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Le lierre terrestre

Le lierre terrestre
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Temps de lecture : 4 minutes

Chez Pas à Pas, nous sommes tombés amoureux du lierre terrestre. Cette plante sauvage est nourricière aussi. Elle a des apports nutritifs qui sont loin d’être négligeables. Nous allons découvrir cette petite plante que d’aucun considère comme une mauvaise herbe. Nous allons donc la découvrir dans cet article.

Comme nous avons lancé une nouvelle formation à propos des plantes sauvages comestibles, 1 Nous nous sommes dit qu’il était temps de leur faire une belle place dans ce blog à visée encyclopédique. Le lierre terrestre n’est pas la première plante sauvage que nous abordons mais celle-ci est peu connue, probablement parce qu’elle rampe au sol et qu’on a la fâcheuse tendance à la considérer comme une mauvaise herbe.

Culpeper nous indique que le lierre (Ground ivy) est une herbe de Vénus qui guérit donc les maladies qu’elle provoque par sympathie, et celles de Mars par antipathie. On le trouve généralement toute l’année, sauf en cas de fortes gelées. Il a un goût vif, piquant et amer. 2

Le lierre n’a pas de vrai nom !

Son nom latin est Glechoma hederacea. Elle est une espèce de plantes herbacées avec une de 20 à 30 cm tout en étant couchée contre le sol. Ses fleurs sont bleues tachetées de pourpre 3. Le lierre terrestre est de la famille des Lamiacées 4 comme les menthes. Cette plante pourrait être utilisée comme couvre-sol. Elle crée des stolons qui lui permettent de coloniser ses endroits de prédilection.

Mais comment se fait-il que cette plante est singulière et qu’on lui a donné un nom qui ne correspond pas à ce qu’elle est. Le lierre terrestre n’est pas un lierre. Elle porte un nom de plantes qui ne lui ressemblent pas. Personne ne sait pourquoi on lui a donné ce nom. Le fait de dire que cette plante porte le nom de lierre fait que l’on s’éloigne d’elle pensant qu’elle est toxique comme ses consœurs.

Les anciens lui ont donc donné le nom de Glechoma ce qui veut dire maître à tout, c’est-à-dire qu’elle est bonne pour tout. Elle a des noms populaires comme Lierre rampant, Herbe traînante, Trainasse, Lierre de terre, Lirette, Couronne de terre, Herbe de Saint-Jean5, Courroie, Courrée, Petite Saint-Jean, Rondelle ou Rondelotte en raison de la forme de ses feuilles. 6

Cette plante a aussi une autre particularité. Son fruit apparaît d’abord sous forme de baies noires en ombelle qui ne sortent qu’en avril. Son odeur est proche de la menthe citronnée. Ses fruits sont des tétrakènes. Cette plante est répendue en Europe, en Asie tempérée et en Amérique du Nord.

A ne pas confondre avec la Buggle rampante (Ajuga reptans) : les feuilles sont assez semblables, mais possèdent des fleurs bleues en épi terminal. La bugle rampante est également comestible, mais amère. Le lierre rampant ressemble aussi à l’ Alliaire officinale (Alliaria petiolata) qui est aussi comestible.

Les biotopes et ses caractères bio-indicateurs

Pour ce qui est de son biotope primaire, le lierre terrestre pousse en lisières et clairières forestières, des forêts alluviales, en plaine ou en montagne. Pour ce qui est de son biotopes secondaire, on le rencontre sur le bord des chemins; des routes, des terrains vagues, des friches agricoles, des haies, des bocages, le long des cultures, des vignobles, des vergers, des espaces maraîchers, des jardins familiaux.

A l’instar de la ronce, il annonce une évolution vers la forêt. Elle indique aussi la présence de matière organique végétale et archaïque non décomposée. Elle est aussi bio-indicatrice d’une carence en matière organique d’origine animale ou en azote. 7 La présence de lierre terrestre annonce aussi une carence en bore dans le lieu.

Elle vit bien dans les sol neutre à riche jusqu’à 1600 m d’altitude.

Cueillette

Dès le mois d’avril jusque fin mai, on la rencontre dans les bois et les buissons. On le trouve dans les sous-bois humides, les haies, les endroits cultivés, et même dans les jardins. Il se récolte de mars-avril pour les jeunes feuilles et jusqu’en novembre. Le moment optimal est au printemps (juin), lorsque ses feuilles dégagent leur plus bel arôme. Faire sécher dans une pièce sombre et aérée. Ce sont les bons moments pour la cueillir tout en la laissant s’étendre quelque peu pour en avoir chaque année.

Si vous arrachez par mégarde les racines, il est possible de le semer ou repiquer au printemps. La multiplication du lierre terrestre ne pose généralement pas de problème : elle se fait soit par division de touffe en avril ou octobre, soit par bouturage de tiges à l’étouffée ou dans l’eau vers mai-juin.

Les principes actifs du lierre terrestre

Le lierre terrestre contient du tanin, une huile essentielle, et un taux élevé de vitamine C. Il comporte des flavonoïde et 0,03 à 0,06. % d’huile essentielle contenant notamment des monoterpènes et monoterpènes mais en majorité des cétones de type menthone et pulégone. Des principes amers comme le gléchome (d’où son nom) et marrubiine. On trouve aussi 7 % de tanins, des saponines 8, des acides aminés, du potassium et de la choline. Ses composés apportent des effets essentiellement orientés vers le système respiratoire. Il a à peu près les mêmes effets que l’hysope. 9

Utilisation de la plante

Il y a tellement d’utilisations potentielles de cette plante qu’on devrait la retirer définitivement de la liste des mauvaises herbes !

En médecine

La nature du lierre terrestre est d’être chaud et sec. C’est pour cela qu’elle est utilisée pour soigner la sphère respiratoire.10

La plante entière fleurie est antibiotique, antiscorbutique (riche en vitamine C), antispasmodique, béchique, diurétique, tonique, vulnéraire (maladie de la peau, blessure…). Elle est utilisée pour résoudre les infections annuelles : angines, cystites, rhumes… Affections du nez, de la gorge, de la sphère oto-rhino, bronchites chroniques, asthme, affection urinaires, lithiases, hématurie, Leucorrhée. Elle agit sur l’inappétence, la digestion, les fièvres intermittentes. Elle est fortifiante, tonifiante, excitante. Elle est aussi utile en cas d’intoxications aux métaux comme l’aluminium, le zinc, le cuivre, le plomb.

Cette plante est utilisable sous forme d’infusion, de décoction, de macération, en extrayant le suc frais, en réalisant une teinture mère.

Médecines parallèles

Cette plante soigne, en élixir floral, les personnes trop terre à terre, assujetties au matérialisme, aux angoisses dues aux soucis d’argent ou aux perspectives de chômage. Les anthroposophes pensent que comme la plante est très précoce, elle permet à l’être humain de se réorganiser le moi engourdi par l’hiver. Guy Fuinel signale que le lierre terrestre tempère les émotions et permet d’assumer les événements difficiles de la vie. Il apaise les tics nerveux, l’impatience et les mouvements involontaires. 11

En cuisine

Toutes les parties tendres y compris les fleurs sont des aromates à mettre dans des plats cuits ou crus, salés ou sucrés. les desserts avec des crèmes aromatisées vanille/lierre sont très bons. Nous l’avons aussi utilisées en apéritif.

Les feuilles sont un très bon condiment pour les salades, les soupes, les céréales, les boissons et les desserts. On en fait également des sauces et des flans. Les fleurs sont aussi utilisées pour aromatiser des boissons. Ne pas macérer trop longtemps à cause des tanins. Elles peuvent aussi servir de décoration sur les assiettes.

Jusqu’au XVIIe siècle, le lierre terrestre était utilisé pour donner de l’amertume aux bières.

En maraîchage

On connaît peu de choses à propos des apports du lierre terrestre dans les espaces cultivés. On sait tout de même que le lierre terrestre en bordure d’un champ d’avoine a un effet bénéfique pour la céréales. 12

De par sa proximité, nos ancêtres le considéraient comme gardien des maisons, bon esprit de la ferme et lutin protecteur qui venait en aide en cas de besoin. Il était utilisé pour conjurer des mauvais sorts à l’aide d’incantations lors desquelles on le manipulait. Avec un bouquet de lierre terrestre on bénissait des personnes,  des lieux et on éloignait les maladies. Par exemple, pour protéger les vaches et s’assurer une lactation abondante, on versait le lait à travers une couronne de lierre terrestre. 13

En conclusion…

Vous l’avez deviné, le lierre terrestre a tout pour plaire puisque même en froissant les feuilles, l’on est enivré par des arômes mentholés voire citronnés. Les fleurs ont un léger goût sucré. Cette plante sauvage s’est révélée en cette journée de formation. Elle est décrite dans de nombreux livres que je vous ai partagé dans la bibliographie.

Elle me plait d’autant que je l’ai encore plus découverte dans la première formation réalisée à Eghezée par Nancy et Florian. C’était d’ailleurs un moment formidable de partage entre les connaissances de chacun, puisqu’il fallait aussi associer les plantes entre-elles. Nous avions la cardamine des prés, l’ail des ours, le lierre terrestre et la berce commune avec lesquels nous avons travaillé… Que du bonheur !

Géry de Broqueville

  1. Cette formation se déroule dans le cadre d’une nouvelle activité « Atelier Vie et Low-tech » que nous développons dans notre potager à Eghezée. ↩︎
  2. Culpeper Nicholas, Culpeper’s complete herbal, Ed. Sterling, New-York 2019, p.107 ↩︎
  3. Guy Fuinel nous explique que les fleurs des plantes précoces de l’ombre sont toujours bleues alors que les fleurs précoces vivant au soleil sont toujours jaunes. ↩︎
  4. Bien que portant le nom de lierre, il n’a rien avoir avec le lierre grimpant ou rampent Hedera helix qui font parties de la famille des Araliacées. Ces derniers sont toxiques. ↩︎
  5. Une tradition était qu’à la Saint-Jean, les personnes se paraient la tête de couronne de lierre terrestre. L’on donne aussi cette appellation d’herbe de Saint-Jean au millepertuis. ↩︎
  6. Bertrand Bernard, L’herbier oublié, secret des plantes retrouvées, Plume de Carotte, 2021, p.45. ↩︎
  7. Les biotopes et bio-indications proviennent du livre de Gérard Ducerf, L’encyclopédie des plantes bio-indicatrices, alimentaires et médicinales, guide de diagnostic des sols, Ed. Pronature, vol. 2, p. 172. ↩︎
  8. Les saponines sont présentes en très petites quantités. Il n’y a donc pas d’influence de toxicité sur la plante. ↩︎
  9. Collectif, De la lumière à la guérison, la phytothérapie entre science et tradition, ed. Amyris, 2008, p. 238. ↩︎
  10. Vanopdenbosch Yves, Plantes médicinales et tempéraments, Ed. Amyris, 2020. ↩︎
  11. Fuinel Guy, La bonne humeur et les plantes, ed. Amyrus, coll. Florilège, 2008, p.41. ↩︎
  12. Pelikan Wilhelm, L’homme et les plantes médicinales, ed. Triades, 2001, p.172. ↩︎
  13. Cette histoire nous est contée pa la site Internet, les plantes sauvages comestibles. ↩︎
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