La Sône ? Un instant j’ai cru me situer à nouveau en Louisiane quand j’ai vu passer entre le feuillage… un bateau à aube. J’ai repensé à ce magnifique voyage chez l’oncle Sam. Pourtant j’étais bien en France, dans un lieu magique, le long du fleuve de l’Isère, Le jardin des fontaines pétrifiantes est un parc privé d’une superficie de 8 000 m² situé sur le territoire de la commune de La Sône, dans le département français de l’Isère en région Auvergne-Rhône-Alpes.
Le nom du village, La Sône, qui provient de la rivière, affluent de l’Isère, Sona, qui a donné son nom à la paroisse et à la commune. Le nom est répandu dans toute la France sous des variantes telles que Saône, Seine, Sonne, etc…
Le jardin des fontaines pétrifiantes est labellisé jardin remarquable de France. Il a été créé en 1994 sur un domaine privé. J’ai découvert un petit paradis aux mille sources pour un vaste tour du monde botanique. Étant de plus en plus assidu de ce type de jardin, je dois reconnaître que celui-ci a une véritable âme. Des endémiques de la région comme les plantes rares sont acclimatées dans un magnifique décor naturel de bassins et de cascades. Il y en a pour tous les goûts à chaque détour de chemins ou d’escaliers de toute nature.
La Sône, repaire des dieux ?
S’il n’y avait pas les jardiniers en train de travailler, j’aurais pu imaginer que j’étais dans le jardin de la déesse Flore s’employant à séduire Zéphyr, dieu du vent de l’ouest… Loin de moi l’idée de dénigrer les jardiniers, leur travail est époustouflant. J’ai discuté avec l’un ou l’autre pour sentir leur magnifique travail accompli. 1
Parce que ce jardin n’est pas fait que de plantes, il est aussi décoré de mille objets détournés pour le plus grand plaisir des yeux ! Par ici le fauteuil rafraichissant, par là le piano dans une pièce d’eau ou encore un vrai transat végétal… Tout est ravissement.
Pétrifié de stupeur
La cascade principale est extraordinaire. Elle pétrifie les mousses qui deviennent au fil du temps, des pierres cris, quand l’eau devient pierre. En traversant l’humus des châtaigneraies du plateau de Chambaran à 20 km de La Sône, l’eau de pluie s’acidifie. Cette acidité permet à l’eau de dissoudre la roche calcaire et de creuser des cavités et galeries tout au long de son parcours souterrain.
Dans le jardin, l’eau des sources dépose le calcaire sur les végétaux. Cependant, Les mousses sont pétrifiées à leur base. Elles continuent de pousser, puis sont de nouveau pétrifiées. Ce phénomène permanent forme, au fil des années, des structures minérales appelées « fontaines pétrifiantes » ou « tuffières ». Ces dernières grossissent et envahissent le jardin au rythme de six à dix centimètres par an. Une roue à eau est aujourd’hui pétrifiée. Elle tournait encore, il y a quelques années.
Un cristallisoir est installé dans une grotte sous la grande cascade. En arrivant à l’air libre, l’eau pétrifiante subit un dégazage : le dioxyde de carbone (CO,) s’échappe. Ce phénomène est accéléré par l’effet de cascade provoqué par les étagères. Le calcaire dissout jusqu’à présent va réapparaître sous sa forme solide (CaCO,) et se déposer sur tous les supports rencontrés. Ca(HCO)2 → CaCO,+CO,+H,0.
En quelques semaines, les objets en terre cuite déposés sur les étagères vont être pétrifiés, recouverts de quelques millimètres de calcaire.
En conclusion, si vous partez vers Grenoble, passez par ce jardin, vous ne serez pas du tout déçu. Pour vous faire rêver un peu plus, je vous place quelques photos dans la galerie ci-dessous.
Géry de Broqueville
- Et puis, j’ai lu quelque part que le travail de création artistique était le fait de l’équipe des jardiniers. Quand je les félicitais, l’un m’a dit que c’était le résultat du travail de la responsable en chef mais que eux, simple jardinier, n’avait pas le droit de donner des idées. Visiblement cette femme était le chef et n’écoutait pas les suggestions de ses employés. Quelle dommage. Moi qui suis un amoureux de la Participation collective, il m’a fallu déchanté. Même si les réalisations sont magiques. ↩︎