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Le Romarin

La fleur de Romarin
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Temps de lecture : 5 minutes

Un matin, je me lève et je pense au Romarin. Pourquoi avoir cette pensée au saut du lit, alors que j’aurais pu avoir une pensée pour une personne ? Est-ce parce que je n’arrête pas d’écrire des articles sur les plantes alors que je sors d’un article sur mes ancêtres sur un autre blog ? Le mystère restera entier tant que l’on ne comprend pas comment fonctionne notre cerveau, surtout la nuit. Trêve de philosophie, puisque le destin me pousse à écrire sur le Rosmarinus officinalis 1, c’est que cette plante a quelque chose à m’apprendre.

Historique

Le romarin est utilisé depuis très longtemps. Il porte le nom de « la rosée de la mer » (ros marinus) herbes-aux-couronnes. Il est d’ailleurs lié à ceux qui vivent de la mer et des océans. La biodynamie le considère comme un élément eau. Les anciens égyptiens le tenaient en haute estime puisque dans le culte de la mort ils parfument les tombes avec ses branches. Ce serait eux qui ont été les premiers à l’utiliser comme encens avec des branchettes brûlées. Un de ses noms est Encensier. Ils dégustaient aussi son miel.

Charlemagne aurait obligé ses sujets à en cultiver. Pour les Grecs anciens, il représentait les mariés et l’on traitait les crises de goutte. En Espagne, le Romarin jonchait le sol des églises durant la semaine sainte. Au Moyen-âge, le romarin était une plante magique, un des simples qui permettait de faire fuir le démon et de disperser les humeurs. Paracelse le préconisait pour lutter contre le rhumatisme. Mme de Sévigné vantait les mérites de l’eau de romarin pour lutter contre la tristesse. Jusqu’au début du XXe siècle, le romarin servait à désinfecter les hôpitaux.

Description

Le plus commun de tous les romarins est le Salvia rosmarinus. Cette plante vivace et sauvage a vu sa naissance autour du bassin méditerranée en particulier dans les garrigues arides et rocailleuses, sur terrains calcaires. Le romarin fait partie de la famille des Lamiacées. Le soleil s’en arroge le privilège, et il est sous l’influence de la constellation du bélier, selon Culpeper. 2 Il vit bien à 20°C et est capable de résister à des températures négatives (-20°C). Il est frugal en eau.

Le romarin peut atteindre jusqu’à 1,50 m de hauteur, voire plus en culture. Il est reconnaissable en toute saison à ses feuilles persistantes coriaces, beaucoup plus longues que larges, vert sombre sur le dessus, blanchâtres en dessous. Son odeur est très camphrée. Sa tige est ligneuse.

Une plante hors du commun

La floraison est très précoce, dès février (parfois en automne), ce qui permet d’attirer les pollinisateurs rapidement dans son potager. La couleur des fleurs s’étend du bleu pâle vers le violet. Les fleurs sont attachées en grappe le long de la tige. Sa fleur produit un miel remarquable. Comme pour la plupart des Lamiacées, le fruit est un tétrakène. Ce dernier est de couleur brune. En été, ses fleurs ont disparu pour laisser la place au parfum de ses feuilles. Pelikan le décrit comme igné 3, sévère, fortifiant pour la conscience, réconfortant. Il utilise aussi les termes de parfum brûlant et salin. et en même temps, il y a quelque chose qui rappelle la solennité de l’encens.4

D’ailleurs; la graine du romarin a beaucoup de mal à germer. La seule façon de provoquer sa germination est d’utiliser du feu. En effet la chaleur fissure le tégument. Il n’est pas impossible que ce soit l’effet du gaz issu de la combustion qui provoque l’ouverture du tégument. 5 La biodynamie préconise de récolter les feuilles et les fleurs au petit matin quand elle est encore couverte de rosée.

Les biotopes et caractères indicateurs

Pour ce qui est de son développement à l’état naturel (biotope primaire), nous la retrouvons dans la giarrigue et le maquis du bassin méditerranéen. Pour son biotope secondaire, elle se découvre le long des entiers, des coupes de bois, des friches agricoles, toujours autour de la méditerranée. Étant une plante rustique, elle s’adapte à l’Europe du nord si on la plante. Elle ne s’y trouve donc pas de manière naturelle.

Le romarin indique que le sol est rocheux, qu’il y a une absence de sol, une carence en humus. Les sols sont très riches en bases (calcium, potassium et magnésium). Il indique un microclimat chaud et sec, voire très aride. 6

Les principes actifs

La médecine a retenu les huiles essentielles et les sommités fleuries. L’huile essentielle est présente dans la plante à hauteur d’un peu moins de 2%. Selon l’origine, elle contient, notamment, entre 7 et 85 % de α-pinène (antiseptique), de 1 à 37% de verbénone, 1 à 53% de camphré, 1 à 35% d’eucalyptol, 4 à& 19 % de bornéol, jusqu’à 10% d’acétate de bornyle, du camphène. C’est une HE très riche puisqu’elle contient du D-3-carène, β-pinène, β-terpinéol, linalol, géraniol, etc.

On trouve dans le romarin entre 2 et 4% de dérivés triterpéniques dont l’acide ursolique et autres acides oléanoliques. La science a aussi identifié dans la plante des lactones diterpéniques, des flavonoïdes, des acides-phénols, des acides gras, et bien d’autres composantes. 7 La teneur en huile essentielle est plus élevée quand le plant est en plein soleil que s’il est à l’ombre.

Les principes actifs sont tellement nombreux que nous préférons vous envoyer sur le wikiphyto de cette plante. Vous verrez que les descriptions dépassent largement celles que j’ai écrites ci-dessus.

Utilisation du romarin

Le romarin a beaucoup de vertus tant médicinales que condimentaires ou comme plantes utiles pour les autres plantes. Nous allons voir cela en détail.

Le romarin au potager

Dans notre potager nous avons préféré mettre les massifs de romarin aux extrémités de chaque planche de culture. Avec son odeur puissante et camphrée, elle a un effet répulsif pour certains ravageurs, notamment du chou, de la carotte, la sauge, l’hysope et la fève. Il peut avoir des effets inhibiteurs de croissance sur certaines plantes et plus particulièrement les adventices.

Il a un seul ennemi : le chrysomèle. Ce coléoptère s’attaque particulièrement aux plantes de la famille des lamiacées : lavande, romarin, sauge, thym… dont elle grignote les feuilles et les boutons floraux. Une des manières biologiques d’en venir à bout est d’utiliser le BT (Bacillus thuringiensis). Les prédateurs de ce coléoptère sont les syrphes ceinturés, coccinelles, punaises, larves de chrysopes… Si vos romarins et autres lamiacées sont lourdement attaqués par les coléoptères, faites une infusion de romarin que vous pulvérisez à l’état pur. Les bébêtes s’en iront rapidement ! Le romarin résiste aux maladies.

Il entre dans la pharmacie des poules. Plantez quelques romarins chez elles, elles apprécieront.

Le romarin officinal

Comme nous l’avons vu dans les principes actifs, le romarin est très riche en huiles essentielles. Selon la phytothérapie traditionnelle, le romarin est tonifiant. Il redonne du tonus, de l’énergie à l’organisme en cas de fatigue et de surmenage. Les plantes qui donnent ces caractéristiques sont de nature chaude et sèche. Il en va de même pour la menthe poivrée, le serpolet, le thym ou la cannelle. L’effet donné par ces plantes est bien tonifiant et non pas excitant comme aurait l’effet du café, du maté ou du guarana. 8 Le romarin est un rempart contre les agressions externes et protège l’immunité des personnes.

Le romarin est essentiellement utilisé pour les adultes. Seul le romarin situé au Maroc et en Tunisie est utilisé pour les enfants. La plante produit aussi des polyphénols tels l’acide rosmarinique et des diphénols dont l’industrie utilise les effets antioxydants.

Tonifiant, il est antispasmodique, il permet de lutter contre la migraine, syncope vertige, anémie, faiblesse nerveuse, perte de mémoire, abaisse la glycémie. Il est un bon cicatrisant et antalgique. Cette plante, tant elle a de la vitalité dans toutes ses parties, est probablement une des plus fortes de la pharmacopée traditionnelle et même moderne. Hormis les recommandations pour la femme enceinte et les jeunes enfants, on ne lui connaît aucune toxicité. Cependant, il ne faut utiliser que les jeunes rameaux de l’année.9 Les plus anciens sont hépatotoxiques.10 Comme pour toutes les autres plantes, il faut rester modéré dans sa consommation. Un excès pourrait entraîner des convulsions allant jusqu’au coma et à la mort.

Le romarin condimentaire

La plante s’utilise avec des pommes de terre ou dans les viandes. Il est plus simple de placer des branchettes dans les plats pour ne pas devoir retirer les feuilles une à une dans les assiettes. La feuille est trop puissante dans la bouche aussi et risque de dénaturer le plat. Il agrémente à merveille les boissons bien-être. Dans les sorbets à l’orange, il fait merveille !

Le romarin aphrodisiaque

Le romarin est elixir de jouvence.Isabelle de Hongrie a bu de l’eau de romarin durant une année et a retrouver toute sa jeunesse au point ou un roi a voulu l’épouser tant elle avait retrouver la fraîcheur de ses 20 ans ! Au Moyen-âge, l’or végétal était formé de romarin et d’autres plantes aphrodisiaques. Cet or végétal était capable de guérir toutes les maladies et donnait, dans un certain sens, l’immortalité. A l’heure actuelle tous les bains aphrodisiaques sont produit à base de romarin.11

Autres utilisations

Il entre dans la composition des parfums dont la célèbre eau de Hongrie, les produits de bain (effets relaxants), les sachets parfumés et bien plus encore grâce à ses arômes frais et épicés.12

Il est possible aussi de l’utiliser pour les animaux : l’hydrolat de romarin est parfait en usage vétérinaire. Une vaporisation tonique sur le poil permet de l’embellir et de l’aseptiser… en cas de pelades et suite de cicatrices, il fonctionnera en synergie avec l’hydrolat de thym ou celui de cèdre.

En conclusion…

Nous avons découvert au fil des pages de livres parfois anciens combien cette plante est riche pour venir en aide aux humains, aux animaux ainsi qu’aux plantes. Les quelques romarins que nous avons dans nos potagers enchantent notre vie. C’est avec cette plante que nous arrivons, en hiver, à réaliser la fameuse tisane de Pas à Pas, donnée aux participants de nos formations, alors que la majorité des vivaces attendent dans le sol l’arrivée des beaux jours.

Le symbole poétique du romarin exprime la mémoire. La vitalité de cette plante en a fait le symbole de la fidélité et de la fécondité. Le romarin aide à l’affirmation de soi, à la mise en confiance, Il met toutes les chances de son côté, donc du vôtre : la concentration, la lucidité et un moral de fer. Ce n’est pas un va-t-en-guerre mais c’est un lutteur, ce n’est pas un conquérant, c’est un résistant 13

Tout est presque dit… presque car nous avons probablement beaucoup de choses à apprendre sur les plantes que nous étudions une à une.

Géry de Broqueville

  1. Depuis 2017, le Rosmarinus officinalis a changé de nom vu qu’il a été placé dans la famille des Salvia. Il porte le nom de Salvia rosmarinus. ↩︎
  2. Culpeper Nicholas, Culpeper’s complete herbal, Sterlings, New-York, 2019, p.201. ↩︎
  3. C’est-à-dire qu’il fait partie des bonnes senteurs. Elles sont créditées de puissantes vertus prophylactiques et curatives. Lié à l’igné, à l’imputrescible, le parfum l’est aussi au divin. ↩︎
  4. Pelikan Wilhelm, L’homme et les plantes médicinales, tome 1, Ed. Triades, 2002,p.58. ↩︎
  5. Collectif, Les plantes médicinales en biodynamie, une approche vivante du végétal, MABD, 2020, p.223. ↩︎
  6. Gérard Ducerf, Encyclopédie des plazntes bioindicatrices, volume 2, Ed. Pronatura, p.251 ↩︎
  7. Bellakhdar Jamal, La pharmacopée marocaine traditionnelle, médecine arabe ancienne et savoirs populaires, volume 2, 2020, p.706. ↩︎
  8. Vandenbosch Yves, Plantes médicinales & tempéraments, les sources d’une phytothérapie traditionnelle, Ed. Amyris, 2018, p.110. ↩︎
  9. Ces dernières informations sont tirées du livre de Depoërs P., Ledoux F., Meurin P., De la lumière à la guérison, la phytothérapie entre science et tradition, Ed. Amyris, 2008, p.334. ↩︎
  10. hépatotoxicité : le pouvoir qu’a une substance (comme les médicaments) de provoquer des dommages au foie. La toxicité au foie se manifeste sous forme d’inflammation (on parlera d’hépatite) ou encore de nécrose (mort des cellules du foie), dans les cas plus sévères. ↩︎
  11. Bertrand Bernard, L’herbier érotique, Histoires et légendes des plantes aphrodisiaques, Éd. Plume de carotte, 2005, p.158. ↩︎
  12. Hagenouw Renate, Des herbes pour tous, R&B, 2018, p.89. ↩︎
  13. Fuinel Guy, L’audace et les plantes, Ed. Amyris, 2005, p.65. ↩︎
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