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Dansons avec les limaces ! (IV)

La limace nous aime
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Temps de lecture : 5 minutes

Faisons le point avec les techniques utilisées pour diminuer la pression des limaces sur le potager. Nous avons expérimenter plusieurs techniques. Nous en avons ajouté l’une ou l’autre en plus. Voici un résumé des techniques que nous avons retenu pour notre potager « Pas à Pas vers une terre vivante ».

Parce qu’il s’agit bien de cela : porter nos pas vers une terre vivante. Cela me sidère de lire dls permaculteurs de tout poil, proposer d’éradiquer l’une ou l’autre espèce. Bien sûr, le gastéropode est l’ennemi public n°1. Je renvoie le lecteur au premier article publié (1) sur le sujet pour lui rappeler combien les petites chéries sont notre maître-choix pour enrichir le sol. Nous rappelons que le vert est là pour montrer que nous retenons la proposition, que l’orange est une proposition en phase de test et que le rouge est une pratique à abandonner.

Les mini-composts

Il est indéniable que la création de mini-compost au sein même de nos espaces de culture attire les limaces, là où nous le voulons. Ces mini-composts sont construits avec du grillage de poule, en cercle, en carré ou en rectangle de 30 x 30 cm maintenu verticalement dans le sol au moyen de 3-4 bâtons. Nous y déversons des herbes indésirables, des déchets organiques de cuisine. Les limaces entreprennent alors scrupuleusement de manger ces plantes mortes. Nous leur offrons ainsi le gîte et le couvert avec une générosité sans borne. Nous avons placé un mini-compost par bac, de préférence au centre, ce qui est amplement suffisant.

Apprendre à partager

En fin de compte, nous avons passé le temps du stress depuis fort longtemps. En effet, nous ne courrons plus après les limaces, avec notre lampe frontale, pour les pourchasser impitoyablement. Cette attitude n’est absolument pas permacole. Et si d’aventure, nous avons une salade ou un chou complètement ravagé, nous le laissons telle quel. Nous n’allons pas retirer le moignon par dépit. Lors d’une formation, j’ai fais l’expérience de retirer un chou en train de se faire dévorer alors que les autres restaient intacts. J’avais parié avec les participants que durant la nuit les limaces allaient commencer à manger le chou voisin. C’est exactement cela qui s’est passé.le lendemain, le chou était entamé. Il ne faut donc jamais retiré le légume atteint. Au fond, c’est normal puisqu’un chou attaqué est un chou qui s’affaiblit. Et plus, il s’affaiblit, plus il sera attaqué. Le chou se sait-il sacrifié ? Accepte-t-il sa vocation de distraire les voraces vers lui pour permettre aux autres choux de s’en sortir ? En tout cas, pour nous les humains, membres de la fraternité des êtres vivants, le sacrifice du chou, nous apprend cette notion fondamentale du partage.

Comme l’arbre qui partage sa nourriture avec les autres plantes, ne serait-ce pas la même chose entre le chou et la limace ? et par extension, puisque nous savons que le combat contre les gastéropodes est perdu d’avance, n’est-il pas temps de considérer la limace comme un auxiliaire pour notre sol ? N’est-il pas temps de remercier la limace pour cet enrichissement, en lui partageant cette nourriture donnée par notre sol ? N’oublions pas que tout est lié dans la nature : nous, les limaces et les choux !

Augmenter la biodiversité

Nous avons parlé de tous les éléments qui nous permettait de réguler pacifiquement les limaces sauf un seul… les autres animaux. Mine de rien, ils ont leur mot à dire dans cette belle aventure de recherche de l’équilibre.

Il y a deux insectes amateurs de limaces : la larve du vers luisant est une grande prédatrice de la limaces et d’autres larves. Elles leur injectent un venin qui les paralyse et les liquéfient de façon à les ingérer. Le carabe est un insecte de l’ordre des coléoptères. Vous ne verrez pas le carabe des bois puisqu’il ne vit que la nuit et dévore les larves d’insectes et de limaces. construisez de petits abris naturels avec des pierres et des branchages pour les attirer non loin du potager.

Chez les batraciens, la grenouille, par exemple, est enchantée de la présence des limaces. Elle s’attaque aux limaces en fonction de leur taille. Le crapaud mange les grosses limaces.

Chez les mammifères, le hérisson est un extraordinaire auxiliaire du potager. Ce mammifère, menacé d’extinction, est un amateur de gastéropodes. Si vous en avez qu’un, c’est déjà cela. L’idéal est d’avoir toute la famille sous la main. Donnez lui un gîte et de l’eau pour le pousser à rester chez vous. Si vous possédez un chien ou un chat, éduquez-les à ne pas transformer le hérisson en ballon. Il en va de même avec les enfants. Ne les touchez pas, ils sont vecteur de maladies. Si vous vous êtes débarrassé des taupes, vous comprendrez pourquoi les limaces emplissent le potager. La taupe en raffole.

Quelques volatiles apportent un soutien non négligeable à votre aversion pour les limaces. La grive musicienne (Turdus philomelos), est un amateur redoutable de limaces, escargots et chenilles. On en trouve encore en Wallonie. Placez un nichoir pour les grives que l’on entend chanter tôt le matin et tard le soir. Le canard coureur indien est un véritable prédateur des limaces, mais si l’on y prend pas garde, il devient le ravageur de nos salades. Il mangera tout ce qui lui passe sous le bec ! A surveiller de près, d’autant qu’ils doivent être présents par couple. Ces grands gourmands mangent tout sur leur passage quand ils auront faim. Il en va de même de la poule qui d’entrée de jeu, ravage la totalité de votre jardin, ce y compris, les plantes vivaces. Éradiquer la limace de son potager, ce n’est pas une attitude très permacole. Et puis comment enrichir le sol quand il n’y a plus de limaces ? Bien sûr nous n’oublions pas la poules dont nous avons parlé dans la troisième chapitre.

Dansons donc avec les limaces

En conclusion, il nous reste à résumer les actions conjointes qui nous permet de limiter le nombre de limaces dans notre potager, en sachant que, de toutes façons, elles sont là et qu’elles nous sont utiles !

  • Nous utilisons donc avec bonheur le fenouil comme plante hôte.
  • Les rails pour Gyproc sont toujours bien fixés aux bacs.
  • La tonte de pelouse placée autour des plantes limite l’arrivée des limaces.
  • La bande de cuivre autour des jeunes plants est un premier obstacle bien que certaines limaces plus téméraires passent outre ce rempart.
  • La dissémination des plantes aromatiques dans le potager limite l’accès des gastéropodes.
  • Les mini-composts attirent les limaces vers ces points névralgiques.
  • Nous acceptons de partager la nourriture.
  • Nous augmentons la biodiversité.
  • Et nous apprenons à partager….

Et surtout, prenez le temps d’observer la faune qui se trouve dans votre jardin, facilitez sa venue mais aussi préservez-la, tout en acceptant la présence des limaces qui sont l’une de leurs principales sources de nourriture. Tout est dit à propos de la limace et de l’escargot ! Comme tout est lié dans la nature, votre potager deviendra l’organisme vivant décrit tant par Rudolph Steiner en biodynamie que par Bill Mollisson, en permaculture.

Géry de Broqueville

(1) Cet article a été suivi par un deuxième article daté de 2018. L’année suivante, nous avons complété nos expériences par un troisième articles. Ayant fait le tour de la question, il est probable que nous n’abordions plus le sujet avant longtemps !

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