Dans la nature, les animaux ainsi que les plantes inventent de multiples formes qui leur permettent de s’adapter à des situations difficiles. Par mimétisme, un papillon peut prendre les mêmes couleurs que son prédateur pour l’en éloigner, l’orchidée peut émettre les odeurs des insectes femelles pour que les mâles assurent la pollinisation ou encore l’araignée peut prendre la forme d’une fourmi…
On a du mal à imaginer toute la panoplie inventée par les êtres vivants pour survivre dans un monde qui, somme toute, n’est pas aussi pacifique qu’on pourrait le croire. On peut sans contestation passer des heures à inventorier tous les stratagèmes qui font illusions chez les plantes et les animaux.
Il ne faut parfois pas aller très loin pour découvrir ces stratagèmes. J’étais dans le potager au niveau d’un des jardins des simples consacré aux plantes médicinales. J’ai vu une des fleurs de la Tanaisie bouger toute seule. Je me suis demandé si je n’étais pas fou. Mais un de ces boutons jaunes tournait sur lui-même !
Je suis allé voir ce phénomène d’un peu plus près pour comprendre ce qui se déroulait au sommet de la plante. J’y ai découvert une Mitsumena vatia qui est une araignée capable, en moins de deux heures, de prendre la couleur de son support. Ici, cette araignée faisant partie de la famille des Thomisidaea, a pris la couleur de la fleur de tanaisie. Bien que l’on voit un petit insecte sur la plante, l’araignée ne semble pas intéressée à moins que cette dernière l’avait déjà tuée pour se la réserver plus tard !
Un livre très détaillé
Je recommande la lecture du livre de Martin Stevens, « Les ruses de la nature » aux édition Buchet Chastel. L’auteur nous montre combien les êtres vivants sont ingénieux pour se transformer en fonction de l’environnement. Ainsi, sans aller plus loin, il y a deux grandes sortes de mimétisme : le batésien qui permet d’imiter un prédateur et les éloigner et l’agressif qui permet l’attaque et la destruction. Les leurres créés le sont à partir de la forme, de la couleur, des sons, et des odeurs.
J’insiste très souvent sur notre besoin d’observation de la nature de nos potagers. Elle a encore tellement de choses à nous apprendre. Les zoologistes commencent seulement à découvrir non seulement les capacités de mimétisme mais aussi les processus biologiques mis en œuvre par le monde du vivant pour une bonne adaptation à un milieu très souvent hostile.
Géry de Broqueville