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Table des matières

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Les animaux bio-indicateurs

Un amour de scarrabées
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Temps de lecture : 5 minutes

Un bio-indicateur est un organisme (bactérie, plante ou animal) qui reflète les conditions de l’environnement dans lequel il vit et donc les changement biotique et abiotique. (1) Dans nos cours et notre livre, nous insistons sur l’importance d’observer la nature avant de lancer son potager. Les plantes sauvages sont bio-indicatrices et peuvent nous donner des indications intéressantes sur la nature de notre sol ou sur son environnement. (2) Il en va de même de certains animaux.

Si les animaux bio-indicateurs sont les plus observés en termes de réchauffement climatique, il en existe qui donnent des indications de pollution comme les grenouilles et les crapauds. La peau de ces amphibiens est perméable et donc très sensible à la pollution due aux pesticides, fongicides et insecticides. Lorsqu’il y a trop de pesticides dans leur environnement, les grenouilles peuvent naître avec des malformations. D’ailleurs, leur nombre sur la planète décroît de 4% par an !

Les insectes bio-indicateurs

Le puceron

Le premier animal bio-indicateur que nous avons découvert dans le potager est le puceron. Nous avons souvent le réflexe d’apprendre mieux l’insecte qui nous importune. Nous nous posons la question de son utilité dans la nature. Il fait partie de la nature, comme nous du reste. Quel est sa place et pourquoi est-il là ? Le puceron est apparu assez fortement il y a trois ans, dans notre potager. Le premier réflexe a été de les éliminer. Et puis nous nous sommes demandés pourquoi, au début de notre potager, nous n’avions pas de pucerons et pourquoi maintenant, fèves, artichaut, salade, ciboulette sont envahies par cet insecte piqueur/suceur ? Nous nous sommes demandés si c’était la fourmi qui les amenait dans notre potager comme certains le prétendent.

Nous devons plaider coupable ! En fait, sans nous en rendre compte, nous avons provoqué sa venue en ajoutant chaque année de la matière organique d’origine animale. En ajoutant du fumier de vache ou de cheval, nous avons fortement augmenté la quantité d’azote dans le sol en pensant que la décomposition des feuilles mortes allait compenser avec un apport de carbone. Il faut clairement du bois comme le broyat ou du miscanthus pour compenser. Équilibrer l’apport d’azote et de carbone est la seule solution pour diminuer la pression des pucerons. Ceux-ci sont donc l’animal bio-indicateur par excellence. Et juste pour vous donner une confirmation de ce trop d’azote, l’arrivée de puceron était concomitante à celle du liseron. Ce dernier est aussi bio-indicateur de trop d’azote !

Puceron de la ciboulette

L’abeille

Cet insecte et le miel qu’il produit est bio-indicateur de la contamination de l’air urbain. Grâce à la structure de ses pattes qui peuvent retenir les particules de l’air urbain, il est possible de connaître l’existence d’agents toxiques comme les pesticides, les métaux lourds et même la présence de radioactivité. Autant le savoir, mais nous ne sommes pas équipés pour tirer des conclusions.

Les acariens

Ils sont des invertébrés très sensibles aux conditions de leur environnement, ils sont donc d’excellents bio-indicateurs de la santé du sol où ils vivent. Si ces animaux sont abondants dans le sol, ils indiquent que votre sol est très riche en matière organique. Ils ont tendance à disparaître quand les terres sont pauvres et polluées. Et dire qu’il y a de nombreux sites Internet qui vante les mérites de tels produits pour éliminer les acariens !

Les collemboles

A l’instar des acariens, ils se trouvent dans tous les sols de la planète et y compris au Sénégal. Ils sont aussi nombreux que les précédents. Ce sont de petits invertébrés habitants des sols qui nous aident à évaluer la qualité des sols en détectant la présence d’hydrocarbures polluants. Leur abondance dans des zones contaminées diminue fortement. La même chose a été observée avec d’autres invertébrés comme les diptères (les mouches), les araignées, les fourmis et d’autres insectes. Comme les acariens, ces insectes participent à la décomposition des matières organiques ou animales dans la sol. Ils sont donc très utiles.

Les scarabées

Les carabes de changement des conditions environnementales, par exemple la fragmentation des forêts. Les coléoptères ont déjà été utilisés dans des analyses d’écologie urbaine et d’en faire une évaluation de la qualité des habitats.

D’autres coléoptères de la famille des ténébrionidés sont des bio-indicateurs d’un sol aride et donnent l’alerte sur la désertification. Ce sont des espèces qui sont adaptées aux environnements arides et dégradés par la déforestation. L’apparition de ces coléoptères est une sérieuse sonnette d’alarme sur la dégradation des sols. Actuellement, il ne vit presque pas dans la nature. (3) Il est plus connu sous le nom de Ténébrion meunier qui vit essentiellement dans les stocks de farine. S’il se trouve dans la nature, il vit principalement dans des lieux humides en présence d’arbres morts et vermoulus. Si nous citons cela, c’est parce que dans bien des lieux en Belgique, des surfaces agricoles arides vont s’accroître avec le réchauffement climatique. Autant garder cette information dans un coin de sa mémoire. Par contre, en Afrique, il est plus largement répandu.

Les gastéropodes bio-indicateurs

La limace versus escargot

Qu’il y ait des limaces dans un potager, cela semble tout à fait normal puisqu’elle aide à rendre le sol vivant. Leur mucus et leurs excréments enrichissent le sol pour notre bonheur. Elle mangent tout ce qui est mort, malade, flétri, stressé voire faible. Certaines d’entre elles sont carnivores et mangent leur congénères. Mais quand il y a une invasion de limaces, elle devient bio-indicatrice de la présence d’un déséquilibre et d’une mauvaise santé de l’écosystème du potager.

La quantité de produits phytosanitaires même naturels avec un potager trop organisé, trop structuré sont des facteurs d’arrivée de la limace. En un mot comme en cent, la biodiversité n’est plus au rendez-vous. La présence en masse de limaces indique un manque de matière organique en décomposition, mais aussi de champignons, de lichens, de mousses. (4) Ce sont des analyses en laboratoire qui peuvent donner des résultats édifiants sur la présence de métaux dans le corps des limaces ou des escargots. (5)

Les mammifères

Le hérisson

Vous allez voir que tout se tient dans cet article. Tout est lié. Le hérisson est bio-indicateur de la biodiversité, justement. S’il reste chez vous c’est qu’il commence à y avoir assez de biodiversité pour se nourrir. Parce que monsieur et sa petite famille ont besoin de beaucoup d’insectes et de limaces pour se nourrir. Quand tous les animaux nécessaires à sa survie sont présents, le hérisson élit domicile chez vous. Bien sûr il faut l’accueillir comme il se doit. (6)

Les micromammifères

Les micromammifères sont un ensemble de petits mammifères morphologiquement proches mais écologiquement différents. Dans la famille des Muridae, on distingue deux sous-familles principales : les Arvicolinae qui regroupent les campagnols, mulots, lemming, rats musqués et les Murinae qui regroupent les rats, les souris pour ne citer que les plus connus. Ils sont bio-indicateurs de l’état du sol et de sa richesse en métaux lourd.

Un Arvicolinae chapardant la nourriture des oiseaux !

Les reptiles

Le Gecko

Nous avons pensé à nos amis sénégalais qui connaissent bien le gecko. Cet animal fait partie de la famille des Diplodactylus. Ils sont sensibles à la pollution de l’air, au dioxyde de soufre et aux autres émissions de gaz des industries. La pollution de l’air affecte l’abondance et la fécondité des espèces.

Et les champignons ?

Ces organismes font naturellement partie des sols, emmagasinent dans leurs tissus des substances radioactives qui affectent leur environnement. Il devient évident que s’il y a suspicion de radioactivité, par exemple sur une friche industrielle dont on ne connaît pas l’origine de l’activité économique, de ne pas cueillir le champignon pour le manger. De nombreuses études se basent sur les champignons pour détecter ce type de pollution.

En conclusion

A l’heure actuelle, les animaux sont utilisés majoritairement comme éléments bio-indicateurs pour l’état de l’air, de l’eau et du sol. Le problème rencontré par les scientifiques est qu’il s’agit de travailler sur des être vivants qu’il faut disséquer. Des progrès ont été fait puisque dans certains laboratoires, ce sont les poils des animaux qui sont utilisés pour mesurer les taux de pollution des sols par exemple. Pour ce qui est des autres animaux, c’est moins facile bien sûr. Quand on lit la fiche d’analyse de l’escargot, on n’hésite pas à endormir ces animaux à -80°C et à les disséquer ensuite. Cela ne pose aucun problème moral d’autant que ce sont de vilains gastéropodes que l’humain rêve d’éradiquer !

Il est intéressant de noter que le puceron est un bon indicateur de mauvais gestes fait par le potagiste dans son espace nourricier. Parce qu’il étend trop de matière organique d’origine animale, il a trop d’azote et pas assez de carbone. Pour ce qui est de connaître la composition de son sol, il reste deux méthodes pour le potagiste : observer et analyser la présence des plantes bio-indicatrices avec la méthode de Gérard Ducerf ou encore l’analyse en laboratoire de la terre. Il faudra être très attentif à la présence des animaux dans le potager pour déceler des problèmes générés par nos pratiques de potagiste.

Géry de Broqueville


  1. Pour bien comprendre les bio-indicateurs, nous vous invitons à lire cet article du National Geographic.
  2. Pour les plantes, rien ne vaut les trois volumes de Gérard Ducerf, L’encyclopédie des plantes bio-indicatrices, alimentaires et médicinales, guide des diagnostic des sols, Ed. Promonature.
  3. L’Institut royal des sciences naturelles en a dénombré une trentaine d’espèces en Belgique dans la première moitié du XXe siècle.
  4. Il existe un lien entre la limace, les mousses et les champignons. Nous en reparlerons dans un prochain article.
  5. Une étude a été réalisée de cette manière sur l’ancien site Industriel Metaleurop qui exploitait une fonderie située sur les communes de Noyelles-Godault et de Courcelles-lès-Lens, dans le Pas-de-Calais. Cette analyse est disponible en cliquant ici.
  6. Nous écrirons donc un article sur le sujet, bientôt.
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