La Piéride du chou (Pieris brassicae) est une espèce de lépidoptères (papillons) de la famille des Pieridae. Elle est très répandue en Europe, au Maghreb, en Asie jusqu’au Japon. Nous vous en parlons juste pour vous montrer une vidéo tournée en 2021 dans notre potager. La chenille est détestée par l’agriculteur, le maraîcher et le potagiste.
Le papillon Piéride du chou est diurne et butineur cherchant à peu près toutes les fleurs. Le dessus des ailes a un fond blanc, avec à l’aile antérieure une grande tache noire en forme de faux, qui permet de reconnaître l’espèce. Les tâches sont inexistantes chez les mâles sont dépourvus. Le papillon peut atteindre jusqu’à 6 cm d’envergure. (1)
Sa cousine Pieris rapae qui lui ressemble très fort est la piéride de la rave. Cette dernière est capable de migrer jusqu’à 3000 m d’altitude. Elle s’attaque au chou rave comme son nom l’indique. Elle est plus présente chez les maraîchers que dans les potagers.
Quand nous croyons que les chenilles piérides sont parties se coucher parce que la nuit tombe un autre ravageur fait son apparition : la noctuelle du chou (Mamestra brassicacae). C’est un papillon nocturne de 40 à 45 mm d’envergure avec motif complexe à dominante brune sur les ailes. La chenille glabre porte la couleur vert-brun et atteint la longueur de 45 mm. On la retrouve durant les nuits de juin à septembre. (2)
La reproduction
Après le moment de la fécondation la femelle pond des œufs jaunes en forme de fuseau avec des rainures longitudinales. Contrairement aux autres espèces du genre Pieris, ils sont déposés par groupes généralement sur une feuille de chou.
Au bout de 5 à 10 jours, la chenille sort de l’œuf et prend rapidement une couleur verte. Elle s’attaque au feuillage de la plante. En grossissant, elle acquière une pilosité et sa couleur passe au kaki (plus ou moins jaune) tacheté de noir. A la fin de son développement, elles mesurent 4 cm. Elle quitte la plante nourricière pour se transformer en chrysalide d’où émergera un papillon au bout de 2 semaines environ. Sur une année, trois générations de piérides voient le jour. Elle hiverne à l’état de chrysalide.
Quand les chenilles sont peu nombreuses, elles se contentent de faire quelques trous dans les feuilles. Quand elles pullulent elles vont jusqu’à faire leur excrément entre les feuilles de chou ce qui les rend impropre à la consommation. Si le chou est systématiquement attaqué, la piéride ne laisse que le squelette laissant les tiges et les nervures. La piéride s’attaque aussi aux feuilles de capucine.
A quoi sert la piéride ?
Dans mes cours sur les animaux, je demande aux participants à quoi sert, dans la nature, le piéride du choux ? La réponse immuable. Elle est classée dans les ravageurs et doit être éliminée du potager. J’ai posé cette question à un entomologiste de l’Université de Liège-Faculté agronomique de Gembloux. La réponse est nette comme le couperet de la guillotine : à rien et il faut l’éradiquer. Il s’est empressé de me donner la liste des produits chimiques de synthèse qui permette d’éliminer la bête.
La recherche du nom « piéride du chou » sur Internet, donne ces mêmes mots d’élimination, d’éradication, de mort sont utilisés vis-à-vis de la piéride, même en permaculture. Serait-ce donc un combat à mort auquel nous devons assister impuissants ?
Et puis, la piéride pollinise beaucoup de fleurs…
Elle attire les prédateurs
Et pourtant la piéride qui aime tant les Brassicacea cultivés ou sauvages (moutarde des champs ou la ravenelle) et les Tropaeolaceae (capucines), est utile au potager. Elle attire ses prédateurs que sont les oiseaux insectivores ou les lézards.
Les œufs sont consommés par les syrphes, les chrysopes, les guêpes et les gastéropodes. Pour ces derniers, il s’agit de la limaces et des escargots. Gageons que le regard du lecteur change envers les gastéropodes qui deviennent les amis des éleveurs de brassicacées.
Les chenilles se font dévorer par les syrphes, les chrysopes, les guêpes. Les chenilles sont régulées naturellement par plusieurs parasites qui pondent leurs œufs dans leur corps, causant ainsi la mort de l’insecte parasité. Le plus courant est Apanteles glomeratus, un petit hyménoptère, de la famille des Braconidae, très actif contre la piéride. Il existe d’autres hyménoptères et diptères comme la petite mouche tachinaire (Tachina fera). Les bandes fleuries et la diversité potagère attirent aussi les hyménoptères.
Ce qui attire la piéride
La piéride du chou est attirée par l’odeur du chou. La Palice n’aurait pas mieux dit. En réalité, avant l’arrivée de la chenille, c’est le papillon qui débarque en premier lieu dans le potager. Il est attiré par les odeurs des fleurs dans les jardins et les prairies fleuries depuis le niveau de la mer jusqu’à 2000 m d’altitude. Elle est capable de migrer, de mars à octobre, d’un espace à un autre, sur de longues distances.
Les moyens de lutte biologique
Ce qui la fait reculer
Les odeurs de certaines plantes ont des effets répulsif pour la piéride. Le thym (Thymus sp.), par exemple, planté parmi les choux, limite les attaques de la piéride. Ce n’est pas chose aisée que de planter une vivace parmi les choux bisannuelles. Comme le chou est très gourmand, il faut penser à faire une rotation de temps en temps, histoire de ne pas systématiquement épuisé le même sol. Le thym ne suit pas cette valse.
La sauge officinale (Salvia officinalis) repousse aussi la piéride mais en même temps elle a un effet inhibiteur sur la croissance des choux. En fait, ses racines sécrètent des phénols dans le sol. Donc chou et sauge ne font pas bon ménage. La seule chose que l’on peut faire est de piquer des tiges fraiches dans le sol pour faire fuir la piéride.
La richesse en terpène du romarin (Rosmarinus officinalis) fait fuir la chenille. On peut aussi placer des tiges de romarin parmi les choux. Il a aussi des effets inhibiteurs de croissance pour toutes les plantes annuelles placées non loin de lui. La menthe (Mentha sp.) a le même effet sur la piéride. Comme cette plante est particulièrement invasive, il vaut mieux déposer des pots de menthe parmi les choux.
Par contre, en tant que plante annuelle, le cosmos (Cosmos bipinatus) est intéressant pour diminuer le nombre des piérides. Comme cette plante est plus grande que la majorité des choux, il vaut mieux la disposer autour de l’endroit où les choux poussent. Les feuilles de l’absinthe, du céleri, de la tomates et de la verveine font d’excellents répulsifs. Le genêt (genista sp.) éloigne la noctuelle du chou. La tanaisie (Tanacetum vulgare) plantée non loin des choux est aussi intéressante. Il est possible de faire un extrait fermenté de cette même plante. (3)
Autres trucs et ficelles
Le filet anti-insecte est intéressant pour empêcher la femelle de pondre ses œufs sous les feuilles de chou. En cas de trop forte attaque, il y a possibilité aussi d’utiliser des pulvérisations de piments, de poivres avec des effets répulsifs lorsque l’on dilue assez fort les piments de Cayenne ou des oiseaux. Comme nous sommes opposés à la destruction et l’élimination des ravageurs, nous ne parlons plus d’insecticides.
En conclusion
Comme vous le voyez, nous privilégions les répulsifs en cas d’attaque importante. (4) Mais c’est surtout en préventif qu’il est intéressant de travailler. Comment associer ses plantes pour une bonne gestion de ces charmantes bestioles qui deviennent de jolis papillons virevoltants. Parce que les trois papillons qui font l’objet de cet article, sont en réalité de grands pollinisateurs. au même titre que l’abeille. C’est pour cette raison qu’il ne faut pas les éliminer comme l’enseigne l’agriculture conventionnelle. Leurs fleurs préférées sont celle qui sont vivement colorées sur lesquelles les papillons peuvent se poser. Quand ils boivent le nectar, le pollen collé à leurs corps passe ainsi de fleur en fleur.
Géry de Broqueville
- Pour tout comprendre sur la piéride du chou, cliquez ici.
- Collectif, Les petites bêtes, ed. Salamandre, 2020.
- Collectif, Maladies et ravageurs au potager bio, ed. Terre vivante, 2017.
- Florian t’Serstevens et Géry de Broqueville, Pas à Pas vers une terre vivante, 2020. Dans notre livre, nous avons placé un tableau de 72 plantes qui avaient un effet, d’une manière ou d’une autre, sur les ravageurs.