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Les parasitoïdes et le chou

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Temps de lecture : 3 minutes

Dans notre livre, nous avons parlé d’un cas de parasitoïde qui nous semblait remarquable en provenance d’un champignon 1. Mais cela nous paraissais loin parce que ce drame se déroule dans des pays tropicaux d’Amérique latine. Nous abordons aujourd’hui la relation qu’il peut y avoir entre le chou, une mouche et la piéride du chou. Nous avons entre-aperçu cette relation lorsque nous avons décrit le bleuet 2qui, somme toute, joue un rôle aussi fondamental que les trois autres.

Avant d’aborder cette incroyable machination, reprenons la définition du parasitoïde : Un parasitoïde, c’est un insecte dont les stades juvéniles vont se développer sur, ou dans un autre animal appelé hôte. A la grande différence des parasites, les parasitoïdes tuent obligatoirement leur hôte pour parachever leur développement. Alors qu’au contraire, si un parasite tel qu’un pou, un ténia ou une douve provoque la mort de son hôte définitif, il meurt avec lui. L’exemple illustré ici est celui d’un parasitoïde dit « koïnobionte« , un parasitoïde qui maintient son hôte en vie et en manipule la physiologie pour assurer le développement de sa propre descendance. L’hôte n’est tué qu’au moment final du développement du parasitoïde. Dans ce type d’interaction longue, le parasitoïde grignote lentement son hôte de l’intérieur, tout en épargnant sciemment ses organes vitaux et en jouant à cache-cache avec son système immunitaire. Et il ira parfois jusqu’à faire de l’hôte mourant le garde du corps de ses tortionnaires. 3

Le décor est planté

La pièce de théâtre peut commencer. Nous avons donc des choux Brassica oleracea que nous avons repiqué. Le chou sait qu’il a un ennemi perfide qui va le coloniser et le détruire, la piéride du chou Pieris brassicae. Mais cette chenille est convoitée par un parasitoïde nommée Cotesia glomerata. Celle-ci injecte ses œufs dans le corps d’une chenille au premier stade. Nous ajoutons des bleuets ou de l’achillée millefeuille pour clore ce joli tableau. 4

Rencontre entre une Cotesia glomerata et une Piéris brassicaca

Lorsque la Cotesia glomerata injecte ses œufs, la chenille tombe sous l’emprise des larves qui vont s’y développer. Les chenilles dévorent les feuilles de chou pour se nourrir ainsi que les larves qui se développent en elle. Au moment d’achever leur développement larvaire, les larves de C. glomerata percent la peau appelée cuticule de la chenille. Elles y arrivent grâce à leurs mandibules. Elles effectuent leur nymphose à l’extérieur. Dans la vidéo tournée par le National geographic, on voit que la chenille est toujours vivante et n’a pas l’air d’en souffrir. Dès que les larves sont sorties, la chenille va tisser un cocon de protection pour permettre le développement du parasitoïde et va en assurer sa protection en interdisant, par des mouvements assez violents qui pourraient s’approcher de ses « petits ».

Ces nouveaux arrivants sont en réalité des hyperparasitoïdes, des parasitoïdes dont l’hôte est lui-même un parasitoïde. Si tout se passe bien, une nouvelle génération de C. glomerata adultes pourra émerger de l’amas de cocons. Le cycle peut reprendre à son point de départ. Dès ce moment, la chenille meurt.

Le parasitoïde choisi une chenille. Laquelle ?

C’est ici que le chou intervient de manière remarquable. Le chou doit se trouver une parade globale pour que la chenille cesse de l’attaquer. On a vu que C. glometara choisissait une chenille qui est à son premier stade de développement. Elle donne assez de temps à ses œufs de se développer jusqu’à l’âge adulte.

C’est la feuille de chou grignotée par une Pieris brassicae qui est à son premier stade de développement qui va émettre une odeur particulière et qui va attirer une femelle C.glomerata pour y injecter ses œufs. Une feuille grignotée par une chenille au stade quatre n’émettra pas la même odeur. Le parasitoïde ne viendra pas y installer sa progéniture. La feuille du chou émet cette odeur comme signal d’alarme et d’un appel d’intervenbtion contre les Piéris de premier stade.

C. glomerata gouverne

Comment C. glomerata arrive à prendre possession à ce point de la chenille ? Non seulement, elle y pond ses œufs mais injecte différents liquides qui vont prendre le contrôle de la chenille. Quand elle injecte ses œufs par piqûre, elle couple les œufs avec un cocktail complexe de protéines qui prend la direction du cerveau de la chenille. Dans ce cocktail se trouve des virus spécifiques qui vont contrer la réponse immunitaire de la chenille.

Le fait de créer un cocon et de défendre ce dernier contre les hyperparasitoïdes est un ordre donné par une des protéines qui s’est logée dans le cerveau de la chenille. Elle ne réagit plus comme une chenille mais comme un agent de Cotesia glomerata. Après avoir rendu tous ces services, un dernier venin fera mourir la chenille.

Une pièce de théâtre qui fait froid dans le dos ? C’est cela aussi la nature

Il nous reste à insérer donc Achillée millefeuille et bleuet, deux plantes dont nous avons déjà parlé qui attire les parasitoïdes qui nous intéresse dans le cas de la protection du chou.pour permettre aux choux de se défendre.

D’autres exemples de parasitoïdes ?

Il y a bien d’autres cas de parasitoïde 5 comme la guêpe parasitoïde et le puceron du pêcher. Ce puceron s’attaque à cet arbre fruitier mais aussi le chou (encore !), la pomme de terre, le melon ou le poivron. La guêpe Aphidius colemani 6, pond ses œufs de la même façon que la C. glomerata, avec un appareil appelé ovipositeur dans le corps du puceron verts du pêcher Myzus persicaea. Cet insecte est un hémiptère de la famille des Aphididae.

La larve, en grandissant, va dévorer consciencieusement l’intérieur du puceron. La guêpe adulte sortira du puceron momifié et recommencera le cycle. Chaque guêpe est capable de pondre 300 œufs dans sa vie de 10 jours. Trois semaines plus tard, leurs descendants seront capables d’infecter 45.000 pucerons. C’est dire que ces guêpes sont efficaces pour réduire le nombre de pucerons dans une culture de pêcher.

Les arboriculteurs connaissent ce processus de lutte biologique en parsemant des momies de puceron dans lequel se trouve une guêpe presque adulte. Ces momies sont produites dans des fermes d’insectes.7 Elles peuvent être implantées dans un lieu à hauteur de 0,5 à 2 guêpes par m2 ! Ces guêpes-là ne s’attaquent qu’au puceron vert. Il n’y a donc pas de danger de la voir envahir nos espaces pour une autre fonction.

En conclusion…

Plus j’écris ce type d’article sur l’association plantes/animaux en vue d’une bonne protection naturelle de notre potager, plus je me sens révolté face à l’imbécilité de l’Être humain d’avoir cru dans la science des molécules de synthèse.

Cette science a détruit les équilibres de la biodiversité au point où les centres de recherches se sentent dépassés par leur responsabilité dès que l’on parle de lancer un tribunal pour écocide ! En relisant mon article avec, en tête la notion de mécanisme naturel, versus destruction, l’on se dit qu’il est peut-être encore temps de remettre la Nature au centre des préoccupations.

Les bleuets et l’achillée sont en voie d’extinction chez nous, il n’y a plus d’appel au secours possible pour le chou qui est dévoré en toute impunité par des Pieris de plus en plus résistante au produits phytosanitaires chimiques et qui n’ont plus de ravageurs pour les réguler. Je comprends le coté désespéré des centres de recherche agronomique qui n’arrivent plus à trouver des solutions techniques modernes pour contrer toutes ces sales bestioles qui polluent de plus en plus nos magnifiques campagnes désertes. 8

Allons restons optimistes. Je retourne au potager, il y a du travail à réaliser…

Géry de Broqueville

  1. Florian t’Serstevens et Géry de Broqueville, Pas à pas vers une terre vivante, 2020, p.297 ↩︎
  2. Pour lire cette article, cliquez ici. ↩︎
  3. La définition est donnée par Pascal Rousse sur le site Internet passion entomologie. La photo de C. glomerata, ci-dessus, provient du site Internet. ↩︎
  4. L’achillée millefeuille attire autant que le bleuet, les parasitoïdes. Nous avons d’ailleurs abordé cette plante dans ces pages sans toutefois parler de cette fonction. ↩︎
  5. Nous les découvrirons petits à petit dans ce blog. ↩︎
  6. Les adultes Aphidius colemani (Hyménoptère braconidé) sont de petites guêpes mesurant environ 3 mm de long. Elles ont des ailes foncées et un corps doré et noir. Les adultes sont identifiés par les veines présentes sur leurs ailes ↩︎
  7. Il en existe une de ces fermes en France qui s’appelle Bioplanet. ↩︎
  8. Le pompon est que plus on trouve des produits chimiques plus de nouveaux ravageurs apparaissent. A se demander si ce ne sont pas justement ces industries qui créent de nouvelles maladies pour inventer de nouveaux produits ! ↩︎
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