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La Reine des prés

La reine des prés - Filipendula ulmaria
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Temps de lecture : 4 minutes

Cherchant un minéral sur Internet, je vois que le Mouvement d’agriculture biodynamique est référencé dans ma recherche. Que venait faire la biodynamie avec un minéral. Et je tombe sur la Reine des prés Filipendula ulmaria comme un des éléments intéressant en biodynamie. Tant qu’à faire puisque j’ai déjà beaucoup analyser de plantes, pourquoi pas celle-là.

La description du produit proposé dans la boutique du MABD est un peu faible à mon goût : La reine des prés contient de l’acide salicylique qui stimule les défenses immunitaires des plantes. Elle s’emploie en prévention de maladies cryptogamiques, notamment le mildiou. 1 Nous allons donc garder ces propriétés pour la protection des végétaux.’

Description de la reine des prés

Vous commencez à me connaître je crois, je me plonge dans mes vieux bouquins pour en savoir plus sur la Filipendula ulmaria. C’est une plante herbacée et vivace. Elle est issue de la famille des Rosacées. Elle porte aussi le nom de Ulmaire ou de fausse spirée, barbe de bouc, belle des prés, fleur des abeilles. Elle est originaire de l’Europe et d’Asie et s’est acclimatée en Amérique du Nord. Cette plante est vivace d’une hauteur de 1,5 m. Le rhizome rampe dans le sol imprégné d’eau et croît d’année en année, émettant de nouvelles racines et nœuds desquels vont démarrer d’autres tiges sveltes.

La Filipendula ulmaria produit de nombreuses feuilles, autour d’une tige mince souvent brun-rouge, certaines plus grandes, d’autres plus petites, disposées de chaque côté d’une nervure centrale, et dont les bords sont bosselés plus grandes, d’autres plus petites, disposées de part et d’autre d’une nervure centrale, et toutes bosselées sur les bords ; parmi celles-ci s’élèvent une ou plusieurs tiges de deux ou trois pieds de haut, qui s’étalent au sommet en de nombreuses fleurs blanches jaunâtre, odorantes. Ses feuilles du dessous sont argentées. Elle est sous la domination de Vénus. 2 Les fleurs sortent de juin à août.

Son parfum vanillé agréable et pénétrant (le salicylate de méthyle) la rend mellifère, d’où son nom de fleurs d’abeille. Ses fleurs sont petites blanches-jaunâtre. Les fruits sont de petites boules vertes torsadées sur elles-mêmes, en forme de spirale, ce qui lui expliquent l’origine de son nom ‘spiraea‘. Ils contiennent des graines brunâtres. L’Origine botanique latine de Filipendula provient de ‘suspendu à un fil’ et ulmaria provient de la forme des folioles proche de celle de l’Orme qui est un Ulmus. Les fleurs en dentelle servaient à tresser les couronnes des reines du moment comme une jeune mariée, depuis les temps immémoriaux.

La reine des prés prolifère aisément dans son environnement naturel mais il est également possible de la cultiver soi-même.

Les biotopes et caractères indicateurs

Son biotope primaire sont les prairies humides , les marécages, tourbières, clairière et mégaphorbiaie 3 des forêts humides, bords des lacs et étangs. Mégaphorbiaie riveraine des fleuves et des rivières de plaines et de montagnes.Son biotope secondaire : prairies agricoles humides, prairie paratourbeuse 4, fossés humides, canaux d’irrigation, bords des chemins et des routes, bords des mares et des étangs.

Ses caractères indicateurs sont l’engorgement total du sol en eau et en matière organique végétale provoquant des hydromorphismes 5 avec formation de gley 6 et des anaérobioses 7 totales. Apparition de tourbes.

Note importante

Nous avons repris les biotopes et les caractères indicateurs dans un de nos trois tomes de Gérard Ducerf. 8 Il faut reconnaître que ses explications sont très précises et nous avons appris de nouveaux mots. Il donne une note qu’il est bon de souligner : Les prairies humides paratourbeuse sont particulièrement riches en espèces rares et protégées. Le pâturage les dégrade considérablement tant du point de vue de la quantité de fourrage produit que de la qualité de ce fourrage.

Le surpâturage fait également disparaître, en même temps que les bonnes espèces fourragères, les plantes rares et protégées. Pour améliorer ce type de prairies, en biodiversité, en rendement et en qualité de fourrage, il convient de les faucher, si possible en fauche tardive, c’est-à-dire au moment de la floraison de la fléole. Le pâturage par les animaux est à proscrire des prairies humides. Les prairies naturelles, riches d’un grand nombre d’espèces, sont des réservoirs à semences dans lesquels on pourra puiser pour végétaliser les déserts que l’agriculture actuelle crée. 9

Principes actifs dans la reine des prés

Cette plante a comme nature d’être froid et sec. 10 Il existe une huile essentielle qui est composée à 75% d’aldéhyde salicylique et du salicylate de méthyl, des tanins11 composés de 10 à 20 % d’ellagitarine responsable de astringence de la plante, des esters et des hétérosides de flavonol (1 à 5%) dont la quercétine, qui entraîne une activité diurétique. 12 On y trouve aussi des monoterpènes (linalol et géraniol), des polysaccharides (héparine), des glycosides phénoliques comme la salicine, des acides phénoliques et vitamine C. 13

On y décèle aussi de la gaulthérie. Dans la fleur et les racines se trouvent des huiles essentielles, de l’héliotropine et de la vanilline, ce qui lui permet d’apporter ce goût sucré. 14 Elle possède aussi du sucre, du fer, du calcium et du soufre.

Plante médicinale

Paracelse explique, au Moyen-âge, que la Reine des prés était utilisée dans les douleurs rhumatologiques et les fièvres liées à l’humidité. En 1829, un pharmacien nommé Leroux, isole, à partir d’un extrait d’écorce de saule, un constituant qu’il nomme salicine. A peu près à la même époque, un pharmacien suisse, Pagenstecher, obtient par distillation des fleurs de la reine des prés dénommé à l’époque Spiraea ulmaria, l’aldéhyde salicylique qui sera oxydé plus tard par l’Allemand Löwig, en 1840. Plus tard, les chercheurs ont déterminé que l’aldéhyde salicylique et la salicine avait la même structure chimique. Le mot aspirine qui a été synthétisée par le chimiste Hofmann chez Bayer provient de ‘a’ représente le radical de ‘acétyl’ et ‘spir’ désigne la spirée, à partir de laquelle l’aldéhyde salicylique a été obtenue. 15

Les principes actifs sont tirés des sommités fleuries. Celles-ci sont récoltées avant leur plein épanouissement et rapidement séchées pour ne pas brunir. 16 Son action est sudorifique, fébrifuge, diurétique, dépurative, antihumanisme. C’est une plante primordiale pour la gestion des processus aqueux. A dose élevée, la reine des prés peut provoquer des troubles cardiaques.

Il vaut mieux prendre les plantes fraîchement coupées le matin que sec. Dans ce dernier cas, une partie de ses principes actifs diminue. La chaleur dégrade la plante. C’est pour cette raison que les sommités fleuries sont plus utilisées en teinture mère. 17

En cas de rhume, il est quand même bon de prendre de la reine des prés séchées, composée avec d’autres plantes. Les autorités scientifiques européennes admettent que la reine des prés apporte des effets positifs sur la santé humaine :

  • draine les articulations
  • soutient l’élimination rénale de l’eau
  • a des propriétés réduisant la pression sanguine et le cholestérol
  • apaise le système digestif
  • soutient la santé de la peau et la synthèse des tissus conjonctifs

Et en cuisine ?

La reine des prés fait une petite incursion dans le monde culinaire. Le parfum qui se dégage des feuilles et des fruits de la reine des prés permet de parfumer les boissons, les crèmes, les glaces et les plats sucrés. Bien que certains la recommandent aussi dans les salades et les plats cuisinés. Ce qui veut dire qu’elle peut être présente sur l’ensemble de la table. Les fleurs sont aussi comestibles. 18

La reine des prés au secours des vieux animaux

Sans pour autant les gaver, certains animaux sont intéressés par la reine des prés. Il s’agit des lapins, les cochons d’Inde, les chinchillas, les petits rongeurs, les tortues. Sous forme de médicament, la reine des prés est données aux vieux animaux domestiques comme les chiens, chats, chevaux pour les soulager de leur douleur arthrosique. Elle possède des propriétés stomachiques, urinaires, légèrement antiseptiques, antirhumatismales, astringentes et antiacides pour ces animaux.

Plante tinctoriale

La reine des prés est une plante tinctoriale ancienne qui produit des coloris variés et résistent au temps. On en obtient du jaune, du vert, du gris et du noir anthracite. La racine contient un colorant noir tandis que les extrémités florale permettent d’avoir un colorant jaune. La période de récolte des fleurs durant la période de floraison soit entre août et septembre. Les racines sont prélevéee en automne après une journée de pluie afin que le sol soit meuble. 19

En conclusion…

La Filipendula ulmaria est bien présente alors que l’on ne s’y attendait pas trop. Cette plante fine tout en hauteur peut nous apporter bien des éléments positifs et même de la couleur dans la vie. Au fond, c’est une plante géniale que beaucoup de personnes placent dans les mauvaises herbes. Il est temps de changer ses paradigmes quant à cette détermination de mauvaise herbe. Les plantes sauvages sont toutes bonnes sauf celles qui nous sont toxiques. Faut-il les détruire alors qu’elles sont simplement toxiques pour l’homme ? Voilà un autre sujet qu’il faudrait développer un jour. Les plantes toxiques comme le muguet, l’aconit, la digitale… servent à quoi dans la nature ?

Parce qu’il est intéressant de comprendre les raisons de l’existence des plantes, même toxiques ! Mais fort heureusement pour ce qui est de la la reine des prés, il nous semble qu’elle tire bien son épingle du jeu.

Géry de Broqueville

  1. Mouvement d’Agriculture biodynamique( MABD), la Reine des prés. ↩︎
  2. Nicholas Culpeper, Complete Herbal, Ed. Sterling, New-York, 2019, p.153 ↩︎
  3. Zone tempérée constituée d’une prairie dense de roseaux et de hautes plantes herbacées vivaces (1,5 à 2 mètres de haut voire 3 mètres pour certains roseaux), située en zone alluviale sur sol frais, non acide, plutôt eutrophe et humide (mais moins humide que les bas-marais et tourbières). Voir Actu Environnement. ↩︎
  4. Comportant certaines caractéristiques de la tourbe. ↩︎
  5. Qualité d’un sol montrant des marques physiques de saturation permanente ou non en eau, pouvant être accentué durant l’hiver. ↩︎
  6. En pédologie, un gley est un sol influencé par les eaux souterraines et qui donne son nom à une couche sur le sol. C’est l’horizon de l’accumulation qui se forme dans un sol trempé en permanence par les eaux souterraines et dans lequel la réduction par le fer ferreux est prépondérante par rapport à l’oxydation. Le gley est un sol auquel la présence de fer ferreux confère une couleur gris verdâtre caractéristique. Son horizon est humique (riche en humus), très poreux. Le fer sous forme de sédiments précipite en dessous, dans la couche où fluctue le niveau des eaux souterraines. ↩︎
  7. Ensemble des conditions de vie des organismes vivants dans un milieu sans air ou sans oxygène. ↩︎
  8. Gérard Ducerf, L’encyclopédie des plantes bio-indicatrices, alimentaires et médicinales, Guide de diagnostic des sols, Volume 1, 2017, p. 170. ↩︎
  9. Note prise dans son intégralité sur la page 170 consacrée à la reine des prés. ↩︎
  10. Yves Vanopdenbosh, Plantes médicianles et tempéraments, Ed. Amyris, 2018, p.142. ↩︎
  11. Le tanin, ou tannin, est un polyphénol, une molécule organique répandue dans les fruits, les feuilles et l’écorce des plantes. On en distingue deux types principaux : les tanins condensés et les hydrolysables. Ils confèrent au vin du caractère et parfois même de l’astringence, ce côté « râpeux ». Source. ↩︎
  12. P. Depoers, F. Ledoux, P.Meurin, De la lumière à la guérison, la phytothérapie entre science et tradition, Ed. Mayris, 2008, p.328 ↩︎
  13. S.G. Fleischhauer et A. Sussmuth, Plantes sauvages médicinales, Ed. Ulmer, 2021, p.157. ↩︎
  14. Wilhelm Pelikan, L’homme et les plantes médicinales, tome 1, Ed. Triades, 2002, p.259. ↩︎
  15. Jean-Marie Pelt, Les vertus des plantes, ed. E/P/A, 2020, p.32. ↩︎
  16. Si les fleurs brunissent, c’est qu’il y a transformation des principes actifs recherchés. ↩︎
  17. Une teinture mère est une solution hydroalcoolique qui est obtenue par la macération de plantes fraîches dans de l’alcool pur, le tout sur une durée de 3 semaines. Celui-ci est ensuite filtré pour récupérer la teinture en éliminant les débris de plantes. Définition obtenue ici. ↩︎
  18. Renate Hangenouw, Des herbes pour tous, Ed. R&N, 2018, p.64. ↩︎
  19. Doriane Chagot Mansuy, Plantes tinctoriales pour teintures naturelles, Ed. Eyrolles, 2023, p.78. ↩︎
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