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La Rose trémière

rose trémière
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Temps de lecture : 5 minutes

Durant tout mon séjour dans le Jura français, la Rose trémière plante m’a titillé les yeux au point où même, dans berme centrale de l’autoroute A4, j’en voyais tous les kilomètres, à peu près ! Que vient faire cette plante si loin de son biotope naturel ? En tout cas, je me suis dit qu’il était temps de parler de cette magnifique plante.

Le nom scientifique de la Rose trémière est Alcea rosea. Elle avait pour ancien nom Althaea rosea. Elle fait partie de la famille des Malvacées. 1 Le terme de Rose trémière est a priori une déformation d’outremer, désignant ainsi ses origines. Car en effet, même si elle est bien implantée en France, elle a été importée par les croisés, qui l’ont ramenée en Europe depuis l’Asie centrale ou occidentale. 2 Cette plante est vivace ou bisannuelle en fonction de la douceur du climat. Elle est pollinisée notamment par les insectes, surtout les papillons. La dissémination se fait par gravité, les graines tombent au sol.

Les autres noms

Elle porte aussi les noms de Passe rose 3, Primerose, Rose à bâton, Bâton de Jacob, Rose papale. Dans le langage des fleurs, la rose trémière revêt la signification de l’amour simple. Au Maroc, on dit d’elle qu’elle est la rose des courtisanes. Ces dernières l’utilisent pour provoquer l’amitié ou l’inimitié au moyen de sortilèges.

Il existe deux roses trémières cultivées : Alcea ficiflora possède, comme son nom l’indique, des feuilles dont la forme rappelle celles du figuier tandis que l’Alcea rugosa, plus petite que la précédente. Fleurs simples, couleur jaune citron avec des feuilles au lobe peu marqué. Il existe près de 60 espèces de roses trémières.

Outre la guimauve, ses autres plantes cousines sont les mauves, les lavatères, les hibiscus.

Dans notre potager de Hoeilaart, chaque fois que je présente nos deux guimauves officinales (Althaea officinalis), les participants me reprennent en signalant que ce sont des roses trémières et à chaque fois, je leur signale que j’ai bien semé des guimauves officinales qui, elles-aussi, sont de la famille des Malvacées. Alors que la rose trémière est loin de s’éteindre, la guimauve officinale devient assez rare parce qu’elle n’est plus cultivée pour sa racine. C’est avec le mucilage extrait de la racine de guimauve officinale que l’on fabriquait autrefois les bonbons à la guimauve, sous forme de pâte de guimauve. 4

La Guimauve de notre potager de Hoeilaart…

Description de la Rose trémière

Cette plante herbacée possède une longue tige dont la taille peut varié de 1,5 à 2,5 m chez nous mais 4 m en zone tropicale. La majorité du temps elle fera 1,5 à 2 m de haut. Cette tige bien droite est fibreuse et velue. 5 Ses feuilles alternes sont rugueuses d’un vert doux. Elles sont arrondies, en forme de cœur et mesurent entre 10 et 15 cm. Ses fleurs poussent le long de la tige, en épis.

La floraison se déroule de la fin du printemps jusqu’aux premières gelées. La première floraison est spectaculaire. Les suivantes sont moins prolifiques. Les fruits des capsules sont nombreux. Elle se ressème très facilement ce qui fait dire qu’elle est parfois envahissante. Les couleurs des fleurs sont multiples cela va du blanc au noir (Alcea rosea ‘Nigra’) en passant par toutes les nuances de rose et de rouge. La rose trémière est une plante nectarifère. Sa longue floraison en fait une bonne plante mellifère, parce qu’elle fournit une source de nourriture aux abeilles durant l’été, la saison où les floraisons se font rares. Néanmoins, hormis la première année, la floraison n’est pas très conséquente. Un printemps trop pluvieux ou des arrosages trop nombreux et une exposition trop ombragée empêchera la rose trémière de développer ses fleurs.

Une rose trémière à Château-Chalon !

Les roses trémières apprécient un sol riche, meuble et bien drainé car elles supportent mal l’excès d’eau. Elles apprécient le soleil ou mi-ombre. Elle apporte de la verticalité dans le jardin. On ne lui connaît que des plantes amies.

Maladies ou ravageurs

La rouille est une maladie cryptogamique, due au champignon Puccinia recondita. C’est la plus grosse maladie des plantules. Les feuilles ponctuées de pustules ocres finissent par tomber pour ne laisser que les tiges. Éliminez et brûlez les feuilles atteintes pour éviter la propagation de la maladie. Cette maladie a un effet négatif sur le côté esthétique de la plante, mais ne la tuera pas. Elle sortira, tout de même, affaiblie de cette épreuve.

Les champignons causant la rouille se développent mieux lorsque le temps est pluvieux ou dans l’humidité d’une serre. N’arrosez pas le feuillage, cela favorise l’apparition de la maladie. Enfin, une mauvaise circulation de l’air comme dans un lieu confiné ou avec des végétaux trop serrés les uns contre les autres est vecteur de l’arrivée de la rouille.

Pour lutter contre le champignon il faut appliquer un traitement antifongique biologique comme une pulvérisation sur les feuilles d’extrait fermenté d’orties ou de prêle. Il est possible aussi d’utiliser de l’huile essentielle d’orange douce ou de tanaisie. dans une cuillerée de liquide vaisselle bio. Ajoutez-y de l’huile végétale de colza. Mélangez et ajoutez 1 litre d’eau. Parfois, il est recommandé d’utiliser une solution de cuivre mais je rappelle que ce métal ne s’assimile pas dans le sol et détruit les micro-organismes du sol.

Outre les pucerons, la rose trémière peut subir les attaques de l’altise, un petit insecte qui perce les feuilles. L’Altise fuit devant les cendres à placer au pied de la plante.

Des tâches de rouille…

Les biotopes et caractères indicateurs

Le biotope primaire est difficile à décrire car la rose trémière nous est arrivé d’Asie. En Europe, si elle est présente, c’est uniquement parce qu’elle n’est implantée que par l’être humain. Le biotope secondaire montre qu’elle ne se rencontre que dans les jardins, cultivés ou abandonnés, autour des habitations, parfois dans les décharges ou les remblais. 6 C’est bien le cas de la berme centrale de l’autoroute A4 entre l’A26 et l’A34, juste avant Reims. Le centre de l’autoroute est comblé avec de la terre de remblais, ce qui permet donc un développement de la Rose trémière.

Cette plante ne donne pas de caractères indicateurs significatifs en Europe.

Les principes actifs

Les fleurs et les feuilles contiennent une teneur importante en mucilages. Ces mucilages sont composés d’acide glucuronique, l’acide galacturonique, de rhamnose et de galactose. Dans les fleurs, on y trouve des anthocyanes et des flavonols qui fait que la plante à fleurs noires (Alcea rosea ‘Nigra’) est tinctoriale. Voir ci-dessous. On y trouve aussi des substances phytoestrogéniques. 7

Différents acides phénoliques ont été identifiés : acides férulique, vanillique, seringique, p-coumarique, p-hydroxybenzoïque, p-ydroxyphénylacétique et caféique. Les graines contiennent des glucides, des composés phénoliques des flavonoïdes extractibles dans l’eau ; des protéines et acides aminés et des glycosides solubles dans l’alcool. 8

La rose trémière médicinale

Les racines, les feuilles, les fleurs et les graines sont connues, au Maroc, pour ses propriétés émollientes et adoucissantes. Toutes les parties de la plante sont intéressantes en décoction contre les catarrhes des bronches et de la gorge, dans la toux et dans l’enrouement. On donne aux enfants qui font leurs premières dents, la racine à mâcher pour calmer la douleur. La fleur a des propriétés diurétiques.

Plus sa couleur est sombre, plus elle contient de pigments et de tannins et plus elle est intéressante. La tige est riche en amidon et en fibres.

En cuisine

Comestible, les pétales, les boutons floraux et les jeunes feuilles de la Rose trémière se dégustent en salades, en confitures ou s’incorporent dans les tisanes Elle est comestible crue (hachée finement) ou cuite, telle une plante potagère. Les bourgeons et les fleurs sont comestibles.

Avant de pouvoir utiliser et manger les fleurs, il faut d’abord en retirer soigneusement les étamines et toutes les parties vertes. Les fleurs ont une saveur douce et noisette et peuvent être ajoutées aux salades comme garniture. On peut aussi faire du thé avec les fleurs de rose trémière. Les jeunes feuilles peuvent être cuites et consommées comme des épinards.

Les fleurs de rose trémière servent aussi à préparer un sirop qui peut s’utiliser pour aromatiser des desserts.

Rose trémière jaune dans notre potager breton !

Plante tinctoriale

La Rose trémière à fleur noire Alcea rosea ‘Nigra’ est particulièrement tinctoriale. Les fleurs sont récoltées le long de la tige ou quand elles sont tombées sur le sol. Elles sont utilisées fraîches ou sèches. Pour obtenir une couleur allant du vert turquoise au vert sapin, il faut laisser macérer les fleurs durant une nuit puis porter la casserole à ébullition durant deux bonnes heures. En ajoutant de l’alcalin comme des cristaux de soude, on obtient une couleur bien verte. Par contre en descendant le pH avec du vinaigre la couleur se change en violet, mauve ou bleu. Le sulfate de fer va assombrir les couleurs. 9

La rose trémière noire est également utilisée comme colorant alimentaire en cuisine et dans les vins et liqueurs.

En conclusion…

Cette plante, aux multiples usages, se décline toute en douceur. Elle est un peu médicinale, tinctoriale, mellifère et apporte de la tranquillité dans le potager. Au fond, cette plante apporte de la couleur et de la beauté. La beauté est aussi un élément fondamental pour un jardin vivant !

Géry de Broqueville

  1. Cette plante ne fait pas partie de la famille des roses bien connues qui sont des Rosacées. ↩︎
  2. Voir la Bibliothèque Nationale de France – BNF Gallica. ↩︎
  3. C’est de cette rose là dont il s’agit dans le roman de Christine de Pisan au XVe siècle. ↩︎
  4. Cette pâte de guimauve est fabriqué avec du sucre, du blanc d’œufs et de la gélatine. ↩︎
  5. Pour les roses trémières avec une hauteur supérieure à 2 m il vaut mieux tuteurer les tiges pour éviter qu’elles ne cassent en cas de grands vents. ↩︎
  6. Gérard Ducerf, L’encyclopédie des plantes bio-indicatrices alimentaires et médicinales, guide de diagnostic des sol, Ed. Promonature, volume 2, p.69.s ↩︎
  7. Jamal Bellakhdar, La pharmacopée marocaine traditionnelle, Médecine arabe ancienne et savoirs populaires, Ed. Le Fennec, 2020, p.752. ↩︎
  8. Pour découvrir la totalité des principes actifs de cette plante, je vous recommande la lecture du site Internet « La vie rebelle*« . ↩︎
  9. Doriane Chagot Mansuy, Plantes tinctoriales pour teintures naturelles,Ed. Eyrolles, 2023, p.76. ↩︎
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