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Table des matières

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L’amarante, que pour les yeux ?

Amarante tête d'éléphant
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Temps de lecture : 9 minutes

L’Amarante est une plante étonnante qui possède mille et une vertus. Et s’il fallait n’en retenir qu’une, ce serait celle de la beauté née des formes étonnantes de ses fleurs. Je reste toujours admiratif devant ces plantes. Si à Hoeilaart nous n’en avons pas semés cette année, il n’en est pas de même à Eghezée. Pour une plante qui n’est pas cultivée en Belgique voici une longue description de sa richesse !

Originaire de l’Amérique centrale et du Sud, le genre Amaranthus contient 88 espèces connues, dont 56 en Amérique, 14 en Australie, et 17 en Eurasie et une en Afrique. Il comprend au moins 17 espèces à feuilles comestibles. L’amarante est une pseudo-céréale. Elle n’appartient pas à la famille des Poacées comme l’avoine ou le millet. Elle a un profil nutritionnel similaire en ce qui concerne ses graines.

Culpeper nous donne cette définition : L’amarante est sous la domination de Saturne et constitue un excellent qualificatif des actions et des passions turbulentes de Vénus, bien que Mars doive également se joindre à elle. 1 L’amarante fait partie des plantes magiques. Sa fleur est le symbole de l’immortalité puisqu’elle garde sa couleur même desséchée. Les couronnes faites avec cette fleur donnent à ceux qui les portent la faveur des grands et la gloire. 2 Kokopelli aime à dire que cette plante a un caractère de dissidente tant sa résistance aux herbicides est grande. 3

Les variétés d’amarantes

Cinq amarantes sauvages se trouvent majoritairement en Flandre avec des incursions dans le nord de la Wallonie et à Bruxelles. Il s’agit des Amaranthus albus (Amarante blanche), Amaranthus blitum (A. livide), Amaranthus hybridus (A. verte), Amaranthus retroflexus (A. réfléchie) et Amaranthus deflexus (A. couchée). Elles s’implantent dans des sols sableux des rivières et des fleuves, des vallées alluviales du pourtour méditerranéen. Avec le réchauffement climatique, elle commence à coloniser les terres situées près de la mer. Il est très probable que ces mêmes plantes se soient déjà bien adaptées aux terres de la façade atlantique, en France.

Pour nos amis sénégalais, nous en ajoutons une sixième qui est Amaranthus graecizans (Amarante africaine). On trouve Amaranthus graecizans de façon dispersée dans toute l’Afrique tropicale, où il a été signalé dans de nombreux pays. On utilise les plantes entières d’Amaranthus graecizans en Afrique de l’Est et de l’Ouest pour fabriquer un sel local. A cet effet, les plantes sont séchées puis brûlées pour en faire des cendres, le produit de la filtration est évaporé et le résidu est utilisé comme substitut du sel commun. En Ouganda, les feuilles sont mastiquées et le liquide est avalé pour traiter l’amygdalite. Au Sénégal, les feuilles sont utilisées comme vermifuge.4 Au Sénégal on peut aussi trouvé l’amarante d’origine jamaïcaine, cultivée Amaranthus cruentus ‘Kahulu’.

Les autres amarantes, celles qui sont cultivées, comme Amaranthus caudatus (A. queue de renard), Amaranthus hypochondriacus (A. hypocondriaque), Amaranthus gangeticus (A. Tête d’éléphant), Amaranthus cruentus ‘Golden’ sont adaptées dans tout le pays puisque cultivées dans les jardins et potager.

Description de l’amarante

Amaranthus est une herbacée vivace dicotylédones de la famille des Amaranthaceae, originaire des régions tropicales de l’Amérique du sud. Cultivée par les Incas pour consommer ses graines et ses feuilles. Chez nous, elle se montre frileuse et est cultivée comme plante annuelle.

La première chose que l’on retient de l’amarante, ce sont ses fleurs somptueuses ou qui ont des formes étonnantes. Parfois les feuilles d’amarante sont bigarrées et donnent aussi un bel effet au potager. L’amarante la plus connue porte le nom de Queue de renard (Amaranthus caudatus) avec ses cultivars rouges pourpres ou vert pistache. Les autres variétés ne dénotent pas ! Toutes les amarantes ne donnent pas des fleurs aussi somptueuses. Les fleurs apparaissent entre juillet et octobre.

Lors de sa croissance, l’amarante forme rapidement un buisson plus ou moins ramifié haut de 90 à 200 cm au port érigé ou retombant selon les espèces. Ces touffes vigoureuses sont parfois envahissantes et considérées comme invasives. Les feuilles caduques sont longues de 3 à 20 cm, ovales à lancéolées, ayant parfois une forme de cœur allongé. Bien marquées, les nervures des feuilles sont disposées de façon alterne sur des tiges épaisses, parfois côtelées et rouges pourprées. Les feuilles se renouvellent souvent d’ailleurs Amaranthus signifiant en Grec « qui ne se fane pas ».

Ses fleurs sont minuscules, simples et sans pétales, entourées de bractées colorées et réunies en épis cylindriques à l’aisselle des feuilles ou en partie terminale. L’association de ces milliers de très petites fleurs accrochée à des tiges dressées ou tombantes, donnent un ensemble majestueux avec des couleurs profondes de rouge, jaune ou parfois vert. Après la floraison, la plante fructifie généreusement : chaque pied donne des milliers de graines par an ! Les fruits sont des akènes contenant de très nombreuses graines minuscules. Disséminées par le vent et la pluie, elles sont promptes à se ressemer. Chaque plant produit des fleurs mâles et femelles. Elle est donc auto-faconde.

Détail des fleurs d’Amarante gangeticus ‘Tête d’Elephant’.

Un mode de photosynthèse C4

Les amarantes sont de véritables centrales solaires. Ce mode de photosynthèse est très efficace dans toutes les conditions climatiques en cas de sécheresse, d’extrême chaleur ou d’exposition solaire intense. Les autres plantes utilisent un système C3 en fonction de la quantité d’eau consommée. Dans le mode C4, la plante consomme 40% moins d’eau que du maïs semé dans les mêmes conditions. 5 En même temps, l’amarante peut avoir sa racine pivot qui descend à 3 m de profondeur et faire 200 m de radicelles développées. Tant qu’à faire, restons dans les records, puisqu’un plant peut produire jusqu’à 450.000 graines ! 6

Des feuilles ou des graines ?

Il faut faire la distinction entre les amarantes à feuilles et à graines. Autant connaître les trois qui sont à graines, tout le reste est à feuilles.

Les amarantes à graines

Les semences d’amarante ont une durée de vie d’environ 10 ans. La couleur des semences sont blanche ou jaune. Il arrive parfois de trouver des graines noires. Il est conseillé de les retirer avec une pince à épiler. Ce sont les Amaranthus cruentus, A. hypocondriacus et les A. caudatus. Nous avons justement les deux premières citées, à Éghezée.

Dans les fouilles archéologiques, les scientifiques ont retrouvé des graines vieilles de 5.500 ans. C’est dire l’importance qu’avait l’amarante chez les peuples premiers. La culture d’Amarante a été à son apogée au moment de l’empire Aztèque. Cette plante avait des valeurs nutritionnelles, thérapeutiques et rituelles. Au niveau alimentaire, les graines étaient utilisées directement ou transformées en farine ou en graines soufflées dans des boissons notamment. Les sauces étaient fabriquées à partir des feuilles.

Sur le plan thérapeutique, les graines et les feuilles étaient utilisées pour améliorer la santé. Du point de vue rituel, la plante était sacrée. Des statuettes étaient fabriquée en amarante et offertes aux dieux. La plante était parfois consommée rappelant l’eucharistie catholique. Il est évident que les prêtres chrétiens ont combattu ces hérésies dès les premières invasions européennes. Actuellement, l’amarante a disparu de l’alimentation des peuples sud-américains.

En Asie aussi !

Par contre les Amarantes à grain se retrouvent massivement en Inde, au Bhoutan, dans les plaines de Mongolie, dans l’Himalaya et… en Éthiopie. Les graines sont utilisées contre les maux d’estomac, par exemple. Des recherches plus récentes, en 1975, ont découvert de très fortes concentrations de vitamine E dans les embryons des graines de l’amarante. Cette vitamine se retrouve dans les graines soufflées. Elle renforce le système immunitaire.

Les feuilles des amarantes à grains sont une excellente source de carotène, de fer, de calcium, de protéine, de vitamine C. On peut comparer l’apport des feuilles de l’amarante à grain et de la tomate. Il y a trois fois plus de vitamine C, 10 fois plus de carotène, 15 fois plus de calcium. Il en va de même par rapport aux feuilles d’épinard.

Les amarantes à feuilles

Les Amarantes à feuille ont ces dernières plus développées avec moins de graines. C’est donc la feuille qui intéresse l’agriculteur. Il n’empêche que même si leurs graines sont moins nombreuses, les fleurs restent étonnantes et ont un port magistral. Il suffit de voir deux représentants que nous avons déjà vu : L’amarante Queue de renard Amaranthus caudatus et celle qui porte le doux nom de tête d’éléphant Amaranthus sp. Cette dernière a des graines noires, beaucoup plus petites !

Biotopes et caractères bio-indicateurs

Biotope primaire

Amaranthus albus a comme biotope primaire les vallées alluviales de la région méditerranéenne, vases et sables maritimes et sables continentaux salés. Amarenthus blitum, lA. hybridus et A. retroflexus se reproduisent dans les vallées alluviales, les lisières et clairières forestières. Amarenthus deflexus indique des sols sableux des rivières et des fleuves, des vallées alluviales du pourtour méditerranéen.

Biotope secondaire

Les quatre amarantes décrites ci-dessus se développent sur les bords de chemins et des routes, rues et terrains vagues des villes et des villages. On la retrouve dans les cultures, les vergers et les vignes, chez les maraîchers et dans les potagers familiaux.

Caractères bio-indicateurs

L’amarante donne des caractéristiques concernant le sol de ces régions. Elle se porte bien quand il y a un excès de fumure minérale en particulier de sulfate, de Chlorure et de nitrate de potassium. Elle se développe quand il y a une salinisation des sols par excès d’irrigation en période chaude. Leur arrivée au printemps indique des apports de potasse trop importante. En automne, elles indiquent un manque de potasse et d’azote !

En fait, lorsque l’on enfouit dans le sol de la matière organique d’origine végétale carbonée, au printemps, il y a une énorme masse à digérer par les bactéries. Les bactéries entrent en concurrence avec les plantes pour digérer cette masse de matière organique carbonée. Cela crée une faim d’azote momentanée dans les cultures. Ce phénomène n’est perçu qu’en automne au moment où les bactéries qui ont fonctionné au printemps, rendent l’azote, à la terre. Ainsi les Amarantes tardives lèvent leur dormance, indiquant qu’il y a eu une faim d’azote au printemps. Donc au moment de l’enfouissement des matières carbonées, il est bon d’ajouter de l’azote à hauteur d’une unité/100 m2. 7

Feuille d’Amarante hypocondriaque ‘golden’ à Hoeilaart.

Principes actifs

Riche en nutriments

Elle est naturellement riche en protéines (16-18%) de très bonne qualité 8. Selon les critères de la FAO, la valeur d’une protéine idéale est 100. La valeur de la protéine de l’amarante est entre 75 et 87. Celle du maïs est de 44, du blé, 60, celle du soja 68 et celle du lait de vache est de 72. Elle est riche en vitamines B et E et possèdent des minéraux comme le calcium, le fer, le magnésium, le phosphore et le zinc.

La composition moyenne des feuilles d’amarantes par 100 g de partie comestible est de : eau 84,0 g, énergie 176 kJ (42 kcal), protéines 4,6 g, lipides 0,2 g, glucides 8,3 g, fibres 1,8 g, Ca 410 mg, P 103 mg, Fe 8,9 mg, β-carotène 5716 μg, thiamine 0,05 mg, riboflavine 0,42 mg, niacine 1,2 mg, acide ascorbique 64 mg (Leung, W.-T.W., Busson, F. & Jardin, C., 1968). Par rapport à d’autres légumes-feuilles, la teneur en matière sèche est élevée (9–22%) ainsi que la teneur en micronutriments, en particulier le calcium, le fer, le carotène, le folate et la vitamine C et B. Le calcium est partiellement insoluble et n’est pas assimilé par le système digestif car il est lié à l’oxalate. La biodisponibilité du fer est de 6–12%.

Les feuilles ramollissent après 5–10 minutes de cuisson dans de l’eau légèrement salée. Les taux de nitrate (surtout dans les tiges) et d’oxalate sont élevés, mais la cuisson dans un grand volume d’eau enlève la plupart de ces composés toxiques. La présence d’acide cyanhydrique et d’acide oxalique rend l’amarante moins propre à la consommation humaine à l’état cru ainsi qu’à l’alimentation animale.9

Comment cultiver ?

Cette plante tropicale a besoin de chaleur. Il est possible de la semer dès mars avec un minimum de 20°C mais elle se développe mieux vers la mi-mai début juin, en pleine terre selon les régions. Chez nous, il vaut mieux la semer en plaque de semis, quitte à la repiquer en pot individuel et ensuite en pleine terre quand les printemps sont frileux comme en 2024. Ce sont des plantes frugales en eau. L’espace entre deux plants varie en fonction de l’envie du jardinier d’avoir des plantes qui se développent en largeur ou pas ! Il faut savoir que les sommités fleuries peuvent être alourdies par la quantité de graines. Il peut y avoir, par exemple, 80.000 graines par pied ! Si le poids est trop important, la tige centrale risque de casser au moment de grands vents.

Une autre variété d’Amarante Amaranthus hypochondriacus-purple dans le potager du parc Solvay-Tournay à Bruxelles.

Graines en surface

Il ne faut pas enterrer les graines. elle doivent rester en surface ou avoir un demi-millimètre de terre au-dessus d’elles. Autant dire rien du tout. Les graines sont très petites. Si les amarantes sont semées en pleine terre, il faudra les éclaircir pour leur laisser de la place. C’est pour cette raison qu’il vaut mieux les semer dans des plaques de semis. Attention, il est impératif de les repiquer quand les plants ont environ 12 cm de haut pour que les racines n’aient pas encore eu le temps de tourner en rond. Dans le cas contraire, cela empêchera un développement harmonieux de la plante à l’âge adulte

Il est aussi évident que la plante étant d’origine tropicale, le développement ne sera pas aussi important, en Belgique, que dans un pays comme le Kenya ou la Jamaïque.

L’amarante peut se contenter d’un sol pauvre. Mais plus il est riche en fumure, plus il aura un développement dithyrambique, Attention certaines variétés pourraient tomber sous le poids de leurs fleurs et graines. Certaines variétés résistent mieux au force du vent en possédant des tiges plus grosses et ayant un port plus trapu comme l’Amont 10 ou la Plainsman.11

Il est important d’assurer une rotation pour la culture de l’amarante d’une année à l’autre, pour éviter l’épuisement du sol, surtout quand on voit l’étendue de ses racines.

Utilisations de l’amarante

Au potager

En association, l’amarante 12est intéressante pour trois plantes de nos potagers : la tomate, le haricot et le maïs. Nous allons voir comment.

  • Haricots : Les haricots grimpants peuvent être associés à l’amarante pour une symbiose bénéfique. Les haricots peuvent grimper sur l’amarante, ce qui leur permet de profiter de son support tout en fournissant de l’azote au sol.
  • Maïs : Planter de l’amarante près du maïs peut favoriser une croissance saine. L’amarante agit comme un coupe-vent naturel pour le maïs, tout en aidant à maintenir le sol humide et fertile.
  • Tomates : Les tomates et l’amarante se complètent parfaitement. L’amarante peut agir comme un compagnon bénéfique pour les tomates en attirant les bourdons, en repoussant les nuisibles dont la mouche de la tomate 13 et en fournissant de l’ombre aux racines des tomates. Mettons un bémol à cette association en allant voir le paragraphe consacré aux maladies !

Étant donné que le maïs et le haricot se sentent bien avec l’amarante on serait tenté de les placer dans le trio maïs-haricot-courge, les trois sœurs. Il n’en est rien. L’amarante et la courge ne font pas bon ménage uniquement à cause de la grosseur de la plante qui va étouffer la courge.

Trois autres plantes sont à déconseiller à côté de l’amarante :

  • Betteraves : Elles ont un effet inhibiteur de croissance en limitant l’espace et le développement des racines. Elle est intéressée par les mêmes nutriments que l’amarante.
  • Choux : Les choux et l’amarante sont connus pour être des ennemis. Éloignez ces deux plantes pour éviter les problèmes de croissance et les maladies.
  • Épinards : Ils sont très intéressées par les nutriments de l’amarante..

Maladies et ravageurs

Dans une étude 14 sur les Amarantes, nous avons trouvé cette phrase : La culture des légumes Amaranthacées subit les influences d’un nombre d’aléas qui forment des facteurs limitant la production. La constatation de KNOTT et DEANON (1967) qu’il n’existe pas de problèmes sérieux d’insectes ou de maladies pour l’amarante, est peut être due au manque de données exactes. Cette étude tend à prouver le contraire en ce qui concerne l’Afrique de l’Ouest.

Visiblement cette étude cite l’unique amarante africaine mais sans montrer qu’elle est utilisée au Sud-Dahomey 15. Il s’agit de l’Amaranthus graecizans. Selon la littérature scientifique actuelle, bien qu’il n’y ait pas beaucoup de données sur le sujet, Amaranthus graecizans paraît très robuste et résistant aux ravageurs et aux maladies. C’est une plante hôte pour les champignons Verticillium, qui peuvent causer des dégâts sur la tomate.

En médecine

Selon la classification des tempéraments, cette plante est classée de nature froid et sec. C’est pour cette raison qu’elle corrige les effets décrits ci-dessous, comme la diarrhée. 16

L’un des principaux avantages de l’amarante est son impact positif sur la santé cardiovasculaire. Elle est naturellement riche en acides gras oméga-3, qui sont bénéfiques pour réduire l’inflammation et maintenir un taux de cholestérol sain. Comme on l’a vu ci-dessus, la graine est très riche en vitamine E et est un remède souverain contre les diarrhées, les dysenteries, et les hémorragies internes et externes.

En bouquet

Ce sont également d‘excellentes fleurs pour des bouquets grandioses frais ou séchés. Les fleurs gardent leurs couleurs même en séchant.

L’amarante tinctoriale ?

On extrait des colorants (bétacyanines) alimentaires avec les fleurs des amarantes à feuilles. On récolte les fleurs qui donnent un colorant alimentaire rouge amarante.17 C’est la variété Hopi Red Dye 18 des amarantes à feuilles qui donne le plus beau ton de rouge. Chez les amarantes à grain c’est la variété Amaranthus cruentus ‘Golden giant’ qui donne le meilleur résultat. La couleur s’obtient avec une décoction d’une heure.

En cuisine

Les jeunes feuilles de l’amarante sont consommables jusqu’en juin. Il y a une raison à cela. Si le sol est très riche en azote, l’amarante concentre l’azote, ce qui la rend toxique. C’est pour cette raison qu’il ne faut consommer que les plus jeunes feuilles qui n’ont pas encore eu le temps d’emmagasiner trop d’azote. Il est possible de consommer les jeunes tiges pour la même raison. Il est donc préférable de manger feuilles et tiges après 5 à 10 minutes de cuissons pour éliminer certains principes actifs non assimilables par notre corps (Voir ci-dessus).

Les fleurs sont consommables jusque fin août. Les inflorescences touffues sont ajoutées à des plats de légumes, y compris à l’état de bouton. Les graines sont récoltée en septembre en secouant la plante sur un drap. On les mange crues, grillées. La bouillie de graines séchées et concassées se cuisine à l’eau ou au lait. En hiver, on consomme les graines germées. (…) L’amarante a une saveur très douce, discrète et très peu amère et peut entrer dans la composition de toutes sortes de recettes. 19

L’amarante est un aliment à part entière. Elle contient une gamme impressionnante de vitamines et de minéraux essentiels. Comme d’autres pseudo-céréales comme le quinoa et le sarrasin, elle est source de protéines végétales. Elle est composée de neuf acides aminés essentiels, ce qui en fait une protéine complète.

La variété Amont produit assez de graines pour la panification sans gluten. Et quand on parle de sans gluten, il s’agit d’un taux de 100% sans gluten. Toute les amarantes sont panifiables mais en les associant avec d’autres farines comme le maïs ou le Sarrasin. Seule la variété Amont est panifiable en solo.

En conclusion…

Dernièrement j’ai rencontré un des membres de ma famille, agriculteur dans le Brabant-Wallon. Je lui parlais de l’amarante comme plante à cultiver en Belgique tant elle est riche en débouchés. Il ignorait l’existence de cette plante. Personne ne lui en avait parlé. 20 Et pour cause, elle est économe surtout en eau, résistante contre les maladies, contre les herbicides et en plus, elle est excellente pour la santé humaine.

Vous aurez compris que l’Amarante est une plante magnifique, décorative, nourricière, compagne, médicinale, et bien d’autres choses encore. Si vous êtes tombé amoureux de cette plante, le semencier le plus compétent dans le domaine des Amaranthus reste Kokopelli. Ils ont une très belle collection de semences de ce type. 21 Et puis ce sont des plantes qui ont une grande résistances contre les herbicides chimiques de synthèse 22. Ce n’est vraiment pas pour me déplaire. Il serait intéressant de connaître les gènes développés par cette plante pour résister à ce qui pourrait la détruire.

Géry de Broqueville

  1. Nicholas Culpeper, Culpeper complete Herbal, Sterling, New-York, 2019, p.8. ↩︎
  2. Sédir, Les plantes magiques, ed. Unicursal, 1902, p. 133. ↩︎
  3. Le mot humoristique de Kokopelli : Elle a causé, la coquine, la perte de milliards de dollars à l’agro-industrie US en développant des gènes, sans la moindre gêne, de résistance au glyphosate) ↩︎
  4. Informations trouvées sur le site Internet Prota, consacrée aux plantes africaines. ↩︎
  5. Il y a trois mécanismes connus de fixation du dioxyde de carbone au cours de la photosynthèse : C3, C4 et CAM. Ces trois mécanismes diffèrent par l’efficacité de cette étape. Le type de photosynthèse de la plante est déterminé par le nombre d’atomes de carbone de la molécule organique formée en premier lors de la fixation du CO. Je vous propose ce site Internet pour mieux comprendre les différences entre ces trois mécanismes. ↩︎
  6. Un condensé d’informations de cette page provient du livre remarquable : Dominique Guillet, Semences de Kokopelli, ed. Kokopelli, 2019, p.115-131. ↩︎
  7. Gérard Ducerf, l’Encyclopédie des plantes bio-indicatrices, alimentaires et médicinales, guide des diagnostic des sols, volume 1, Ed. Promonature, 2017, p.84. ↩︎
  8. Il y a donc plus de protéines que dans les céréales de la famille de poacées. L’Amarante est donc un allié pour les pays en développement du Sud alors que les pays riches souffrent d’une alimentation trop protéinée. ↩︎
  9. Ibid. Prota. ↩︎
  10. La variété Amont est une amarante à panicules jaunes ou bronzes est une variétés précoces. Ses graines dorées bonne pour la panification. Elle est une des variétés les plus productives obtenues par l’université du Montana et de la Rodale Research Center. Ses graines ont été sélectionnées à partir de la souche MT 3. Les graines se trouvent chez Kokopelli. ↩︎
  11. La variété Plainsman a une précocité moyenne. Ses épis floraux montent jusqu’à 160 cm. Elle a une précocité moyenne. C’est une variété créée en 1977 par un chercheur du Rodale research Center à partir d’une variété pakistanaise (PI274275) et d’une variété mexicaine cultivée par Don Camillo Jimenez de Tuyehualco (RRC 362). En 1985, elle fut baptisée K343 avant de prendre le nom de Plainsman. Les graines se trouvent chez Kokopelli. ↩︎
  12. L’Amarante est une cousine du Quinoa, Blette, Betterave, Arroche, Épinard, Salicorne. Ces plantes font partie de la Famille des Chénopodiacées (selon la classification classique) ou de la famille des Amarantacées (selon la classification phylogénétique). Cela donne une bonne indication sur le fait de ne pas les placer les uns à côté des autres. ↩︎
  13. Notez bien que le basilic fait la même fonction en ce qui concerne la mouche de la tomate. ↩︎
  14. Grubben, La culture de l’amarante, légume-feuille tropical avec référence au Sud-Dahomey, Université de Wageningen, 1975, p.150. ↩︎
  15. Le Dahomey est devenu la République démocratique du Bénin, le 30 novembre 1975. ↩︎
  16. Yves Vanopdenbosch, Plantes médicinales & tempéraments, aux sources d’une phytothérapie traditionnelle, Ed Amyris, 2018. ↩︎
  17. Transformé depuis longtemps en molécule de synthèse, il porte le symbole de E123. Dès que l’on voit ce symbole, il faut garder la tête froide. Ce colorant chimique est utilisé pour les œufs de poissons et certaines boissons alcoolisées. Il est interdit dans la plupart des pays car très nocif pour la santé ! Voir ce site Internet ↩︎
  18. Cette variété est originaire du peuple Hopi qui font partie du groupe amérindien des Pue. blos d’Amérique du Nord. Ils utilisent les fleurs pour pour confectionner un colorant alimentaire pour leur pain nommé Piki. ↩︎
  19. Collectif, Plantes sauvages comestibles, ed. Ulmer, 2012, p.100. ↩︎
  20. En effet, le portail de l’agriculture, Celagri en Wallonie n’en parle pas. Cette plante n’est visiblement pas intéressante, en Belgique. ↩︎
  21. D’autres semenciers ont des variétés différentes de celles de Kokopelli. ↩︎
  22. Je ne résiste pas, pour clore ce chapitre sur l’Amarante de vous inviter à lire cette page sur l’agriculture conventionnelle de la carotte en Ontario (Canada). Comptez le nombre d’outils, d’heures de travail, de produits chimiques de synthèse qu’il faut pour détruire… une plante comestible ! 😀 ↩︎
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