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Les fourmis

・❥・ Successeures de l’humain

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S’il y a bien un insecte qui fascine c’est la fourmi. Selon les moments, elle est détestée, il est vrai, le plus souvent ou adorée. En tout cas, elle ne laisse personne indifférent. Son mode de vie est complexe et bien mystérieux quand les petites bêtes snt capables de déménager d’un lieu à l’autre, à la queue leu-leu, sur des centaines de mètres. Nous allons remettre un peu d’ordre dans nos idées par rapport à ce si petit animal.

La fourmi est arrivée bien avant l’homme. Elle est apparue au cours de la période du Crétacé, il y a environ 130 millions d’années ! Elle a survécu au Crétacé-Tertiaire qui a tué les dinosaures, ainsi qu’à l’âge de glace. 1 La fourmi descend de la guêpe piqueuse et est très proche du groupe des apoïdes qui comprends les abeilles et les guêpes sphéciformes. 2 Il est difficilement imaginable le nombre de fourmis sur notre planète. Il s’agirait de 20 millions de milliard de sujets. Cela fait 12 millions de fourmis pour chaque terrien. Le poids total des fourmis est supérieur à celui de tous les mammifères et les oiseaux.

Elle descend de la guêpe qui est carnivore. La fourmi est omnivore 3 alors que l’abeille sa cousine germaine est végétarienne. La fourmi fait partie de l’ordre des hyménoptères 4 et de la famille des formicidés. On en dénombre plus de 14.000 dans le monde, en 2023, dont plus de 400 en Europe. Il est presque sûr qu’il y en a beaucoup plus.

Un fonctionnement étonnant

En raison de sa petite taille, la fourmi n’a pas de système respiratoire complexe comme le nôtre. À la place, la fourmi respire l’oxygène à travers des spiracles qui sont une série de trous situés sur les côtés de leur corps. Les spiracles sont reliés par un réseau de tubes qui aident à répartir l’oxygène dans presque toutes les cellules de son corps. L’oxygène circule à travers les tubes alors que le dioxyde de carbone est libéré par la sortie des tubes, grâce au mouvement de la fourmi. Ce système permet aussi de retenir sa respiration très longtemps, surtout quand elle nage dans l’eau. Elle est d’ailleurs capable de fabriquer instantanément un radeau en cas d’inondation.

La fourmi a deux estomacs. L’un sert à stocker leur propre nourriture et l’autre stocke la nourriture consacrée à la communauté restée au nid. On appelle cela la trophallaxie qui est un mode de transfert de nourriture utilisé par certains insectes hyménoptères. Les fourmis ne mangent pas directement leur proie. Elles mâchent la nourriture puis la régurgitent pour leur progéniture. Au passage, elle se nourrit bien sûr aussi.On retrouve cela aussi chez l’abeille et la guêpe.

La fourmi est présente dans tous les milieux terrestres. Elle rend de nombreux services écosystémiques pour une plus grande biodiversité. La fourmi est à considérer comme un auxiliaire et non comme un ravageur. La fourmi a une force assez incroyable. Elle est capable de transporter entre 10 et 50 fois son propre poids. Le poids porté dépend de l’espèce. Par exemple, la fourmi tisserande (Asie du Sud-Est et Australie) peut soulever 100 fois son propre poids.

La fourmi retrouve toujours son chemin grâce aux phéromones qu’elle laisse sur son chemin. C’est valable pour les pays tempérés. Par contre, dans des régions désertiques où le soleil assèche ces phéromones, le fourmi Cataglyphis bicolor évalue sa position en fonction du soleil. Elle possède des celulles visuelles capable de détecter la direction d’où provient la lumière. Des roboticien de l’université de Zurich ont inventé un robot (Sahabot) capable de s’orienter avec le même système. Ce biomimétisme permettra aussi d’équiper les futurs GPS. 5

Ses défenses

La fourmi, pour sa défense, injecte si elle a un dard ou projette si elle n’en a pas, de l’acide formique sur ses ennemis. L’acide formique est le plus simple des acides carboxyliques : CH2O2. Il a une odeur forte caractéristique. On le trouve aussi dans des plantes comme l’ortie. Ce serait le naturaliste anglais John Ray qui est le premier, en 1671, à avoir isolé l’acide formique en distillant des cadavres de fourmis.

L’acide formique est utilisée comme comme arme défensive mais c’est aussi un antimicrobien. Elles s’arrosent d’acide formique juste après le repas. Cela leur permet de lutter contre une bactérie pathogène Serratia marcescens qui s’attaque à l’acidopore 6 en le bouchant, ce qui amène un risque de mort rapide. Les effets de l’acide formique sont multiples et bien connus des étourneaux et autres passereaux qui pratiquent le bain de fourmis ou formicage pour se débarrasser de leurs parasites.

On pourrait intituler cela comme la danse du nectar !

Quelques fourmis de chez nous

Les fourmis que l’on rencontre le plus souvent dans les potagers sont de trois sortes : Lasius flavus, Lasius alienus et Lasius niger. Il y en a d’autres comme celles qui portent le nom de formica spp. qui sont des fourmis plus grosses de 3,5 à 9 mm. 7 Il existe cinq grandes sous-famille : Les Myrcinae, Formicinae, Ponerinae, Dorylinae, Dolichoderinae. En voici quelques unes avec leurs caractéristiques :

Lasius flavius

Photo : Myrmecofourmis

Lasius provient du grec lasios, signifiant poilu et flavus provient du latin et signifie jaune. Cette fourmi est très petite. Elle passe inaperçue au vu de sa taille de 1,7 et 4 mm, de couleur jaune d’or voire orangée. La fourmi est très commune sur toute l’Europe et en Asie. Elle se camoufle bien d’autant qu’elle vit essentiellement dans le sol, dans les sous-bois en pente ou sous des pierres. Les nids sont construits dans de la terre, ils sont souvent surmontés d’un monticule de terre qui peut faire jusqu’à 20-30 cm de haut sur lequel poussent des herbes ou de la mousse. Elles élèvent les pucerons des racines directement dans leur nid pour avoir le miellat 8 à portée de mandibules. Elle se nourrit aussi de petits insectes. Dans la nature, c’est une espèce relativement peu dominante sur son milieu. Elle cohabite généralement sans problème avec d’autres espèces. 9 Lasius flavius n’élèvent pas de champignon dans son nid.

Lasius niger

Lasius niger

Comme son nom l’indique, c’est la fourmi noire de nos potagers. C’est la plus courante. Elle vit dans des terres ouvertes et zones forestières, souvent présentes sur les sols pauvres et secs, graveleux colonisés par des espèces végétales pionnières. En zone rurale, elles monopolisent en général un arbre ou plusieurs plans infestés de pucerons, qu’elles élèvent avec soin et dont le miellat constitue leur principale source de nourriture. Elle ne dénigre pas les petits insectes comme les vers de farine, mouches, moustiques, grillons, etc. Dans les zones urbaines, elle privilégie les poubelles, les parcs et les cuisines. Elle vit principalement en Europe, Afrique du Nord, Amérique du Nord et en Asie, sous des climats tempérés. La taille de ces fourmis gravitent autour de 4-5 mm pour les ouvrières et 8-9 mm pour la reine. Leur couleur oscille entre le noir brillant et le légèrement brunâtre.

Les mâles sont intégralement noir avec une taille de Taille 3.5 – 4.5 mm. Lasius niger peut, de façon très éventuelle, pratiquer la parthénogenèse thélytoque : les ouvrières peuvent pondre des œufs diploïdes qui se transformeront en femelles, en plus de pouvoir pondre des œufs haploïdes donnant naissance aux mâles. 10 L’espèce est polydomique, c’est à dire que la colonie n’hésite pas à disperser de petits groupes d’ouvrières pour couvrir plus de terrain ou de source de nourriture. Elles mangent des champignons à l’extérieur du nid.

Lasius alienus

Photo : Wikipédia

Cette fourmi se trouve partout dans la majorité des pays de l’hémisphère nord. Elle est de moyenne taille de 2 à 4,5 mm. Elle est de couleur brun foncé à noir. Les tibias sont un peu plus clairs et la pilosité est plutôt réduite. Ses yeux sont relativement gros. Elle est souvent appelée fourmi des champs parce qu’on la rencontre dans les milieux agricoles. Les endroits bien situés par rapport à l’ensoleillement ne sont pas dénigrés : pelouses calcaires, carrières, autres endroits pierreux. Les nids sont situés sous les pierres ou dans le sol des champs. Elle mange les champignons qui se trouvent à l’extérieur du nid. Cette fourmi joue au médecin pour certaines chenilles de papillons vivant sur le pourtour méditerranéen. On appelle cela du mutualisme.

Formica spp.

Photo : IPM Image

Cette fourmi est de taille moyenne vit dans un nid très populeux. Ils peut y avoir plusieurs reines dans des endroits très proches et donc plusieurs nids. Elle sécrète de manière permanente de l’acide formique. Elle n’a pas de dard, donc pour sa défense elle projette de l’acide vers son attaquant. Son habitat est situé généralement dans les forêts dans des lieux froids et tempérés. Son nid est repéré par l’existence de petits monticules de brindilles ou de terre. Elle consomme plus d’insectes que de miellat. Elle est protégée partout en Europe au vu de son importance écologique. Il y a environ une vingtaine d’espèces en Belgique, 28 en France et 24 en Suisse.

Formica rufa

Photo : Adam Opioła CC BY-SA 3.0

Formica rufa est une espèce de fourmis qui est connue en français sous le nom de « fourmi rousse des bois ». On la trouve dans une grande partie de l’Europe — en particulier dans les forêts de conifères et de feuillus ainsi que dans les parcs. Les fourmis des bois mangent à peu près toutes les proies qu’elles peuvent trouver dans la forêt : vers, coléoptères comme le scolyte (bostryche typographe), sauterelles, escargots, papillons comme le bombyx et la noctuelle du pin (Panolis flammea)… et bien sûr élèvent les pucerons pour leur miellat.

Contrairement à l’habitat de la précédente ce sont de gigantesques monticules qui abritent des millions de fourmis et peuvent donc atteindre plusieurs mètres de haut et dix mètres de large. On y trouve, à l’intérieur, de véritables villes et villages connectés les uns aux autres. La Formica rufa forestières est bio-indicatrice d’une forêt en bonne santé. Cette espèce est très importantes pour la biodiversité de la forêt d’autant qu’elle s’attaque aux insectes ravageurs. Comme leur nid se trouvent généralement en bordure de forêt, les fourmis sont vulnérables. Cette fourmi est très protégée en Belgique. 11

Camponotus spp.

Photo : Wikipedia

Les fourmis charpentières comme sont nom l’indique, elle travaille le bois. Elles sont présentes partout en Europe. Elles ressemblent à la fourmi noir qui se trouve dans les bois, mais n’est pas de la même espèce. C’est l’espèce Camponotus vagus qui est la plus courante. Mesurant 12 mm de long pour les plus grandes ouvrières et 15 mm pour la reine, la charpentière est l’une des plus grandes espèces européennes. Les mâles, plus petits, mesurent de 9 à 10 mm de long. La charpentière doit son nom à la façon à sa méthode de nidification car elle creuse des galeries dans du bois pour établir son nid. S’attaquant rarement au bois sec car trop difficile à ronger, l’insecte privilégie les bois humides ou détériorés (pourris, creux). Elle participe donc à la décomposition du bois au même titre que le champignon en Europe et aux termites, en Afrique.

Pour ce qui est des autres espèces de fourmis, je vous renvoie vers des livres spécialisés. 12

Des fourmis charpentières dans un tronc d’arbre.

Une communauté structurée

Le mode de vie des fourmis est de vivre en caste, avec des rôles précis. Dans une colonie de fourmis, chacun a sa tâche. Il y a les soldates qui gardent le nid, les exploratrices toujours en quête de nourriture, les puéricultrices qui s’occupent des larves ou encore les agricultrices qui cultivent leur propre nourriture, les champignons et les éleveuses de pucerons. Les scientifiques ont découvert qu’il y avait aussi des fourmis soignantes (voir ci-dessous). Les individus fertiles sont en charge de la reproduction (les futures reines et les mâles). Les individus non fertiles, les ouvrières, s’occupent de nourrir et de protéger les individus fertiles. Tout ce petit monde vit sous la direction d’une reine qui peut vivre jusqu’à 25 ans, seule parmi parfois plusieurs milliers d’autres alors que les ouvrières ne vivront quelques mois.

Les soldates

Lorsqu’une reine fonde un nouveau nid de fourmis, elle met tout en œuvre pour donner d’abord naissance à des soldates. Elle pond jusqu’à cent œufs par jour. Elle puise même dans ses propres réserves pour nourrir les premières larves qui en sortent. Puis viendront toutes les autres catégories d’ouvrières. C’est normal, le reine se met d’abord en sécurité pour pouvoir développer le nid sous la protection des soldates.

Celles-ci sont qualifiées à tort de gardiennes du nid, alors qu’en fait elles creusent le nid et le réseau de galeries. Elles ont d’énormes mandibules, ce qui les rend particulièrement adaptées à ce travail. En outre, elles sont porteuses d’une sorte de venin. En présence d’intrus, elles les attaquent et leur infligent une blessure dans laquelle elles injectent ensuite l’acide formique. Elles protègent également les exploratrices dans leur expédition.

Les exploratrices

Les exploratrices sont les fourmis les plus âgées du groupe, qui partent à la recherche de nourriture. Ces fourmis ont le plus grand risque d’être piétinées ou d’être la proie d’animaux carnivores. La fourmi ne trouve pas grave de perdre ses congénères les plus âgées

Les ouvrières

Il s’agit d’une petite femelle non ailée qui se voit confier toutes sortes de tâches. Les ouvrières sont stériles et assurent la majorité des tâches de la fourmilière. Les ouvrières peuvent être divisées en sous-caste avec des morphologies différentes.

Les éleveuses de pucerons

Le nid de fourmis s’installera non loin d’une source de nourriture. La nourriture est composée notamment du miellat des pucerons. Quand une fourmi repère une colonie de pucerons installée sur une plante, elle va prévenir les copines qui vont se rapprocher de la source de nourriture en créant de longues colonnes pour amener la nourriture dans le nid. Mais la fourmi ne se nourrit pas que de miellat puisqu’elle est omnivore. Les fourmis protègent les pucerons contre les prédateurs naturels, et les mettent à l’abri des fortes averses de pluie dans leurs nids afin d’obtenir un approvisionnement constant de miellat. Les pucerons détestent la pluie.

Les esclavagistes

Les esclavagistes volent des pupes et des œufs dans d’autres nids et les ramènent dans leur propre nid. Lorsque les larves deviennent adultes, elles sont réduites à l’esclavage. Lorsque des colonies ou fourmis concurrentes se rencontrent, elles se battent. Ceci donne parfois lieu à de véritables massacres. Les vainqueurs réduisent généralement les vaincus à l’esclavage. Cela leur permet de refiler à ces fourmis le sale boulot de la colonie. Les esclaves assument souvent le rôle de puéricultrice.

Les puéricultrices

Les puéricultrices s’occupent des larves qui sortent des œufs de la reine, qui ne le fait évidemment pas elle-même. Comme on l’a vu ce sont souvent des fourmis réduites en esclavage.

La reine

La reine des fourmis ne peut pas être comparé à la reine des abeilles. Elles n’ont pas les mêmes fonctions. Elle porte le nom de gyne. Celle-ci est une femelle reproductrice qui a une taille plus grande où tous ses organes sont plus volumineux de la tête au pied.

La reine choisit alors son partenaire, soit le mâle qui peut voler le plus haut et le plus vite, et l’accouplement a lieu. Ce vol nuptial est une stratégie évolutive sophistiquée qui assure la survie et la propagation des espèces. D’abord, en se dispersant, les fourmis augmentent les chances de croisement entre individus de colonies différentes. Elles évitent ainsi la consanguinité, qui peut entraîner des faiblesses génétiques et réduire la résistance aux maladies.

C’est après avoir été fécondée par un ou plusieurs mâles que la reine des fourmis perd ses ailes. 13 Elle en garde les cicatrices de part et d’autre de son corps tout au long de sa longue vie. La nouvelle reine se met à la recherche d’un nid à reprendre ou démarre une nouvelle colonie. C’est ce qu’on appelle l’essaimage.

La reine doit veiller à la reproduction et au développement de sa colonie. Elle a désormais collecté suffisamment de spermatozoïdes pour le restant de sa vie. Ceux-ci sont stockés dans une espèce de « banque de sperme » dont elle peut ouvrir et fermer la « porte ». Lorsqu’elle ouvre la porte, les œufs sont fécondés et elle peut mettre bas. La reine se met sur son flanc et pond des œufs sans interruption du printemps à l’automne, tout en étant nourrie par les ouvrières. Le record est détenu par la reine Dorylus nigricans qui peut pondre 50 millions d’œufs par an. Les œufs fécondés se développent pour devenir des ouvrières. Les œufs qui ne sont pas fécondés deviendront des mâles.14

Le mâle

Le mâle obtient ses ailes en devenant adulte, son seul but devient alors de féconder la femelle mature. Il meurt d’épuisement peu après le vol nuptial.

Les fourmis volantes

Des fourmis ordinaires entrent dans une phase spéciale de leur cycle de vie. À ce stade, certains individus développent des ailes pour s’envoler, s’accoupler et établir de nouvelles fourmilières. Ce qu’annoncent les fourmis volantes, donc, c’est qu’une colonie est installée à proximité.

On distingue ces insectes reproducteurs, sexués, par la présence d’ailes. Les futures reines sont souvent plus grandes que les ouvrières. Les ailes antérieures sont plus grandes que les postérieures. On dit souvent que les fourmis volantes annoncent un orage, ce qui est parfois vrai, mais pas systématique. L’humidité adoucit le sol et la chaleur stimule l’activité. Elles quittent alors leurs colonies toutes en même temps pour s’accoupler en vol, dans les airs. Quand on voit un grand nombre de ces fourmis ailées c’est parce que le vol nuptial se déroule en même temps pour toutes les colonies. La fourmi ailée n’est pas dangereuse pour l’humain. Mais les essaimages sont parfois très envahissants. C’est encore plus vrai lorsque les insectes essaiment dans la maison.

Femelles et mâles sortent tous ensembles

Leur mode de vie

Il n’y a pas de fourmis solitaires, elles vivent toujours en colonie. Si l’on voit une fourmi seule, c’est qu’elle est une exploratrice qui cherche un endroit où se trouve de la nourriture ou des éléments qui permettront de renforcer le nid.

Le nid, une fantastique architecture

L’intérieur de la fourmilière est constitué d’une série de tunnels et de chambres complexes et entrelacés qui servent à diverses activités de la colonie. Les tunnels d’une grande fourmilière peuvent s’étendre sur un mètre de profondeur et plus de deux mètres de longueur. Les chemins qui relient les chambres sont sous forme de passages souterrains et d’autoroutes. Chaque chambre a des fonctions différentes. L’une d’elle accueille les œufs et les larves à leurs différents stades, l’autre est la zone de stockage des aliments, la troisième est une aire de repos pour les fourmis. Un espace est réservé à la reine, généralement situé au plus profond du nid.

Les fourmilières sont généralement constituées d’un mélange de terre, de sable, d’argile et d’autres petits débris. La conception de l’intérieur et de l’extérieur d’une fourmilière varie en fonction de l’espèce de fourmi qui l’a construite. Il n’est pas rare que deux fourmilières se rencontrent lors de la construction d’un nid. Il y a négociation pour une cohabitation pacifique si ce sont des fourmis de la même espèce.

Un nid humide

L’humidité du nid varie entre 50 – 60% alors qu’elle vit à l’extérieur dans des zones de 30 – 50% d’humidité. La température du nid oscille entre 21 et 24 °C alors qu’à l’extérieur elle vit correctement entre 18 et 28°C. La colonie de fourmi se met en hibernation dans une température entre 12 et 15°C, de mi-Novembre à début mars. Elle assure son essaimage naturel de juin à juillet.

Quand on voit le nombre de pupe dans un nid de fourmis noires, on comprend qu’elles sont des millions de milliard.

Parfois, des fourmilières suffisamment grandes finissent par se connecter les unes aux autres. Cela nécessite une coopération entre les colonies pour qu’elles puissent construire les habitations des unes et des autres et agrandir le nid nouvellement fusionné. L’un des plus grands nids combinés jamais découverts se trouvait en Europe et s’étendait sur plus de 5 800 kilomètres ! 15

Le dioxyde de carbone semble stimuler leur activité. Celui-ci, dégagé par l’activité métabolique de l’insecte au travail, stimulera ses pairs dans les alentours afin de réaliser la tâche, comme creuser les galeries d’un nid.

La communication entre les fourmis

La communication entre les fourmis se fait surtout au moyen de composés chimiques volatiles appelés phéromones. Trente-neuf glandes les émettant ont été répertoriées. Les phéromones sont parfois excrétées dans une substance qui recouvre le corps de la fourmi. Grâce à leurs antennes assez mobiles, les fourmis captent ces composés odorants et leur permettent d’identifier la direction et l’intensité des odeurs.

Certaines fourmis émettent des sons, on parle alors de stridulation. Ces sons permettent par exemple d’attirer d’autres ouvrières pour porter une proie trop lourde pour un individu isolé. Ces sons peuvent être le résultat de frottement des pattes sur le thorax ou le fait de frapper la tête contre le sol. Les fourmis ressentent les vibrations avec leurs pattes. C’est le seul moyen d’écoute de la fourmi. Elle n’a pas d’oreille.

A partir de la communication, on peut se demander comment les fourmis sont capables de s’orienter. Il faut reconnaître qu’à l’échelle de la fourmi la moindre brindille peut paraître comme une poutre. Comment font-elles pour retourner vers son nid quand elles se sont éloignées du nid parfois à 200 m de distance. Elles laissent des pistes odorantes qui leur permettent de retrouver leur chemin même dans l’obscurité. Certaines fourmis utilisent d’autres outils comme le soleil, la lune, les étoiles 16 et le champ magnétique terrestre. 17

La fourmi est un animal bio-indicateur

Une doctorante de l’IRD 18 situé à Paris explique que la fourmi devient un animal bio-indicateur de changement climatique. Puisque les fourmis sont des insectes ectothermes, c’est-à-dire que leur température corporelle est dépendante de celle du milieu dans lequel elles évoluent, elles dépendent directement des conditions climatiques : le développement des larves, les activités des adultes ainsi que la distribution des colonies sont étroitement liées au climat. L’observation de leur comportement, physiologie et morphologie peut ainsi servir comme modèle pour comprendre les réponses et les stratégies des organismes face aux variations de températures et aux changements climatiques en général.19

La fourmi donne aussi beaucoup d’informations sur d’autres domaines de la nature. Ainsi, dans certains milieux en danger comme les tourbières on utilise les fourmis et les carabes comme bio-indicateurs de l’état du milieu, par exemple, en Croatie. Il y a d’autres caractères indicateurs comme on peut le voir dans le Dictionnaire amoureux des fourmis. 20

Les fourmi en tant qu’auxiliaire

De toutes les essais de définition de la fourmi, je garde l’explication de l’IRD : Les fourmis contribuent à l’aération du sol, jouent un rôle de décomposeur en se nourrissant de déchets organiques, d’insectes ou d’autres animaux morts et constituent également une source de nourriture pour les vertébrés et les invertébrés. Enfin, elles ont une influence importante sur de nombreuses fonctions des écosystèmes telles que la dispersion des graines ou la chimie du sol, du fait de leurs modes de vie. 21

Le sol

Les fourmis aèrent la terre en creusant leurs galeries souterraines, un peu comme les lombrics. Et en même temps le fait de creuser le sol en créant des tunnels cela peut rendre la croissance difficile pour les plantes.

Mais les fourmis apporteraient un autre élément bien plus positif pour l’enrichissement du sol. Lorsque les fourmis se déplacent dans le sol pour trouver de la nourriture ou construire des nids souterrains, elles perturbent et mélangent le sol qui les entoure. On pense que cette perturbation peut favoriser la dissolution des minéraux, connue sous le nom d’altération. Des études ont montré que les fourmis sont l’un des agents d’amélioration biologique (BEW) les plus efficaces par rapport à d’autres insectes ou racines de plantes. 22

Lorsque les roches riches en minéraux contenant du calcium et du magnésium entrent en contact avec de l’eau, celle-ci décompose les minéraux. Le dioxyde de carbone se combine avec ces minéraux dissous pour former du calcaire, de la dolomite et des argiles. Les fourmis semblent améliorer ce processus de dissolution des roches lorsqu’elles mélangent le sol, elles peuvent jouer un rôle dans le prélèvement de dioxyde de carbone de l’atmosphère.

La fourmi, les champignons et les fragments végétaux

Nous effleurons ici la vie des fourmis champignonnistes. 23 Les fragments de végétaux sont mâchonnés et transformer en pâte que les fourmi plaquent contre les parois des meules dans leur nid. Sur ce revêtement végétal se développe en abondance le mycélium qui n’existait que sous forme végétative. Les hyphes que sont les filaments constitutifs du mycélium assurent la dégradation des fragments végétaux. Les fragments végétaux permettent en même temps d’extraire la sève qui est un aliment énergétique précieux.

Le champignon est apte à dépolymériser la cellulose des morceaux de bois collectés, ce qui profite aux larves. Celles-ci tondent quotidiennement les têtes renflées du mycélium ce qui permet à ce dernier de s’étendre tout en longueur. Le mycélium aurait notamment comme fonctions de maintenir la température, régulerait l’humidité et la teneur en gaz carbonique dans le nid.

Les fourmis cultivent le champignon qui est une source d’acide aminés, des enzymes et assez d’oligoéléments, facteurs de croissance. Lorsque une partie du nid essaimera, les fourmis auront dans une cavité infra-buccale, des boutures de mycélium qui leur servira à ensemencer le nouveau nid.

Manifestement la fourmilière est une véritable « serre à champignon ». On peut encore se demander pourquoi telle espèce fongique bénéficie de la préférence des fourmis « champignonnistes ». Supporte-t-elle particulièrement bien des teneurs élevée en acide formique ? Quelle qu’en soit la raison, il n’en demeure pas moins établi que les deux partenaires sont mutuellement indispensables. C’est une réelle coexistence sans interpénétration, une « ectosymbiose », 24 une « symbiose lâche ». 25

On pourrait se poser la question suivante : la fourmi ne participe-t-elle pas à l’expansion du mycélium sur la planète ? Le fait de créer de nouveau nid par un essaimage volontaire, invariablement, le mycélium s’étend. Si c’est le cas, alors oui, plus que jamais la fourmi est un animal fondamental pour notre biodiversité.

Les plantes

Les fourmis ne jouent pas un rôle important dans la pollinisation des plantes à l’exception d’une petite fourmi américaines que nous ne connaissons pas en Europe. Les fourmis peuvent causer des dégâts en mangeant les racines et en dévorant les feuilles des plantes. Cela peut entraîner un retard de croissance chez ces dernières ou même leur mort. Et en même temps, s’il faut peser le pour et le contre, la présence des fourmis est plus avantageuse que nuisible.

Pour ce qui est des graines, un exemple est frappant : le myosotis a besoin des fourmis pour coloniser l’espace. Une friandise sucré est accrochée sur chaque graine de myosotis. Celle-ci attire les fourmis. 26 La graine et la friandise sont emmenées par les fourmis dans le nid pour être mangée par la colonie. La graine est rejetée par les mangeuses et déposée dans le dépotoir du nid. Les fourmis, chargées de nettoyer le dépotoir, emportent avec elles, les graines jusqu’à 100 m en dehors du nid ! Il en va de même pour les fraisiers et la violette des bois. Une colonie de fourmi rousse compte environ 100.000 individus et véhiculent 36.000 graines chaque été.

Il y a même des arbres qui porte le nom de myrmécophytes, c’est-à-dire des plantes à fourmis. Il en existe au moins 700 espèces qui ont besoin de la présence des fourmis pour leur propre développement. Prenons l’exemple de la fourmi Pseudomyrmex ferruginae qui vit en Amérique centrale. Elle a développé une étroite collaboration avec un arbre appelé Vachellia (ex Acacia). Ces arbres produisent des domaties, grosses épines creuses où se réfugie les nids de cette fourmi. L’arbre produit deux sources de nourriture pour la fourmi : des petits chapelets de lipides et de sucre et les nectaires extrafloraux. En échange, les fourmis nettoient l’arbre de toutes les plantes invasives qui pourraient l’étouffer. La fourmi fait aussi partie des défenseurs de l’arbre contre les herbivores. 27

La fourmi et le puceron

Quand on dit que la fourmi élève les pucerons sur les plantes, on la considère comme responsable de la mort de la plante. Ce n’est pas exact. Certes, la fourmi a besoin du miellat des pucerons pour vivre. Mais s’il n’y a pas de fourmi sur la plante, le miellat du puceron sera le vecteur de la mort de plante. La fourmi en avalant le miellat, nettoie son cheptel de pucerons et empêche un champignon de la famille Fumagine de se développer. Ce champignon s’implante donc à partir du miellat. Il finira par coloniser le troupeau de puceron, de les tuer et d’enduire la plante d’un manteau d’une espèce de glu grisâtre qui va finir par étouffer toute la plante. Le rôle de la fourmi est donc indispensable pour éviter la mort de la plante.

Des biologistes ont mené une expérience consistant à nourrir de façon exagérée des fourmis en leur offrant des proies supplémentaires. Les chercheurs ont constaté que les fourmis élevaient plus de reines, de fourmis femelles ailées qui étaient capables de fonder de nouvelles colonies. De son coté, la plante profite aussi du cadeau fait aux fourmis. Elle produit plus de feuilles, de fleurs et de fruits. 28

Qu’est-ce qui fait que certaines plantes repoussent la fourmi ?

En prenant la liste des plantes répulsives pour les fourmis, il faut essayer de déterminer quelles sont les principes actifs communs entre toutes ces plantes. On pourrait les ranger en deux catégories. La première que je qualifie de catégorie citronnée est basée sur une expérimentation personnelle. La caractéristique principale est une odeur citronnée que détestent les fourmis. 29. Je pars donc du principe que toutes les plantes qui exhalent le citron font office de répulsif. Il s’agit donc de l’armoise, du basilic citron, de la cataire 30, de la citronnelle, la mélisse citronnée, les menthes pouliot et poivrées, la menthe pouliot 31, la tagète patula (œillet d’Inde) et la tanaisie avec son arôme de camphre citronné.

La seconde catégorie porte le nom d’acide dans laquelle se trouve évidemment l’agrume citron, la cannelle, la citronnelle, le clou de girofle, l’ail. Dans ce cas, avec le vinaigre, c’est l’acidité qui perturbe leurs systèmes digestifs et les empêche de manger. La colonie part vite sans demander son reste.

Parmi ces plantes, certaines sont aussi répulsives pour les pucerons. Il s’agit de l’ail, la cataire, la menthe poivrée et la tagète patula. Tant qu’à faire voici quelques autres plantes répulsives du puceron 32 : l’aneth, la coriandre, l’eucalyptus, le fenouil, le thym. Aucune de ces plantes n’attire la fourmi.

La fourmi et la chenille

Les fourmis sont les prédateurs de larves, vers, araignées et mouches. Dans la littérature consacrée aux chenilles, globalement, la fourmi est considérée comme une prédatrice. Il semblerait qu’il y ait quelques exceptions. Il existe une symbiose entre fourmis et chenilles des familles des lépidoptères, Lycaenidae, Riodinidae et Tortricidae, tous papillons de jour ou de nuit.

Ainsi certaines chenilles produisent un miellat dont les fourmis sont friandes. Ces dernières protègent les chenilles contre des parasites diptères ou hyménoptères. Les liens sont plus ou moins étroits avec une ou plusieurs espèces de fourmis. Tandis que quelques associations, quoique mutuellement avantageuses, ne sont pas essentielles à la survie du papillon, certaines sont absolument nécessaires à l’apparition de l’imago. 33 Selon l’expression consacrée, on dit que les fourmis « soignent » la chenille.

La fourmi et l’abeille

Les fourmis sous la ruche – extrait de Anthony, l’as des fourmis 34

Les fourmis sont les alliées de leurs cousines germaines que sont les abeilles. En effet, la fourmi produit de manière naturelle l’acide formique. Si l’on place une ruche d’abeilles domestiques sur un nid de fourmis, 35 les fourmis vont tapisser la ruche d’odeur d’acide formique dans le cas où l’essaim est attaqué par le varroa. En apiculture naturelle, les apiculteurs pulvérisent de l’acide formique dans la ruche pour lutter contre le varroa. Or l’acide formique est très dangereux pour l’humain. Autant laisser faire le travail par les fourmis.

Une autre collaboration entre les fourmis et les abeilles : les premières vont nettoyer la ruche des cadavres des abeilles mortes. Laissons faire la nature en introduisant des fourmis dans la ruche. Les fourmis auront du miel en échange. Certains apiculteurs voient cela d’un mauvais œil. La fourmi devient un concurrent et va diminuer la récolte de miel.

Les prédateurs de la fourmi

Nous ne le dirons jamais assez, le plus grand prédateur est l’être humain. Par manque de connaissance, combien de nids n’ont il pas été noyé, détruit par l’humain pensant que ses hôtes sont des ravageurs.

La fourmi est son propre prédateur. Les nid sont capables d’attaquer d’autres nids pour voler les pupes mais aussi réduire le nids le moins fort en esclavage après des massacres lors des combats homériques dignent des meilleurs film au cinéma. Cela se passe généralement en cas de pénurie alimentaire. Les fourmis mortes deviennent de la nourriture

Les nématodes

La fourmi sert aussi de repas pour de nombreux parasites internes dont les nématodes Steinernema feltiae. Ce nématode est un vers rond minuscule. Il mesure environ 0.6 mm de long et n’est pas visible à l’œil nu. Il pénètre par les voies naturelles de ses proies et libère une bactérie, qui se chargera de liquéfier le contenu de l’insecte. C’est à l’intérieur de ce milieu très riche en nutriments que le Steinernema feltiae va se nourrir et se reproduire en masse. Au bout d’une quinzaine de jours, les nématodes seront expulsés du cadavre de l’insecte et partiront à la recherche d’autres proies. D’autres endoparasites rendent la vie infernale aux fourmis comme les vers filiformes, les douves (Trematoda) et les ténias (Cestoda) peuvent vivre dans les fourmis. Il existe également des guêpes (Aculeata Parasitica).

Les grosses bêtes

Les crapauds, grenouilles, serpents, lézards mangent également des fourmis. Pour ce qui est des oiseaux, les pics vert sont les principaux oiseaux qui consomment des fourmis car ils sont armés d’une longue langue gluante. Ils creusent l’écorce des arbres pour manger les insectes qui s’y trouvent. S’ils rencontre un nid, il va y faire des ravages.

Les vols nuptiaux des fourmis volantes peuvent être perturbés par les étourneaux, les martinets et les mouettes rieuses. Ces espèces d’oiseaux sont friandes des reines grasses et riches en protéines. L’araignée Myrmarachne formicaria 36 ne vit qu’au ras du sol et dévore toutes les fourmis à portée de bouche. Et puis, on aura tendance à les oublier, mais les poules et les coqs de la basse-court adorent les fourmis et leurs œufs.

Très peu de mammifères s’attaquent au nid de fourmis en Europe, à l’exception du hérisson 37 et du blaireau. 38 Protégés par leur épaisse fourrure, les blaireaux peuvent s’attaquer aux nids de fourmis en choisissant particulièrement les larves.

Les parasitoïdes

Les minuscules guêpes du genre Elasmosoma ne mesurent que de 1 à 2 mm et sont capables de parasiter des fourmis. La guêpe repère la fourmi qui sera sa cible puis se pose sur son abdomen. Il lui faut alors généralement moins d’une seconde pour y pondre un œuf. La larve se développe ensuite à l’intérieur du corps de la fourmi en se nourrissant de sa chair.

Les mouches de l’espèce endémique Phoridae parasitent les fourmis. Les mouches volent de manière stationnaire au-dessus du nid durant quelques instants avant de se jeter sur un hôte dans lequel elles pondent un œuf, généralement dans l’abdomen.

La fourmi pourrait-elle soigner l’humain ?

Selon l’adage, on n’a souvent besoin d’un plus petit que soi, il n’est pas impossible que la fourme arrive à nous sortir de l’impasse dans laquelle nous sommes. On sait déjà que plusieurs fourmis fabriquent des antibiotiques soit par des glandes spécialisées soir par l’intermédiaire de champignons sur des bactéries. Elles sont aussi capables de contourner la résistance des bactéries en renforçant le rôle des champignons. Or la montée de l’antibiorésistance des bactéries est un véritable challenge pour l’humanité. L’OMS pense que dans 25 ans l’être humain ne sera plus capable de lutter contre la biorésistance des bactéries.

Des chercheurs de la Julius-Maximilians-Universität de Würzburg (Allemagne) et de l’Université de Lausanne (Suisse) rapportent aujourd’hui dans la revue Nature communication 39 une enquête sur la fourmi africaine Matabele (Megaponera analis) 40. Sa zone de vie est essentiellement au sud du Sahara, le Sénégal inclus. Sa nourriture spécifique sont les termites. Ces fourmis sont donc des guerrières qui attaquent les termites. Mais les termites se défendent avec leur mandibule. A peu près 20 % des fourmis reviennent, victorieuses du combat, blessée avec des pattes en moins ou autres blessures. Ces blessures peuvent s’infecter. Si les fourmis ne sont pas soignées dans les 36 heures, elles meurent.

Antibiotiques et cicatrisants

Or on a découvert. que d’autres fourmis du nid, commence à prendre soin des fourmis mal en point. Les fourmis blessées font apparaitre des marqueurs chimiques sur leur corps et qui change en fonction de l’évolution de l’infection. Les fourmis médecins développe une stratégie médicale jamais observée dans le monde animal. Tri des blessés après une analyse biochimique précise. Les blessés qui peuvent être soigné sont placés dans un certain endroit. Celles qui sont légèrement blessées sont renvoyées dans le nid et se guériront toutes seules. Celles qui sont gravement atteintes sont expulsées du nid, sans pitié. Donc il reste celles qui peuvent guérir. Les fourmis soignantes sortent d’une glande 41 se trouvant sur leur thorax un liquide pour soigner les plaies. Il n’y a que les fourmis qui ont ce type de glandes. Le taux de survie des fourmis blessées passe de 0 à 75% !

Le liquide utilisé est composé de 120 produits chimiques dont la moitié sont des cicatrisants. Parmi les 41 protéines détectées, il y en a une qui est inconnues de l’humanité. Cette protéine pourrait venir à bout de bactéries qui peuvent infecter l’Homme, comme la bactérie pyocyanique (Pseudomonas aeruginosa). 42 Comme la plupart des médicaments humains viennent de la nature, il est imaginable de récupérer cette protéine pour fabriquer un nouveau type de médicament. Ce n’est pas pour tout de suite, mais cela arrivera, c’est certain.

La fourmi se mange-t-elle ?

En Thaïlande et au Cambodge, les œufs de fourmi sont récoltés et cuit dans des potages. Comme il faut récolter beaucoup de larves pour en faire un plat, ceux-ci sont assez onéreux. Les peuplades Aztèques et Otomis, en Amérique latines, apprécient les fourmis adultes pour l’importance de leurs nombreuses protéines. Actuellement, des européens essaie des yaourts des gin ou des cocktail mélangés avec des fourmis. Nous sommes encore aux balbutiements de la dégustation des fourmis comme nourriture potentielle. 43

Biomimétisme avec la fourmi

En 2023, la fourmi a inspiré de nouveaux instruments de chirurgie et plus particulièrement pour les endoscopies. 44 Des chercheurs allemands présentent l’originalité de s’inspirer de la mâchoire de la fourmi rouge Formica rufa. Expertes à attraper fermement leurs proies comme à manipuler délicatement leurs œufs, les mâchoires de la fourmi sont une merveille d’innovation biologique.

A la différence d’autres insectes, les fourmis rouges sont capables de faire bouger leurs mandibules selon différents axes de rotation leur permettant ainsi d’accomplir quantité de tâches avec une précision extrême. 45 Seulement, ces instruments n’existent pour le moment qu’à l’état expérimental. Ils doivent encore être testés en conditions réelles dans des procédures chirurgicales pour tester de leurs efficacités.

En conclusion…

Devant autant de créativité, comment ne pas imaginer que les fourmis ont un cerveau, pas plus grand qu’un grain de sel, siège de leur intelligence. Pas doué d’intelligence ? Allons donc ! Elles ont l’intelligence de leur taille. Organiser une telle vie dans le sol avec autant de chambres, de lieu d’élevages, d’agriculture, de soin des bébés et des adultes, de lieu de repos, et de jeux même…

Darwin s’est émerveillé de cette intelligence dans son livre La Descendance de l’homme daté de 1871 : Il est certaines que les fourmis se communiquent des informations entre elles, et qu’elles se mettent à plusieurs pour partager un travail, ou pour des séances de jeu. Elles reconnaissent leurs congénères après des mois d’absence, et éprouvent de la sympathie les unes à travers les autres. Elles construisent de grands édifices, veillent à leur propreté, en ferment les portes le soir et y postent des sentinelles. Elles font des routes et des tunnels par dessous les rivières et créent des pont temporaires par-dessus, en s’accrochant les unes aux autres. , Elles récoltent de la nourriture pour la communauté. (…) Elles récoltent les graines, qu’elles empêchent de germer et qu’elles apportent à la surface pour les faire sécher en cas d’humidité. (…). 46

Le texte de Darwin est on ne peut plus complet. Il est probable que l’organisation des fourmis est la plus développée sur cette planète, probablement autant que l’homme avec des degrés différents d’intelligence, comme le signale Darwin. 47

Dans l’introduction, nous avons essayé de mettre un peu d’ordre dans toutes les idées reçues à propos des fourmis. Il y a probablement beaucoup de choses à apprendre sur cet insecte. Son mode de vie, sa structuration semble si proche de la nôtre. Et rien que pour cela, nous avons tout intérêt à toujours plus observer et à conserver les nids de fourmis dans nos potagers. La fourmi est bio-indicatrice de la bonne santé de notre environnement.

Géry de Broqueville

  1. Étude réalisée par les universités de Harvard et de l’État de Floride publiée dans la revue Science du 7 avril 2006, Vol. 312, numéro 5770, pp.101 – 104 ↩︎
  2. Les guêpes sphéciformes sont des hyménoptères parasitoïdes qui capturent divers insectes ou des araignées pour quelques espèces, les paralysent à l’aide de leur venin et les transportent dans les nids qu’ils aménagent souvent dans le sol, le bois ou des tiges creuses. ↩︎
  3. Ce régime alimentaire assimile les fourmis à des nettoyeuses infatigables. ↩︎
  4. Hyménoptère comme l’abeille, la guêpe, le bourdon, la fourmi, le vespidé, le frelon, l’apocrite, l’apoïde, l’ichneumon, la braconidae et bien d’autres encore. ↩︎
  5. Mat Fournier, Biomimétisme, quand la nature inspire la science, Ed. Plume de carotte, 2021, p.64. ↩︎
  6. L’acidopore est l’ouverture à la base du gastre par laquelle le venin est éjecté ou vaporisé ↩︎
  7. Pour découvrir d’autres sortes de fourmis de chez nous ou des pays limitrophes, je vous recommande Le Grand livre de la Nature aux éd. Salamandre, 2021, p.407-412. ↩︎
  8. Une colonie de fourmi peut avaler jusqu’à 200 litres de miellat, par an ! ↩︎
  9. Pour mieux connaître la fourmi Lasius Flavius je vous conseille le site Internet myrmecofourmis. ↩︎
  10. Texte extrait de Myrmecofourmis. ↩︎
  11. Faut-il vraiment protéger la Formica rufa quand on sait qu’elles ne sont nécessaires qu’en présence de monoculture d’épineux ? Elle disparaîtront de facto quand on arrêtera de planter en monoculture, la forêt ardennaise qui, du temps de Victor Hugo, n’était composée que de feuillus. ↩︎
  12. Un excellent livres est le guide nature les petites bêtes de Salamandre édité en 2020. Wikipedia peut vous permettre de dépatouiller les 400 espèces européennes. ↩︎
  13. Pour avoir une description bien détaillée, je vous invite à lire wikipédia. ↩︎
  14. Pour plus de détails cliquez ici. ↩︎
  15. Elle s’étend le long du Portugal et jusqu’en Italie, en passant par les côtes espagnoles et françaises. C’est la fourmi d’Argentine, la Linepithema Humile qui en est l’auteur. ↩︎
  16. Åkesson S, Wehner R, Visual navigation in desert ants Cataglyphis fortis: are snapshots coupled to a celestial system of reference ?, in Journal of Experimental Biology, vol. 205, no 14,‎ 2002, p. 1971–1978 ↩︎
  17. Alexander N. Banks et Robert B. Srygley, Orientation by magnetic field in leaf-cutter ants, Atta colombica (Hymenoptera: Formicidae), in Ethology, vol. 109, no 10,‎ octobre 2003, p. 835-846 ↩︎
  18. IRD : Institut de recherche pour le développement. ↩︎
  19. Ibid. IRD L’étude est toujours en cours. ↩︎
  20. Dictionnaire amoureux des fourmis. ↩︎
  21. Article consacré aux fourmis par une doctorante de l’IRD. ↩︎
  22. Voir le site Internet Ask Nature pour plus de détails. ↩︎
  23. En Belgique elle porte le nom de Formicoxenus nitidulus, de la famille des Formicidae ↩︎
  24. L’ectosymbiose est l’association mutualiste ou parasitaire (symbiose) entre un organisme vivant (l’hôte) et un ou plusieurs autres plus petits (ectosymbiote) qui vivent sur la surface de son corps ↩︎
  25. Bernard Boullard, Guerre et paix dans le règne végétal, Ed. Ellipse, 1990, p.155. ↩︎
  26. Peter Wohlleben, Le réseau secret de la nature, Ed. Les Arènes, 2019, p.69. ↩︎
  27. Heater Cambell & Benjamin Blanchard, Le monde des fourmis, écologie, anatomie, comportement, ed. Gerfaut, 2023, p.160. ↩︎
  28. Jean-Baptiste de Panafieu, Les bêtes associées pour le meilleur et pour le pire, ed. Gulf steam 2015, p.63. ↩︎
  29. C’est du vécu. Je suis arrivé à bout de fourmis qui infestaient ma cuisine. Le jus de citron naturel placé là où les fourmis sortent est radical. L’odeur reste imprégnée dans les galeries souterraines, durant plusieurs années. ↩︎
  30. Voir l‘article consacré à la cataire dans ce blog. ↩︎
  31. La Menthe pouliot est une plante odorante au parfum subtil et léger, rafraîchissant et mentholé. Son odeur est très fraiche et presque citronnée. ↩︎
  32. Un article a déjà été écrit sur le puceron dans ce blog. ↩︎
  33. Les fourmis se développent par métamorphose complète, en passant par trois stades successifs: œuf, larve, nymphe puis le stade adulte final dit parfait ou imago ↩︎
  34. Graham et Lorna Philpot, Anthony, l’as des fourmis, Ed. Abbeville, 1996. ↩︎
  35. J’ai écrit dans le blog un article intitulé Abeilles, fourmis et nœuds Hartmann qui montre la symbiose entre les deux espèces. blog Pas à Pas. ↩︎
  36. Cette araignée fait partie de la famille des Salticidae, c’est-à-dire des araignées sauteuses. En règle générale, ce sont les fourmis qui sont les prédatrices de cette famille d’araignées à l’exception de la Myrmarachne formicaria. ↩︎
  37. J’ai écrit un article, il y a quelques semaines sur le hérisson. ↩︎
  38. Le blaireau a été longtemps pourchassé en Belgique. Il se réinstalle chez nous timidement. ↩︎
  39. Collectif, Targeted treatment of injured nestmates with antimicrobial compounds in an ant society in Nature communication, 20231229. Lire l’article en cliquant ici. ↩︎
  40. Nous n’avons pas assez de place ici pour décrire cette fourmi pour nos amis Sénégalais. Nous leur donnons un lien qui leur permettra de mieux comprendre cette fourmi qu’on trouve chez eux. ↩︎
  41. La glande métapleurale est une glande exocrine avec la fonction de sécrétion lors des séances d’auto-toilettage de composés antimicrobiens et antifongiques (acide phénylacétique, myrmicinae) servant de défenses chimiques contre les pathogènes, mais d’autres fonctions ont été documentées chez certaines espèces ↩︎
  42. Pseudomonas aeruginosa, connu aussi sous le nom de bacille pyocyanique, bacille du pus bleu ou pyo, est une bactérie gram-négative du genre Pseudomonas. Plus de détails cliquez ici. ↩︎
  43. Campbell, Ibid., p.190. ↩︎
  44. L’endoscopie est un acte chirurgical très minutieux. S’il évite d’inciser les parois et permet de réaliser des interventions à l’intérieur des organes, il nécessite de manipuler des petits instruments chirurgicaux dans un espace très restreint. ↩︎
  45. Dans un article du Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) du 12 février 2024 ↩︎
  46. Jeremy Narby, Intelligence dans la nature, en quête de savoir, ed. Buchet-Chastel, 2017, p.77. ↩︎
  47. Ibid. p.78. ↩︎

・❥・ 28 décembre 2024

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