Le climat change aussi au Sénégal. Je cherchais la chaleur et le soleil. j’ai été servi avec des températures d’au moins 4°C supérieur à la moyenne. Il n’y a pas à dire, il faisait trop chaud, pour la saison, dans cette magnifique région du Sine Saloum. La première étape a été de visiter la ferme des quatre chemins du côté de Mbour pour son système d’irrigation.
La ferme des quatre chemins est une émanation de Kaydara. Son animateur est l’ancien bras-droit de Gora Ndiaye, fondateur de la ferme-école située à Fimela. Créée à l’initiative de quelques personnes, la Ferme des 4 Chemins est une ferme-école de 2 hectares. Elle a pour vocation de démontrer la capacité de l’agroécologie à offrir à chaque individu des conditions de vie favorables à son épanouissement et à son bien-être. Ceci est la définition de cette ferme.
Un système d’irrigation autogéré
Notre petite délégation était composée de Judith Mukamana, secrétaire exécutive de AJE et l’équipe actuelle de la ferme pédagogique de Ndoumboudj . Composée actuellement d’Everienne, Moussa, François, cette équipe était accompagnée par le stagiaire Moussa Diallo)
Nous avons vu le château d’eau situé à 8 m de haut plus deux mètres de citerne. Ce château d’eau est suffisant pour injecter l’eau dans les tuyaux qui couvrent les deux hectares de la ferme. Les tuyaux qui partent du château d’eau sont souterrains et débouchent à des endroits bien déterminés de la surface pour irriguer au goutte à goutte les parcelles de cultures. En cas de besoin, les arbres peuvent aussi être arrosés par ce système d’arrosage. Des vannes gèrent les arrivées d’eau aux endroits voulus. Dans certains cas, l’arrosage se fait aussi avec des arrosoirs, ceci en démonstration pour montrer tous les systèmes d’arrosage.
Et puis, la ferme se veut être le plus possible en autogestion. Le système d’arrosage a été monté intégralement par les membres de l’équipe. L’entretien du matériel se fait aussi en interne. Certains systèmes ont été réalisés par des professionnels comme le forage, la construction du château d’eau, le positionnement du flotteur de la citerne, etc.
Des parcelles étagées
Ce système permet d’avoir un rendement en maraîchage toute l’année. Avant la récolte des fruits des semis d’il y a quelques mois, les pépinières et les semis directs sont lancés pour la prochaines récolte. Il en va de même toute l’année. Avec ce système, il est possible d’avoir, au moins, quatre récoltes par an. L’économie de la ferme se trouve renforcée durant cette période avec des prix de vente cinq à six fois supérieurs durant la période de l’hivernage. 1
Cela s’explique par le fait qu’au moment de l’hivernage, les agriculteurs réalisent des grandes cultures composées d’arachide, de niébé, de mil, de sorgho, etc. Ce type de cultures permet de réaliser de substantiels bénéfices, si l’année a été bonne. Pour exemple, la saison 2023 a été excellente en termes de production d’arachide. Mais comme tout le monde produit de l’arachide au même moment, le prix de vente n’est pas très haut.
Peu d’agriculteurs produisent des légumes durant cette période au point où le pays est obligé d’importer ces aliments pour continuer à nourrir les habitants. Quelques producteurs ont choisi de produire du maraîchage toute l’année. Ce mode de culture permet de mieux gagner sa vie.
Des arbres sous irrigation…
La ferme des quatre chemins a planté, majoritairement, des cocotiers dans son périmètre. L’expérience vécue dans la ferme-école de Kaydara a orienté les plantations de manière différente. 2 Les cocotiers ont été planté surtout dans les allées entre les espaces de culture. Ceux-ci reçoivent plus de lumière qu’à Kaydara ce qui leur permet de mieux gérer les cultures.
Les arbres sont parfois intégrés dans un espace de culture. Des arbres rares sont aussi plantés. Qui dit rareté dit source de revenu intéressant. Ainsi perdu au milieu de nulle part, le citronnier caviar permet de produire ce fruit à hauteur d’un minimum de 200 euro le kilo.
La majorité des arbres sont donc des cocotiers associés à une multitude d’arbres et arbustes fruitiers qui poussent lentement dans la forêt jardin. Ces arbres sont, eux-aussi, inclus dans le système d’irrigation.
En conclusion…
Cette visite a été très instructive pour l’équipe de Ndoumboudj. Nous allons voir dans le prochain article comment l’équipe va adapter ces nouvelles connaissances. C’est rassasiée d’informations à propos des systèmes d’irrigation et autres informations que l’équipe est rentrée à Ndoumboudj..
Et ce n’est pas tout. Notre équipe est sortie renforcée par ce partage d’informations. Un court séjour à Saint-Louis leur a apporté une nouvelle dimension dont nous parlerons aussi dans un autre article. Comme quoi, l’équipe se doit de sortir de son environnement pour enrichir ses pratiques. Ne dit-on pas que les voyages forment la jeunesse ?
Géry de Broqueville
- La saison d’hivernage commence en juillet et s’achève fin octobre. Cette période est caractérisée par la présence de pluies parfois intenses qui peuvent provoquer des inondations dans les villes. ↩︎
- En 2016, lors de notre seconde visite à Kaydara, Gora Ndiaye nous avait parlé de planter les cocotiers tous les 11 m et non pas 10 m comme chez lui. Cette différence minime n’est pas suffisante aux yeux des 4 chemins. Leurs systèmes semblent être arrivé à maturité pour donner plus de place au soleil tout en diminuant la température globale du lieu. ↩︎
