseillé est de mars à mi-juillet en arboriculture. En maraîchage , il est conseillé de pulvériser en foliaire de mai à juillet. En viticulture de février à avril essentiellement durant les périodes de taille. Les grandes cultures sont pulvérisées de février à mai. Pour chaque plantes cultivées, la pulvérisation idéale est de 3 fois par an.

La consoude produite sur un hectare de sol peut donner jusqu’à 500 tonnes de matières végétales sous forme de biomasse. Il est donc possible de l’utiliser pour produire de l’énergie par méthanisation.

Consoude et pollinisateurs

Toutes les consoudes sont très mellifères et font le bonheur des pollinisateurs, entre mai et octobre. Pour nourrir les abeilles durant cette longue période, il est intéressant de couper une partie des plants pour permettre à la plante de produire de nouvelles tiges et donc de nouvelles fleurs. Il faut ainsi couper 20% des tiges, tous les 15 jours environ. Ne consommez pas toutes les fleurs, laissez-en pour les pollinisateurs comme le bourdon et l’abeille qui collaborent remarquablement sur ce coup-là. En effet, la langue de l’abeille, n’est pas assez longue pour y dénicher son excellent nectar. Le bourdon va creuser un trou à la base de la corolle pour s’y nourrir et laissera assez de butin pour que sa cousine, l’abeille, puisse avoir sa portion de nectar.

La consoude dans l’assiette

La feuille est considérée comme le meilleur support pour faire des farcis ou des beignets. Il est possible d’extraire un jus vert composé de vitamine B12. Consommables d’avril à juillet, les jeunes feuilles peuvent être mangées en appoint dans une salade de laitue. La grande Consoude contient un alcaloïde (à hauteur de 1,2 %), la pyrrolizidine qui pourraient avoir des conséquences sur le foie. C’est pour cette raison que l’on conseille de ne pas abuser de cette plante. En 1653, Nicolas Culpeper l’a signalé comme toxique à forte dose. (4) De mai à juillet, la fleur se consomme en bouton ou en fleur, cru dans les salades notamment de concombre ou cuite comme légumes.

Même les jeunes tiges épluchées et débarrassées de leurs fibres sont utilisables en salade ou sautées à la poêle, cuitent au four avec un peu de sel. Et que dire des racines qui rappellent le salsifis. L’idéal est de cueillir la plante en respectant les cycles lunaires en jours « racine » et en lune descendante. Les anciens recommandent la période entre Noël et 1er février.

Cette plante nous donne bien des possibilités de découverte de ses multiples goûts. Depuis des centaines d’années, elle est utilisée massivement dans les plats traditionnels de certains pays d’Europe centrale.

Attention, La consoude ne doit pas être confondue avec la digitale pourpre (Digitalis pupurea) qui est très toxique. Elle pousse dans des sols riches et légèrement acide sur les sentiers forestiers, clairières et coupes rases. La différence fondamentale entre les deux plantes est le phénomène de scratch. La feuille de consoude possède des poils qui lui permet d’adhérer sur vos vêtements alors que la digitale n’en possède pas et donc ne s’accroche à aucun support. La digitale ralenti le rythme cardiaque jusqu’à l’arrête du cœur.

Propriétés médicinales

Non, la consoude ne tue pas ! Et pourtant, dans les années 1970, la revue The Lancet relate les preuves données par des scientifiques australiens à propos de la dangerosité de la consoude pour la santé humaine. L’information parcourt le monde relayé par la presse qui en fait ses choux gras. Or la consoude n’a jamais tué personne malgré la présence d’alacaloïdes en petite quantité. La consoude devient une mal aimée. Il s’est avéré que les scientifiques australiens étaient inféodé à l’industrie chimique. Cette dernière ne peut accepter le fait d’avoir une plante qui soit capable de faire mille fois mieux que leurs produits industriels. Le mal est fait. Il arrive encore que des chercheurs citent encore The Lancet actuellement alors que cette revue a reconnu avoir été trompée par des scientifiques qui avaient des conflits d’intérêts ! (5)

La consoude est une plante médicinale de premier ordre. Employée sous diverses formes, en compresse, pommade, gel ou crème en cas de douleurs articulaires, de tendinite, goutte, contusions, saignements, fractures, phlébites et mammites. Pour avoir déjà expérimenté le « baume de consoude » sous forme de pommade dans des cas de foulure ou de blessure, je dois avouer que cette plante porte bien son nom : con-soude : « souder avec ».

La consoude comme fourrage

Dans les temps anciens, les éleveurs utilisaient la consoude comme un des éléments de fourrage. Et pour cause ! La consoude contient 18 acides aminés sur les 22 nécessaires au développement du bétail. les acides aminés sont la base des protéines. Les deux principaux acides aminés sont l’asparagine (1 à 3 %) et la Choline. La consoude produit plus 12 tonnes de protéines par hectare alors que la luzerne en produit 3 et le colza, nettement moins. La consoude de plus de 3 ans contient en général entre 25% et 30% de protéines.

Il peut être intéressant de créer une consoudraie dans le poulailler. En effet, les poules dédaignent les feuilles de consoude fraîche sur pied. Or, la consoude de Russie (Bocking 14) est particulièrement séduisante pour les gastéropodes et peut les attirer des kilomètres à la ronde. Voilà le plat de choix pour les gallinacées qui se promènent dans leur jardin. De plus, les poules vont se charger des adventices qui pourraient en profiter pour se glisser entre les consoudes. Ces dernières vont alors bénéficier des fientes de poules comme apport azoté. L’éleveur de poule en sera grandement bénéficiaire. La consommation de graines va diminuer drastiquement et il fera des économies.

Plus d’œufs

Il prélèvera les feuilles riche en protéines, nécessaire à la consommation de la volaille. Les poules pondeuses recevant une ration alimentaire de 100 grammes par jour de consoude fraîche suspendue à hauteur de bec en bouquets de feuilles. Pour préparer l’hiver, il faut sécher les feuilles dans un four solaire et les utiliser de la même manière. Dans les deux cas, la production d’œufs augmentera significativement.

Les volailles sont incapables de synthétiser la vitamine B12. Normalement, elles ont assez de B12 en mangeant les vers de terre. Si jamais, vous craigniez qu’il n’y a pas assez de vers de terre dans la parcelle, vous préparez une pâtée avec des feuilles de consoude. La B12 de la consoude sera ainsi ingérée. Il en va de même pour tous les animaux de la basse-cour et des élevages.

Entretien de la consoude

Pour espérer une bonne récolte, il faut tout d’abord que la consoude soit alimentée en azote dont elle est très friande qui peut être . Elle a besoin de beaucoup d’eau. Elle peut être plantée dans des endroits ombragés bien que la conjonction d’eau et de soleil augmente le rendement. L’azote n’aime pas la concurrence. Ainsi dans notre potager, lors de l’invasion des trois moutons de la voisine, le romarin voisin a disparue sous les dents avides des ruminants. Depuis lors, notre consoude a doublé en hauteur et en volume. Notez-bien si la consoude a besoin d’un à deux arrosage par jours, pluie y compris, par volonté d’économiser l’eau nous laissons se débrouiller toutes seules nos deux consoudes qui s’en portent très bien.

Couper les tiges à 10 cm du sol permet de fortifier le pied et permettre un développement croissant de la plante. Récolter les feuilles avant floraison est encore mieux. Ce sont ces feuilles-là qui sont les plus riches pour le potager.

Pour un potager d’environ 1.500 m2, il serait nécessaire de planter 12 pieds de « Bocking 14 » en sachant que l’on peut faire jusqu’à quatre coupes sur l’année (avril, juin, juillet et septembre). Tous les besoins sont comptés dans les 12 pieds : la cuisine, le potager et les poules.

En conclusion…

Comme vous pouvez le voir dans les descriptions ci-dessus, la consoude est une véritable plante miracle en termes d’engrais naturel, comme plante médicinale, comme plante de croissance pour les autres plantes. (6) Il ne vous reste plus qu’à planter des plants de consoude Bocking 14 en fonction de votre surface de potager.. Et bien sûr ne pas négliger l’ortie qui est tout aussi importante dans le potager. La conjonction des deux extraits fermentés fera des miracles dans le potager.

Aller, juste pour le plaisir de vous donner encore un atout de la consoude ! La feuille et la tige de consoude sont tinctoriales. Si le mordant est l’alun, on obtient une couleur jaune. avec de l’étain le jaune devient acidulé.le chrome donne une couleur orangée. Nous avons trouver une adresse en Belgique où il est possible de trouver des rhizomes de Bocking 14 (7).

Géry de Broqueville

  1. Sophie Leleu, La consoude officinale, Réunir, réparer, consolider : Usages populaires, traditionnels et modernes de la Consoude, Université Paris I3, 2013.
  2. Bocking est le nom d’un village anglais dans l’Essex d’où Lawrence D Hills créa en 1954 pas moins de 21 cultivars portant le nom du village. Les Bocking 4 et 14 sont les plus intéressants pour le potager. En cliquant sur le lien ci-contre vous trouverez l’histoire de l’évolution de la consoude à travers les âges. (Bocking 14) Ce type de consoude se reproduit par bouturage. Les Bocking ne sont pas comestibles.
  3. Gérard Ducerf, L’encyclopédie des plantes bio-indicatrices alimentaires et médicinales : Guide de diagnostic des sols.
  4. Nicholas Culpeper, Culpeper’s Complete Herbal, ed. Sterling, New York, 2019, pg 43. En outre pour comprendre l’apport de la consoude en biodynamie, nous invitons le lecteur à lire les trois tomes de Wilhelm Pelikan, L’homme et les plantes médicinales aux éditions Triades. Il faut tout de même avoir de bonnes connaissances en biodynamie pour comprendre son texte.
  5. Pour connaître l’histoire de la découverte des atouts de la consoude, nous vous recommandons le livre de Bernard Bertrand, La consoude, trésor du jardin, ed. Terran, 2007, page 43-48.
  6. Bernard Bertrand donne à foison des exemples d’utilisation même pour les animaux. En milieu tempéré, la consoude durera 20 à 40 ans. En milieu tropical, elle va pousser durant 20 ans.
  7. Dans la pépinière Wallogreen à Fleurus.
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