S’il faut réintroduire la coccinelle dans nos potagers, très souvent, l’on nous propose des coccinelles endémiques de Belgique portant le doux nom Adalia bipunctata. Pour finir nous ne savons plus s’il existe d’autres coccinelles endémiques en Belgique, alors que dans ma jeunesse, la 7 points me faisaient rêver. Tout le monde est sûr et certains que ce sont bien des endémiques. A force de répandre cette variété de coccinelles, ne va-t-on pas faire disparaître les autres, si tant est qu’il y en a d’autres.. Nous allons dépatouiller cela en essayant de bien faire la différence entre les européennes et les chinoises. Cette différenciation étant très compliquée, nous parlerons de l’asiatique dans un autre article.
Description de la coccinelle
Les coccinelles sont des insectes et ont six pattes. Elles appartiennent à la famille des Coccinellidae, d’où le mot français Coccinelle. Comme la coccinelle fait partie des coléoptères, ces derniers ont tous les mêmes caractéristiques. Cet insecte possède une paire d’ailes antérieures, dures, appelées élytres, qui couvrent une paire d’ailes postérieures membraneuses. Les élytres n’ont pas de veines visibles : en vol, elles sont maintenues vers le haut tandis que le corps est propulsé par les ailes postérieures (l’inverse en quelque sorte des mouches). Aucun autre groupe d’insectes ne présente une telle disposition d’ailes. 1
Le coléoptère passe par quatre étapes de développement : œuf, larve, nymphe, adulte. Une coccinelle femelle peut pondre 20 à 50 œufs par jour. Les œufs écloront après 4 à 10 jours, en fonction de la température. Certaines espèces de coccinelles font exception à cette règle et ne pondent pas en groupe, mais séparément ou par 2 ou 3 œufs.
Les œufs
Les œufs de coccinelle sont de couleur jaune-orange et mesurent plusieurs millimètres. ils se tiennent debout sur les feuilles et sont déposés en grappe sur la face inférieure des feuilles. Ils ressemblent beaucoup aux œufs du doryphore de la pomme de terre. Les œufs sont d’abord jaunes, puis deviennent orange et ensuite noirs: à ce moment-là, environ trois semaines plus tard, l’œuf est mûr et la larve va éclore lorsque la température oscille entre 20 et 25°C.
Les larves
La larve de la coccinelle a une apparence complètement différente de celle du coléoptère adulte. Quand elle éclot elle ne mesure qu’un millimètre. La larve va passer par quatre stade avant de se transformer en nymphe. Du millimètre, elle deviendra plus grande en mangeant environ 200 à 600 pucerons durant cette période de croissance (20 jours) où elle va ressembler à un micro crocodile allongé noir mais parfois brun ou jaune avec quelques couleurs qui apparaissent sur l’abdomen. 2
La nymphe
Vers le 20e jour, la peau de la larve va se déchirer pour laisser la place à une peu plus douce et humide. Elle devient un chrysalide avant de devenir nymphose. La chrysalide (entre 3 et 4 mm) semble collée à la feuille, elle y reste immobile pendant toute la période de nymphose. Cela prend entre 7 et 10 jours. La couleur des nymphes peut être jaune, orange, gris, brun ou noir avec ou sans taches sur la couleur de fond.
L’adulte
Au moment où la coccinelle adulte émerge en déchirant la peau de la chrysalide, elle a des coussinets jaunes sans motif. Ce n’est qu’après quelques heures que les écailles durcissent et que la couleur jaune cède la place au motif coloré. Cette dernière est due au fait que la coccinelle pompe du sang dans sa protection et ses ailes. Les coccinelles sont actives entre 13 et 35°C et tolèrent une humidité de 30 à 90%. La température optimale se situe entre 24-28°C et une humidité élevée de 80-90%.
Si l’on voit souvent des coccinelles se balader en solitaire, elles se rassemblent parfois dans les maisons pour hiberner. C’est probablement l’unique moment où les coccinelles se retrouvent en colonie. 3 Elles déposent à cet effet un signal chimique odorant (phéromone) qui leur permet de se regrouper sur un même site, lequel est souvent réutilisé d’une année sur l’autre par des coccinelles de générations successives. Il n’est pas rare d’observer des rassemblements de plusieurs espèces différentes.
Les coccinelles possèdent, en général, des couleurs vives (aposématiques) pour prévenir un éventuel prédateur de leur mauvais goût et de leur toxicité. En se rassemblant comme elles le font, elles renforcent ce signal coloré et auraient moins de chance de subir un acte de prédation durant l’hibernation.
Mise en pose durant l’hibernation
A la fin de l’automne les coccinelles mangent tant et plus pour se préparer à l’hibernation Les vieilles coccinelles vont mourir avant l’arrivée du froid puisqu’elle en vivent qu’un an, à cheval sur deux années. Les autres se préparent à hiberner dans beaucoup de types d’endroits autres que les classiques maisons.
La plupart des coccinelles indigènes hibernent à l’extérieur dans la couche de litière, entre les parties mortes des plantes, dans les arbustes à feuilles persistantes, dans les crevasses de l’écorce des arbres ou des conifères, dans le sol, dans le bois mort, dans la mousse ou les touffes d’herbe. Comme vous le voyez, la coccinelle ne manque pas d’abris. Mais attention, en sachant cela, ne travaillez pas votre potager durant la période hivernale, 4 vous risquer de réveiller les petites bêtes. N’oubliez pas que leur concurrentes immédiates, les coccinelles chinoises, se trouvent bien au chaud dans vos fenêtres ou des interstice de vos greniers.
Si vous n’avez pas de massif d’orties et que vous voulez garantir un habitat pour les coccinelles vous pouvez placer un filet, comme ce qui entoure les oranges, en y plaçant 5 à 6 pommes de pin ouvertes et quelques tiges creuses comme les bambous ou les tiges brune des orties mortes en les enfonçant à travers les mailles dans les pommes de pin. fermer le sac en serrant bien. Suspendez le sac dans un endroit sec et abrité sous une grosse branche d’arbre, dans le potager. Les coccinelles vont s’y installer. Normalement, les pucerons devraient diminuer en cours d’année. Vous avez créer un hôtel particulier pour coccinelles. 5
Comment reconnaître les coccinelles ?
En Belgique, nous avons droit à 60 espèces sur les 6000 existantes dans le monde.
Coccinelle à 7 points Coccinella septempunctata
Cette coccinelle possède trois tâches distinctes sur chaque élytre et une septième à cheval sur les deux élytres. Sa tête (pronotum) possède des tâches claires et des antennes de même couleur sur la tête. Depuis le Moyen-âge, elle porte le nom de bête à bon Dieu car elle a la réputation d’apporter le bonheur. Mesurant entre 5 et 8 mm, elle est considérée comme très commune. Visible de février à novembre dans tous les milieux avec une préférence pour la végétation basse, elle mange en priorité les pucerons mais aussi les larves d’autres insectes. Elle pond jusqu’à 400 œufs sur la face interne des feuilles de préférence près des pucerons. Elle peut consommer entre 100 à 2000 pucerons par jour. Pour se défendre, elle relâche une goutte d’hémolymphe qui la rend peu appétissante. Elle n’a pas de plantes préférées, bien que l’ortie l’intéresse car elle y trouve, en partie, son garde-manger.
Coccinelle à deux points Adalia bipunctata
Cette coccinelle est commune en ville ou à la campagne. Sa tête possède un motif en M avec des pattes majoritairement noir. Ses élytres sont rouges (deux points noirs) ou noirs (deux points rouges). Visible de mars à octobre, elle s’installe dans tous les types de milieux. Elle consomme des pucerons, d’autres invertébrés, des moisissures, du pollen, du nectar. Deux à trois pontes par an assurent la reproduction de l’espèce. Son pire prédateur est la coccinelle asiatique qui fait craindre sa disparition totale. Elle n’a pas de plantes préférées. 6
Coccinelle des friches – Hippodamia variegata
Cette espèce est rouge-orange aux tâches noires variables. Sa tête possède un dessin en forme de couronne. Visible de février à novembre dans les prairies, les champs et les jardins de Flandre, elle préfère les milieux secs. Elle mange les pucerons, parfois les cochenilles et mange le pollen, le nectar et le miellat des pucerons. La coccinelle pond souvent sur les orties et les chardons. Elle est originaire d’Europe centrale mais a été introduite chez nous pour lutter contre les pucerons. Elle n’a pas de plantes préférées. (Photo ci-jointe : Salamandre)
Coccinelle à damier – Propylea quatuordecimpunctata
Cette coccinelle jaune est assez répandue en Belgique, notamment dans les Ardennes. Visible entre avril et août, elle vit dans les forêts, les prairies et les jardins. Mesurant entre 3 et 5 mm, elle passe l’hiver dans les litières, parfois dans les greniers. Elle mange des pucerons et larves d’autres coléoptères. Elle pond jusqu’à 400 œufs sur pas mal de plantes différentes. Cette espèce présente plus d’une centaine de dessins différents. Elle est composée d’une protection noire avec des points jaunes et d’une protection jaune avec des points noirs. Certains de ses points sont rectangulaires.
Petite liste de coccinelles que l’on trouvent dans les prairies
- La Coccinelle à onze points (Coccinella undecimpunctata) est commune et aime les plantes herbacées. 7
- Coccinelle à seize points (Tytthaspis sedecimpunctata), répandue dans les prairies.
- Psyllobora vigintiduopunctata (Thea vigintiduopunctata) ou coccinelle à vingt-deux points est jaune avec des taches noires, répandue, dans les prairies et les plantes herbacées comme la berce du Caucase.
- Coccinelle à dix-neuf points (Anisosticta novemdecimpunctata), éparpillée, sur les roseaux et autres plantes aquatiques.
Petite liste de coccinelles des arbres à feuilles
- Coccinelle à dix points (Adalia decempunctata) avec 3 variantes avec protection différentes, commune sur les arbres à feuilles caduques. Elle mesure de 3 à 5 mm. Elle a une tête jaune avec 5 à 7 tâches noires sur la tête. Elle possède entre 0 et 15 points répartis de part et d’autre des élytres. Elle apparaît de mars à septembre. Elle mange des pucerons et hiberne sous les écorces ou la mousse. Elle est relativement peu connue.
- Coccinelle à quatorze points (Calvia quatuordecimguttata), largement répandue sur les arbres à feuilles caduques. Ses couleurs sont brun à rouge pouvant avoir des teintes sombres. Elle est largement représentée en Europe dans les lisières des forêts et dans les prairies adjacentes. Elle se régale avec des pucerons, des acariens et des psylles 8. Elle mesure entre 4 et 6 mm. Elle est très présente sur les arbres à fruits. Elle pond sur les arbres fruitiers comme le prunier, le pommier et le poirier.
- Grande coccinelle orange (Halyzia sedecimguttata), largement répandue, surtout sur les érables et les frênes. Elle mesure entre 5 et 7 mm. Elle est aussi appelée coccinelle orange. Elle est présente toute l’année partout en Belgique et en France. Elle mange les champignons avec parfois des pucerons. Elle mange aussi le mildiou. Elle est donc intéressante en lutte biologique.
Petite liste des coccinelles sur les conifères
- La coccinelle à ocelles (Anatis ocellata) avec 2 variétés, principalement rependue en Belgique et en France, sur le pin sylvestre. C’est la plus grande coccinelle d’Europe avec ses 8 à 10 mm. Hiverne sous les résineux. Elle mange des pucerons, des chenilles ou les larves de guêpes phytophages. Elle détecte l’odeur des pins pour trouver ses proies. Elle possède 20 points noirs entourés d’un halo clair.
- Coccinelle des pins (Harmonia quadripunctata) ou à quatre points. Elle se trouve en Belgique et en France sous la forme de deux variétés, spécialement dans les conifères. Elle se régale uniquement avec les pucerons. Elle ressemble à la coccinelle asiatique. Elle est généralement orange avec deux points de chaque côté inférieur des élytres. Elle passe l’hiver en groupe sous les écorces.
- Coccinelle oblitérée (Apidecta obliterata). Elle apparaît entre février et novembre. Elle apprécie le puceron et la cochenille. Mesurant entre 3 et 5 mm, elle est jaune avec un M sur la tête et parfois des tâches sombre sur les élytres. Elle est répandue en Belgique sur les épicéas et les mélèzes.
- Coccinelle à virgule (Exochomus quadripustulatus), assez commune, sur les conifères, les frênes et les bouleaux. Elle mesure entre 2 et 4 mm. Elle habite dans les terrains sablonneux, les prairies, les dunes, les bords de cours d’eau et les jardins. Elle se nourrit de pucerons, thrips, acariens, pollen, nectar et moisissures. Ses couleurs sont jaunes-claire à beige avec une ligne sombre entre les élytres.
Comme on le voit, il y a bien plus de coccinelles européennes que ce que l’on pense habituellement. Elles ont leurs spécificités et vivent parfois dans des milieux fort différents avec des plantes qui le sont tout autant.
Les plantes hôtes de la coccinelle
La coccinelle est une opportuniste. 9 Elle s’installera là où la nourriture se trouve à profusion. Nous avons vu ci-dessus que la majorité des coccinelles européennes consomme assidûment des pucerons voire d’autres larves. Il est intéressant de repérer les plantes hôtes des coccinelles. Nous avons déjà vu ci-dessus, dans la description des coccinelles, que les arbres sont porteurs des coccinelles.
L’ortie
Il existe une plante, généralement mal aimée des potagistes, qui est très intéressante pour les coccinelles. Il s’agit de l’ortie (Urtica dioica). 10 Certaines larves des coccinelles vont migrer d’abord sur l’avers des feuilles et la tige de l’ortie pour manger les pucerons précoces comme l’Aphis fabae (puceron noir de la fève) ou Myzus persicae (puceron vert du pécher).11 Ces deux pucerons que l’on devraient trouver en grand nombre sur nos plantes comestibles sont moins visibles lorsque nous leur laissons le meilleur abri qui soit, un bon massif d’ortie. Or ces pucerons trouvant pitance sur l’ortie, sont chassées par la coccinelle à 7 points (Coccinella septempunctata), la coccinelle à onze points (Coccinella undecimpunctata), la coccinelle à dix points (Adalia decempunctata), la coccinelle à damier (Propylea quatuordecimpunctata), la coccinelle à deux points (Adalia bipunctata), la coccinelle des friches (Hippodamia variegata) ou encore la coccinelle asiatique (Harmonia axydiris).
Les coccinelles adultes se cachent dans les replis des dernières feuilles supérieures alors que les larves se régalent principalement sur la tige. Quand elles parcourent les feuilles, c’est pour trouver l’endroit idéal pour le passage à la troisième étape : la nymphe.
Les plantes herbacées cultivées
A l’instar des fèves, les féveroles de la même famille des fabacées, accueillent précocement des colonies de pucerons. Ce sont autant de plantes auxiliaires qui vont attirer la coccinelle dans votre potager : l’aneth (Anethum graveolens), le cerfeuil (Anthriscus cerefolium), le sarrasin (Fagopyrum esculentum), le tournesol (Helianthus sp.), la moutarde (Sinapis sp.), le ricin (Ricinus communis).
Les plantes herbacées sauvages
Les fleurs de la famille des Apiacées, des Astéracées, et des Renonculacée attirent les coccinelles pour le pollen. La cirse (Cirsium sp.), la camomille matricaire (Matricaria chamomilla), le pissenlit (Taraxacum officinalis) et une série de graminées (Poacées) comme les Dactyle, Houlque, Raygrass, Fétuque, fléole, Brachiopode.
Les espèces ligneuses pour créer des haies
L’Aulne glutineux (Alnus glutinosa)12, le Charme (Carpinus betulus), le chêne (Quercus sp), Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), Érable champêtre (Acer campestra), Frêne (Fraxinus sp.), Lierre (Hedera helix), Mérisier (Prunus avium), Saule (Salix sp.), Sureau (Sambucus sp.), Tilleul (Tilla sp.). Ils accueillent tous le puceron et… la coccinelle !
La coccinelle est une tueuse
La coccinelle fait partie des insectes tueurs, ou appelé, avec plus de délicatesse, un prédateur. Il doit tuer d’autres insectes pour survivre, comme le syrphe, la libellule, la mante religieuse, la punaise, pour n’en citer que quelques uns. Ses proies sont le puceron et la cochenille. La coccinelle s’attaque aux pucerons tant à l’âge larvaire qu’adulte. Quand les pucerons se font rares, la coccinelle mange aussi le pollen des fleurs et les spores fongiques. Au petit printemps, elle va s’hydrater avec le nectar des premières fleurs, mais ce phénomène est très passager.
Quand on dit que la coccinelle est une tueuse, c’est parce qu’elle tue beaucoup plus de pucerons que ce qu’elle en a besoin pour survivre. La coccinelle n’est pas seule dans ce rôle de tueuse, elle est accompagnée par les larves de chrysope et de syrphe.
L’Adalia bipunctata est la plus vorace des coccinelles européennes. C’est pour cette raison qu’on la retrouve à la vente auprès des particuliers. 13
Quatre coccinelles végétariennes
Il y a aussi des végétariens parmi les coccinelles. La coccinelle à 16 points (Tytthaspis sedecimpunctata), la coccinelle à 22 points (Psyllobora vigintiduopunctata) et la grande coccinelle orange (Halyzia sedecimguttata) se nourrissent avec le champignon de l’oïdium.
Deux espèces de coccinelles, la coccinelle à 24 points (Subcoccinella vigintiquatuorpunctata) et la coccinelle de la bryone (Henosepilachna argus) se nourrissent de plantes comme les feuilles de concombre, le compagnon rouge ou les feuilles de trèfle. Elle ne sont pas trop nombreuses et donc peu dérangeante.
Les coccinelles sont cannibales. Elles se mangent entre elles dans les moments de pénurie alimentaire.
Les prédateurs de la coccinelle
Les guêpes parasitaires (Perilitus coccinellae), de la taille d’un grain de riz, peuvent être gênantes pour la coccinelle adulte et particulièrement pour la 7 points. En effet, c’est le seul insecte à être parasité par cette guêpe en tant qu’adulte. Généralement ces guêpes agissent en tant que parasitoïde sur des insectes immatures comme les œufs, les larves ou les nymphes de tous les prédateurs. Il existe une exception, elle s’attaque aussi aux coccinelles adultes ! La guêpe parasitoïde maintient la population des coccinelles à un niveau relativement bas. Si ces minuscules guêpes n’existaient pas, nous serions envahis par les coccinelles européennes ! Cette guêpe pond ses œufs à l’intérieur des coccinelles. Les larves de la guêpe mangent l’intérieur de la coccinelle par la nouvelle guêpe.
Un autre prédateur est tout simplement sa cousine, la coccinelle chinoise. Cette dernière s’attaque aux coccinelles européennes les considérant comme des concurrentes. Les autres prédateurs sont des petits rongeurs, des oiseaux et les araignées thomises (Misumena vatia). Mais, certains insectes, comme la mante religieuse (Mantis religiosa) ou certaines réduves comme la punaise assassin Rhynocoris iracundus, dévorent les coccinelles à tous les stades de leur vie. Les fourmis sont des ennemis redoutables de la plupart des larves et des coccinelles adultes.
Les fourmis sont friandes de l’excrétion de sucre des pucerons. Les coccinelles dérangent cet ordre établi, elles sont reconnues par les fourmis comme des prédateurs de pucerons. Les larves de coccinelles en particulier peuvent être rapidement dévorées par les fourmis.
Les moyens de défense de la coccinelle
Le premier moyen de défense est la couleur de ses élytres. Dans la nature, le rouge et le jaune signifie Danger et non-comestible ! Les prédateurs sont vite renseignés à propos de la capacité de se défendre de la coccinelle.
Dès qu’elle se sent en danger, elle va secréter un liquide orange nauséabond et très désagréable à avaler. En fait, la coccinelle sécrète un liquide jaune, collant et malodorant, c’est ce qu’on appelle le « saignement réflexe ». La sécrétion ou le liquide sanguin n’est pas du sang, mais un anticorps spécial qui sert uniquement à effrayer les ennemis. Le liquide sanguin est collant et contient une substance alcaloïde qui est toxique pour les animaux, notamment les oiseaux. Le saignement réflexe est donc un mécanisme de défense pour se protéger en cas de danger. Elle n’est pas une sécrétion type excrément.
Les chercheurs ont montré que la 7 points est beaucoup plus toxique que la deux points. Par exemple, la 7 points est capable de tuer une mésange avec son liquide sanguin. Cette différence de toxicité serait du au fait que la 7 points est beaucoup plus exposée au soleil, donc aux prédateurs potentiels, que la deux points qui officie vers le milieu des plantes. Donc, la quantité d’alcaloïdes dans le sang réflexe est déterminée par la taille et le mode de vie de la coccinelle.
Si, elles se sentent attaquées subitement, elles peuvent rétracter leurs antennes et leurs pattes et se laisser tomber comme une boule dans le feuillage vert des plantes, ce qui les rend impossibles à trouver.
Une coccinelle biomimétique
Hitler a voulu donner au peuple allemand la possibilité de se déplacer sur les routes. Il a demandé à Ferdinand Porsche de dessiner ce qui allait devenir la voiture du peuple, la Volkswagen. Cette voiture porte le nom de coccinelle. Celle-ci naît en 1938. D’abord outil de propagande pour le régime nazi, elle devient, après la seconde Guerre mondiale, la voiture dont la production va même dépasser celle de la légendaire Ford T. La Coccinelle sera construite en des quantités exceptionnelles avec une grande longévité. 14 Ferdinand Porsche dessine un coléoptère qui sera traduit selon les langues, scarabée ou coccinelle en France et en Belgique. En Italie elle prend le nom de Maggiolino ce qui veut dire hanneton. En anglais, coléoptère se dit beetle ! 15 On reste donc dans la famille des coléoptères.
Ici, il s’agit de biomimétisme. Ferdinand Porsche a imité le vivant. Hitler voulait que ce soit une voiture accessible au plus grand monde et donc devait coûter au maximum 1000 Mark de l’époque. La forme a permis à Porsche de répondre aux demandes de Hitler notamment en termes de poids, 600 kg maximum et consommatrice de 5 litres pour 100 km et pouvant atteindre au moins 100 km/h. La forme de la coccinelle est ce qui a permis d’atteindre tous les objectifs pour que le peuple puisse aussi avoir accès à la conduite d’une voiture. Plus tard Walt Disney a produit le célèbre film de la Coccinelle portant le n°53 sous le nom de Choupette !
En conclusion…
Même si la bête à bon Dieu est mignonne, elle est tout de même une belle carnassière tueuse indispensable ! Il y a certainement encore plein de choses à dire sur la coccinelle européenne tant elle a marqué l’imaginaire des enfants et des adultes durant des siècles.
L’article suivant concernant la coccinelle asiatique ou chinoise montre à quel point, la lutte entre la chinoise et l’européenne est déséquilibrée. Entre deux voraces, l’européenne est perdante. Donc, faites attention ! Ne tuez pas au hasard les coccinelles qui hibernent dans votre maison en pensant qu’elles sont probablement asiatiques ! De cette façon, vous pouvez également tuer les coccinelles indigènes!
Actuellement, seules les coccinelles indigènes sont vendues pour la lutte biologique, à savoir Adalia bipunctata, qui se présente sous une variante rouge (élytre rouge avec 2 points noirs) et noire (élytre noir avec 2 points rouges) et la coccinelle à 7 points. Les deux espèces sont indigènes, répandues et se nourrissent de pucerons sur tous les types de plantes. En introduisant Adalia bipunctata ou la coccinelle à 7 points, vous aidez la nature à reconstituer cette population. Mais attention, réintroduire ces coccinelles ne se fait pas avec un claquement de doigts. Le plus simple est de suivre les conseils de Adalia dont les coordonnées figure en note 5.
Géry de Broqueville
- Eric Grissel, Les insectes au jardin, en quête d’un jardin écologique, éd. Rouergue, 2009, p. 41. ↩︎
- La forme de crocodile fait peur aux personnes et sont alors tués par ignorance. ↩︎
- A l’exception de l’accouplement nécessaire pour le développement de l’espèce, bien sûr. ↩︎
- Pourquoi le faire alors que justement, il n’y a rien à faire en hiver. Nous laissons les micro-organismes et la pluie décomposer les matières végétales qui enrichissent le sol. ↩︎
- Idée reprise du livre de Simon Akeroyd, 50 manières de cohabiter avec les hérissons et autres visiteurs des jardins, Ed. Rouergue, 2022, p.85. ↩︎
- C’est la bipunctata qui est vendue par l’association adalia.be. ↩︎
- Je renvoie le lecteur sur le site Internet de l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN). (France) pour avoir une description complète des coccinelles ainsi que leur portrait. ↩︎
- Psylle : petits insectes suceurs et sauteurs, qui ressemblent à des mini-cigales, sont proches des pucerons et des cochenilles. ↩︎
- La majorité des informations de ce paragraphe provient de l’excellent livre de Vincent Albouy, Plus de Biodiversité moins de ravageurs, ed. Terre vivante, 2023. ↩︎
- J’ai écris un article sur les orties dans la série des extraits fermentés. ↩︎
- Deux autres pucerons inféodés à l’ortie et qui restent que sur elle portent des noms explicites : le grand puceron de l’ortie (Microlophium carnosum) et le petit puceron de l’ortie (Aphis urticata). ↩︎
- Natura pensait que la coccinelle des Aulne avait disparu de Belgique depuis 2015. En mai 2023, la coccinelle à 20 points (Sospita vigintiguttata) a été repérée non loin d’une Aulnaie des marécages. Cette coccinelle est extrêmement rare. Le tout serait de prouver son retour dans la région de Villers-la-Loue, non loin de Virton. ↩︎
- Ce qu’elles ne mangent pas, ce sont les pucerons des branches. Ce sont des poux qui vivent sur les branches et non sur les feuilles. Ils sont beaucoup plus gros que les pucerons et trop gros pour les petites larves de coccinelles. ↩︎
- Le nombre total de coccinelles produites atteint le chiffre de 21 529 464 dans le monde. ↩︎
- Après l’arrêt la production de la coccinelle dans le monde, une variante a commencé à être produite au Brésil sous le nom de Beetle qui est la modernisation de la coccinelle. ↩︎