Après les semis d’automne et d’hiver, le potager s’endort doucement. Il était temps de pailler abondamment là où l’on n’a pas pu mettre des voiles de protection ou créer des tunnels. L’hiver dont on nous prédit qu’il sera rude peut arriver dès le moment où l’on a pris le temps de protéger les plantes gélives.
Bien que la rhubarbe soit capable de passer les périodes de gel, lui donner un petit coup de main n’est pas pour lui déplaire. Les artichauts et les asperges sont bien couverts, il reste encore plus d’un légume qui cherche les moments ensoleillés pour continuer à pousser.
En réalité, le potager, bien qu’il s’adapte au refroidissement du temps, reste en pleine activité. Les micro-organismes, les champignons, les vers de terre, même les limaces, continuent leur travail de décomposition et de nourrissage du sol. Et de manière paradoxale autant lui donner à manger d’où l’utilité du paillage. En même temps, les feuilles des arbres tombent sur le sol (1). Contrairement à ce que l’on pense, il ne faut pas ramasser les feuilles pour les apporter à la déchetterie. C’est un non-sens complet d’autant que certaines communes ont inventé une taxe du style 100 euros par an pour accueillir vos déchets ménagers et les feuilles qu’ils revendront aux jardiniers. Ce sera ceux-là mêmes qui vous factureront à leur tour vos propres feuilles sous forme de compost ou de terreau !
Le potagiste doit bien noter quelles sont les plantes gélives pour les protéger si elles sont vivaces. La verveine citronnée par exemple est une vivace. Elle a même besoin de ses feuilles pour survivre à l’hiver. Il ne faut donc pas trop la dégarnir pour en faire des tisanes. C’est là que les feuilles d’arbres deviennent aussi nécessaires. Il est intéressant de couvrir les plantes vivaces d’une bonne couche de feuilles (au moins 30 cm) pour les aider à survivre aux températures négatives.
Le froid ressenti
Quand on parle de températures négatives, n’oublions pas que les plantes réagissent comme nous. Parfois, elles sont capables de résister à des températures assez basses, mais c’est le vent qui amplifie le phénomène. Le froid ressenti peut être catastrophique pour une plante. C’est pour cette raison qu’il est important de bien la protéger des morsures du vent.
Un potagiste averti en vaut deux ! Sous les tunnels, il est important de vérifier que les plantes en cours de maturation comme la mâche, certaines salades d’hiver, certains légumes racines soient bien protégés, du reste comme le sol. La meilleure couverture du sol sont les plantes mêmes. Dans un tunnel, l’idéal est d’avoir des plantes à foison. Malgré le temps plus maussade en ces périodes automnales voire hivernale, les légumes poussent encore mais de manière ralentie. Les tunnels avec voile de forçage laissent passer la lumière et la pluie. En cas de gros gel, il est parfois utile de créer une double couche de voile de forçage pour mieux protéger les plantes. En cas de très gros gel plus que – 10°C, il est préférable de mettre une chaufferette à l’intérieur du tunnel. Je vous donnerai des indications sur ces chaufferettes dans le prochain article.
Par exemple, dans la butte aux framboisiers que certains connaissent, nous avons semé des engrais verts. Ceux-ci poussent petit à petit. Mais comme on annonce des températures négatives la semaine prochaine, nous allons couvrir le tout d’un manteau de feuilles et ce y compris les fenouils bronze vivaces que nous avons taillés, les mauves et guimauves, la rue, la sarriette, mais en laissant les choux passer leur tête pour que nous récoltions les derniers brocolis d’hiver. Il est important de bien laisser les écriteaux des vivaces, histoire de les retrouver au printemps.
En réalité, un potager endormi n’existe pas puisque la vie microbienne continue dans le sol pour décomposer cette nouvelle matière apportée pour protéger le sol et les plantes de la froidure de l’hiver et apporter au printemps des éléments nutritifs pour la nouvelle saison.
Géry de Broqueville
(1) Il est interdit de chercher des feuilles dans la forêt. Ce serait un comble de recréer une terre humifère dans son potager en appauvrissant les rares endroits où il y a encore assez d’humus.