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Table des matières

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La ronce

fruit de la ronce
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Temps de lecture : 11 minutes

C’est peut-être une drôle d’idée que de parler de la ronce. Cette plante est une mal-aimée dans le potager. Elle s’insinue à travers les plantes pour chercher la lumière et ainsi continuer son inextricable progression loin de son pied d’origine. Si l’on n’y prend garde, elle colonise des espaces immenses pour étouffer bon nombre d’autres plantes. Elle est annonciatrice de la forêt renaissante. Tout est dit de la ronce ? Loin delà ! Dans les temps passés, la ronce a servi de barrière pour défendre le village et entouré les prairies à bestiaux. Le bois de ronce a même été utilisé pour faire des meubles. La ronce a aussi beaucoup d’atouts pour soigner les maux des hommes et des animaux. De plus, elle est nourricière…

Quand j’étais petit…

Je me souviens de la prairie où paissent les moutons de race que ma grand-mère élevait dans le verger. Mon grand-père y a planté des pommiers mais aussi une rangée de mélèze, plein sud, pour donner de l’ombre aux bêtes. Dans le haut de la pente, il avait planté des noisetiers, un Ginko biloba et quelques autres arbres dont je ne me souviens plus des noms. A la mort de mon grand-père, cette prairie est passée chez ses deux filles qui ne l’ont plus entretenue. A la mort de ma mère, j’ai hérité de ce morceau de terre dans lequel je n’avais plus mis les pieds depuis au moins quarante ans.

Je reçois un appel téléphonique de la commune m’indiquant qu’il est temps que je m’occupe de cet espace, certains arbres menaçant de tomber sur les maisons voisines. J’arrive dans le lieu et ma surprise est totale. Cette terre est devenue une jungle de ronces. Je n’ai jamais vu un tel roncier d’une hauteur de plusieurs mètres. J’appelle un jardinier, ancien participant à nos formations, pour nettoyer, arracher, broyer cette plante invasive.

Après autant d’années, le roncier avait fait son œuvre. Point de pommiers ne se trouvait encore dans cette prairie. Les noisetiers avaient proliféré les uns à côté des autres formant une haie opaque, plein sud. Les petits mélèzes étaient devenus énormes. Le Ginkgo était bien là mais n’avait pas beaucoup grandi. (1)

La patience d’une ronce

La tâche est énorme que de combattre le roncier. Mais fallait-il le combattre comme je l’ai fait ? A peine le terrain nettoyé du roncier, que les racines non déterrées, relancent des tiges, certes, plus timides, moins puissantes, plus sournoises. La ronce attendra son heure pour recoloniser l’espace. Car la ronce annonce le renouveau de l’espace. Elle est annonciatrice de la forêt.

Mon grand-père me disait toujours : La nature a horreur du vide, elle colonisera toujours ce que tu laisses inoccupé. Il avait raison. J’ai fait la même expérience, chez moi, avec une pelouse non tondue. J’ai découvert des géranium sauvages, des chênes, des érables, des pissenlits, des jonquilles sauvages, des fougères aigle et… des ronces. Or ces dernières ne se trouvaient ni dans mon terrain ni dans celui de mon grand-père. Pourtant elles vivaient, tapies, attendant leurs heures pour éclore. Chaque fois que la main de l’homme abandonne une parcelle de terre, la ronce apparaît.

La ronce est-elle réellement sournoise ? Si elle annonce une reprise en main d’un espace par la nature, n’est-elle pas en train d’être au service de la nature. Elle recouvre des espaces vides créés par l’homme. Dans l’ordre du monde naturel, la prairie n’est-elle pas une balafre, une cicatrice, dans un endroit qui devrait être peuplé d’arbres ? Et pourtant l’homme avait besoin de cet espace pour y mettre des moutons et des pommiers nourriciers ! Une graine de ronce va donner un enchevêtrement de 15 m2 en quatre ans ! C’est dire que la ronce prendra son temps pour coloniser l’espace.

Un sous-classement botanique

Il a été très difficile de placer la ronce dans une catégorie. Elle est capable de ramper et d’atteindre 8 à 10 m de hauteur. Ses tiges non ligneuses font rarement plus de 3 cm de diamètre et ne vivent que deux ans. La ronce n’est pas un arbre, n’est pas une plante herbacée, elle aurait plutôt un port buissonnant. Les botanistes ont créé une sous-catégorie du buisson : les arbrisseaux sarmenteux. Ils peuvent ainsi y loger la ronce mais aussi la vigne et la clématite. Les lianes se trouvent aussi dans cette catégorie. Le mot sarmenteux indique que la plante fait des tiges qui peuvent atteindre plusieurs mètres de long.

Le nom de la famille est Rosacées comme tous les arbres fruitiers mais aussi les Rosiers ou l’Aigremoine. Dans la famille des Rosacées, nous trouvons donc le genre Rubus. Il existe au moins 1000 ronces différentes qui poussent du littoral jusqu’à 2,500 m d’altitude. Elle s’adapte à tous les sols. Dans nos potagers, le Rubus le plus connu est le framboisier. Nous parlerons en détail de ce Rubus dans un futur article.

Beaucoup de ces Rubus sont des cultivars de la ronce commune. Cette dernière porte le nom de Rubus fruticosus. Pour des néophytes comme nous, il est très difficile de distinguer les nuances qui leur donneraient des noms différents. Nous laissons cela aux botanistes spécialistes qui, parfois, y perdent leur latin dans les méandres des ronciers. La caractéristique de base des Rubus est que le fruit se développe la seconde année sur une tige semi-ligneuse alors que l’année d’avant la tige était herbeuse. Après fructification la tige meurt. La ronce est parfois appelée mûrier des haies, mûrier sauvage ou ronce ligneuse.

La ronce pique !

Les Grecs appelaient cette ronce le « sang des Titans », parce qu’elle était supposée provenir du sang répandu par ceux-ci au cours de la lutte qu’ils durent soutenir conter les dieux. Ses longs rameaux rampants armés d’épines acérées, ses feuilles non moins piquantes et agressives, jusqu’au pédoncule des fleurs, toute la plante est hérissée, de sorte qu’une cueillette de mûres laisse toujours des traces sur la peau, même si la récompense – dessert ou confiture – vaut bien quelques égratignures. (2)

Les ronces donnent parfois des souvenirs cuisants pour ceux qui sont tombés dans un roncier. Les griffures sont parfois profondes tant la Ronce possède de puissants aiguillons. Pourtant toutes les ronces ne sont pas égales devant la loi des aiguillons. Certaines ronces ont des aiguillons souples qui ne provoquent aucune blessure. Certaines sont inermes, c’est-à-dire sans épine. Ce sont généralement des ronces issues d’une sélection agricole. Ces ronces inermes sont l’exception qui confirme la règle.

Rien que des poils ?

Or ces épines sont en réalité des poils. Ces derniers se sont développés de manière différente que celle des autres plantes où le poil est plus doux. Ce sont des cellules épidermiques qui se développent en saillie sur les tiges. Dans le cas de la ronce l’épine est sous forme de crochet. Cela permet à la plante de s’accrocher pour pouvoir grimper le plus haut possible. D’autres plantes développent ce type d’épine pour avancer. Le cas de la bardane est intéressant, ses fleurs et donc ses graines sont entourées d’épines pour qu’elles s’accrochent aux poils des animaux qui vont ainsi la semer ailleurs. La bogue de la châtaigne forme une armure pour protéger la maturation de la future graine. Certaines plantes se défendent contre l’intrus comme l’Acacia, l’Aubépine ou l’Ajonc.

Une autre constante chez les Rubus est son fruit. Ce dernier est en réalité un agglomérat de fruits appelé drupes. Chaque drupe ne contient qu’une seule graine. C’est le fruit qui va être l’élément de différenciation entre la mûre et le framboisier. Le fruit de ce dernier n’est pas solidaire de son réceptacle. Il se détache facilement au moment de la cueillette. Le réceptacle reste dans le fruit pour la mûre.

Les ronces au potager

Ce titre n’est pas trompeur. Il s’agit bien de parler des ronces qui ont décidé de s’installer au potager, alors que l’espace est occupé par la main de l’homme de manière constante. Nous ne devrions pas en avoir. Notre potager est voisin d’une ancienne prairie à chevaux qui est de plus en plus colonisée par les ronces. Ces ronces finissent par arriver subrepticement chez nous. Il n’en est pas de même à Éghezée où certaines parties du potager ont été envahies par des ronces tenaces. Dernièrement encore Florian a réussi à déraciner un de ces monstres qui enlaçait un pommier, non loin d’une des serres.

Il s’agit de la Ronce commune Rubus fructicosus à fruit noir que l’on rencontre dans les haies, au bord des ruisseaux, dans les friches, les terrains vagues (ce qui est bien la définition d’ancienne prairie). Ses fruits commencent à devenir blanc puis passe au rouge pour devenir noir et sucré au moment de la maturité. Les fruits comportent environ 50 drupéoles.

La Ronce bleue Rubus caesius se trouve en Belgique. Elle est moins connue que sa consœur. La couleur bleue de ses fruits a donné son nom à la plante qui ont, en réalité, des fruits noirs. C’est une fine pellicule cireuse bleue qui protège chaque drupe qui donne cet aspect bleuté. On la retrouve dans les champs cultivés, aux abords des chemins, des haies et des fossés. Cette ronce apprécie la sécheresse et les sols pauvres contrairement à sa grande sœur. En effet, elle est beaucoup plus petite et ne dépasse pas les 80 cm. Les épines sont molles et ne piquent pas.

Création de biodiversité ?

Il est peut-être temps de voir la ronce autrement. Et si elle était un allié objectif pour retrouver de la biodiversité. On sait qu’elle répare nos excès et les blessures faites par nous à la Nature. Lorsqu’un sylviculteur réalise une coupe à blanc, rapidement les ronces vont coloniser l’espace s’il reste trop longtemps mise à nu. La ronce oxygène le sol et lui donne une structure correcte. Le sol retrouve des caractères biologiques qu’il a perdu par l’exploitation agricole.

Le roncier permet l’établissement d’une faune locale. Il faudrait une quinzaine d’années pour arriver au même résultat avec une haie vive, là où le roncier n’en mettra que deux ! Ce dernier devient le gîte du lièvre, du muscardin (3), du hérisson, etc. Le renard raffolent de la mûre. (4) Au rayon des oiseaux, on y trouve la pie-grièche (5), les fauvettes (6). Le roncier est donc un abri pour un grand nombre d’animaux en voie de disparition.

Comme nous l’avons vu ci-dessus, la ronce au-dessus du sol meurt au bout de la deuxième année. Le centre de la tige est évidée par des insectes qui se nourrissent de sa moelle tendre. Elle devient un gîte pour de nombreux insectes qui y dépose leurs larves comme le font si bien les abeilles solitaires. Si le potagiste place des hôtels à insectes, c’est parce qu’il ne laisse pas un roncier se développer dans la zone sauvage de son potager. A l’instar de l’ortie, la ronce offre le logis et le couvert à bon nombre d’insectes tant nocturnes que diurnes. Les abeilles se délectent du pollen de ses fleurs mais aussi le bombyx de la ronce (Macrothylacia rubi) à ne pas confondre avec le bombyx du murier (voir note 14), le petit paon de nuit (Pavonia pavonia), l’herminie (Herminia tarsipennalis) et bien d’autres chenilles et papillons.

La ronce est le berceau de l’arbre

La ronce est étroitement lié au monde animal comme nous venons de le voir. Le monde végétal a besoin aussi de la ronce pour vivre. Les racines de cette dernière vont rendre le sol plus meuble ou souple. Les graines des petits arbres (chêne, hêtre, bouleau…) vont pouvoir éclore facilement dans cette terre légère. De plus quel est le ravageur qui oserait entrer dans le roncier pour manger sa proie. La ronce est donc un bon protecteur. Il est indéniable que si l’homme n’intervient pas, la ronce est annonciatrice de la reconquête de la forêt et donc de la Nature. Il y a tout de même un gros bémol à cette vision idyllique du retour à la forêt s’il n’y a pas d’intervention humaine. La richesse des prairies où une faune et une flore se mélangent voluptueusement finira par disparaître pour laisser un sol plus pauvre, momentanément (7). Cela veut dire aussi que l’intervention humaine à bon escient est porteuse de richesse et de diversité.

La racine de la ronce est d’une robustesse étonnante. Elle peut être très profonde et va donner des drageons à grande profondeur qui remontent à la surface par moultes chemins même empierrés pour se propager loin du pied mère. La ronce est indicatrice de la bonne santé du milieu.

Ses biotopes et les bio-indications

Le biotope primaire du Rubus fruticosus sont les clairières et les lisières forestières des vallées alluviales, des plaines et des montagnes. Pour ce qui est du Rubus caesius, on le trouve dans les vallées alluviales, les forêt alluviales et les ripisylves (8)

Le Biotope secondaire est caractérisé par le R. fruticosus par les chemins et lisières forestières, les coupes de bois et les petits bois résiduels. Le R. caesius se retrouvent sur les, les cultures comme la vigne et les bergers, les terrains vagues, les ruines et les décombres. talus des routes et des chemins

La présence de Rubus fruticosus indique un engorgement des sols en matière organique (MO) végétale archaïque. C’est une espèce qui pousse plus à l’ombre qu’à la lumière. Le R. Caesius indique un engorgement des sols en MO d’origine végétale avec une carence en MO animale. Cela indique aussi qu’il y a un fort contraste hydrique. Elle est un bon indicateur de la présence de zones traumatisées par l’activité humaine.

Comment limiter son développement ?

La solution classique est d’attaquer avec une débroussailleuse ou une faux, le roncier, tous les ans, voire plusieurs fois par an. Cela limitera la propagation de cette plante invasive. Mais peut-être que les intentions de la voisine du potager de Hoeilaert est la recréation d’un espace sauvage ?

L’éleveur voit avec terreur la ronce envahir sa prairie. Le bétail peut être friand des jeunes pousses et limitera l’extension de la ronce. Mais s’il s’en désintéresse, il n’osera jamais s’attaquer aux sarments plus âgés qui auront pris de la graine en faisant pousser ses épines. L’animal aura tôt fait d’abandonner cet espace. C’est bien ce que nous voyons dans la prairie voisine de notre potager de Hoeilaart. Les mouton n’ont plus leur place dans celle-ci avec des ramifications qui commencent à parcourir le sol en tout point de cette ancienne prairie. Chaque année la voisine devrait s’attaquer au roncier qui prend des proportions de plus en plus importantes. Se sentant menacé, le propriétaire de notre espace potager débroussaille la ronce envahissante, juste avant la journée porte ouverte de notre espace nourricier.

A la fin de la saison d’été, il faut aussi tailler toutes les tiges qui tombent sur le sol. Celles-ci vont se marcotter pour créer de nouveaux réseaux de racines. En hiver, il est intéressant de créer une zone d’environ 50 cm de large autour du roncier, exempte de toutes racines. Cela empêchera le roncier d’avancer ses tentacules.

Or le caractère bio-indicateur de cette plante permet de montrer qu’il n’y a pas assez de MO d’origine animale. Une manière d’équilibrer le sol est alors de répandre du fumier de vache de préférence pour limiter rapidement l’engorgement de MO végétales. (9) Mais attention, ce n’est pas tout ou rien, il faut trouver un subtil équilibre pour retrouver une bonne quantité d’humus.

Utilisation de la ronce

Il est probable que la ronce ait été utilisée comme renforcement des remparts de défense des habitats humains dans les temps très anciens. La ronce a été utilisée depuis environ 8000 ans en vannerie pour assurer les liens et le renforcement des objets ainsi fabriqués. La ronce ainsi travaillée, assouplie devient un lien. Ce lien a permis d’attacher la vigne ou les pieds de tomates.

Pour ce faire, il faut éliminer les épines de la tige. Ainsi fait, la tige devient plus souple et est d’une grande robustesse et… durable. La ronce a servi ainsi de lien pour les paillassons, les toitures en paille ou en chaume, les boudins de paille de seigle pour confectionner des ruches et autres objets de vannerie. Là où la ronce existe, elle a été utilisée pour renforcer la solidité des objets.

La ronce d’un an est utilisée pour les petits paniers ou les paillassons. Celle de deux ans servira pour des séchoirs à fruits ou des liens pour de plus gros objets. Ce qui est sûr, c’est que comme lien il faut privilégier la tige d’un an qui est plus souple.

Mille et une nuance de gris

La ronce est donc une plante tinctoriale. Ce sont les feuilles et les tiges qui servent pour la couleur grise. Cette utilisation est très ancienne. Le traité le plus ancien qui existe encore actuellement date de 1548, publié à Venise. La ronce y est décrite comme la plante qui va donner toutes les nuances du gris clair au gris foncé.

Ce sont les ronces du printemps qui sont à récolter. C’est à ce moment-là qu’elles contiennent le plus de tanins (de 5 à 14 %). Associée à du sulfate de fer (mordançage), elle va donner un gris plus foncé. Ces couleurs sont très résistantes à la lumière et au lavage. Les mûres donnent du violet. Cette couleur n’est pas stable et risque de devenir bleue dès le premier lavage dans une eau savonneuse.

La ronce soigne

Tout ou presque sert aux soins…

La ronce comme nous l’avons vu, est puissante et exubérante. Nos ancêtres l’ont utilisée depuis fort longtemps pour se soigner. Tous les Rubus possèdent les mêmes principes actifs.

L’infusion de feuilles permet de lutter contre la diarrhée. En gargarisme les bourgeons lutte contre les inflammations buccale et sur la système respiratoire, dont l’angine.

Les mûres et les feuilles ont une vocation sédative. Le fruit contient de la vitamine A, B, C et E en grande quantité. Chaque feuille de 100 g contient 90 mg de vitamine C. Ce qui est énorme. Le fruit apporte à l’être humain du magnésium et du fer. Elle possède des oligo-éléments comme le cuivre, le manganèse et le zinc. Plus le fruit est noir, plus il contient des pigments antioxydants. La ronce est une plante aux multiples vertus. (10)

Les mûres contiennent jusqu’à 14% de glucides dont 4 à 7% de sucre. Les acides organiques comme le malique et le citrique s’y trouvent à hauteur de 0,5 à 1,5%. On y trouve aussi du mucilage, des pectines et des pigments anthocyanes.

Et si les épines de la ronce vous griffent jusqu’au sang, il suffit de frotter la feuille d’une ronce, sur la blessure pour refermer la plaie ! La ronce vous griffe pour se défendre et vous donne le médicament pour vous soigner. C’est magnifique cela ! Rien que les épines apportent déjà des solutions pour le soin des muqueuses qui sont des tissus fragiles. Quel contraste ! Ce qui fait le plus mal peut aider le plus fragile !

La médecine chinoise utilise les baies vertes concassées pour la dégradation osseuse, l’insuffisance sexuelle. Elle est aussi diurétique. (11) Et que dire des sirops de Mûres dont il existe quelques recettes comme le sirop de vinaigre ou le thé médicinal qui permettent d’apporter un mieux-être général à notre corps.

En cuisine

Ne cueillez pas toutes les fleurs pour vous laisser la chance d’avoir de magnifiques fruits et du nectar en quantité pour nos amis les pollinisateurs

Le chef ne se limitera pas à l’usage classique de l’utilisation de la Mûres en cuisine, en réalisant gelées et confitures. Les jeunes feuilles des bourgeons terminaux à peine éclos associés à d’autres légumes ravissent l’amateur de potage. Les fleurs, débarrassées du pédoncule piquant, sont comestibles et peuvent décorer les plats. Les jeunes tiges printanières, dès qu’elles sont pelées et cuites à la vapeur, sont un met de choix.

En liquide, la Mûre se retrouvent sous forme de jus, de vin, de fortifiant, de cordial, de toniques, de crème, de liqueur, de vinaigre, de thé, de sauces. Pour les desserts, nous la retrouvons dans les douceurs, les gâteaux, les tartes, les clafoutis, les crumbles, les mousses, les semoules et les brownies. Dans les desserts glacés, nous les trouvons sous glaces d’onctuosités différentes et sorbet. Bien sûr, les Mûres se retrouvent dans les gelées, les marmelades, les pâtes, les beurres…

Il faut reconnaître que l’ensemble des recettes concerne uniquement le fruit qui se conserve pasteurisé, congelé, en pâte de fruit ou en sirop. (12)

Et dans le potager ?

Une expérience a été menée par l’Université de Milan, en 2016, montre que la complantation du cépage Pinot noir avec de la ronce noire (Rubus laciniata) augmente significativement certains composants aromatiques des grappes de raisin. Ce ne sont pas de nouveaux arômes qui sont apparus mais bien un renforcement de certains arômes. Cette expérience est intéressante parce qu’elle montre une autre utilité insoupçonnée de la ronce au sein d’un espace cultivé. (13)

Nous ne connaissons pas à l’heure actuelle des pratiques comme l’extrait fermenté de ronce pour venir en aide aux potagistes. Rien que le fait de posséder, non loin de son potager, un roncier, est probablement l’aide la plus pertinente qui soit, en termes de protection de la biodiversité, comme nous l’avons vu ci-dessus.

En conclusion

Comme nous l’avons vu maintes fois, la ronce a plus d’un tour dans son sac. Cette plante née sous le signe de la planète Mercure se plaît dans l’élément Air. Elle correspond aux divinités Artémis-Diane et Athéna-Minerve. Ses pouvoirs sont autant de l’ordre de la protection et de la puissance virile, Tout cela pour dire que depuis des temps immémoriaux, la ronce a des fonctions que nous devons absolument retrouver dans nos potagers pour le plus grand bonheur de nos plantes et de notre santé.

Quelques heures avant la parution de cet article, une participante à la formation 10 mois me signalait, avec assurance, que la ronce produisait un fruit portant le nom de mûron tandis que la mûre était le fruit du mûrier. J’ai tressailli avec un grand moment de solitude. Je ne connaissais pas le muron. Après vérification, le termes mûron est à la transcription usuelles de la mûre. Les habitants, dans certaines régions de France l’appellent le meuron.

La confusion porte sur le fait que la mûre est le fruit de la ronce et du mûrier Ce dernier est un arbre, de la famille des Moracées de 10 à 15 m de haut. (14) Cet arbre n’a rien avoir avec le mûrier-ronce malgré le fait que les fruits sont identiques d’aspect. Certaines espèces de mûriers donnent des fruits sucrés et savoureux avec des couleurs qui peuvent varier du blanc au rouge, en passant par le jaune et le rouge. La mûre de la ronce est toujours noir à maturité.

Géry de Broqueville

  1. Étant un arbre qui a aussi une jolie histoire dans ma famille, je vous la raconterai dans un autre article.
  2. Jean-Marie Pelt, Des fruits, Librairie Arthème Fayard, 1994.
  3. Le Muscardin est nocturne et il hiberne (comme les autres Gliridés). Bien qu’il soit présent en Belgique, il est difficile à observer puisqu’il est nocturne et se cache au plus profond des ronciers entre mai et octobre. Le reste de l’année, il est en léthargie.
  4. La graine de la mûre a une fécondité inférieure à 20 %. Mais quand la graine passe par le transit intestinal du renard, la graine est boostée au-delà de 35 % de réussite. Chaque fois que le renard se lâche dans la nature, ce n’est pas moins de 1500 graines qui auront des chances de germer dans des lieux que l’érosion menace. La nature est bien faite. Merci Mr le renard !
  5. La Pie-grièche écorcheur est un oiseau migrateur qui confectionne un garde-manger pour les jours de disette en épinglant ses proies sur des épines de ronces ou d’aubépines.
  6. Les mûres sont par ailleurs vitales pour de nombreux oiseaux migrateurs, comme les fauvettes. Celles-ci cherchent les mûres pour s’en nourrir durant les étapes migratoires.
  7. Momentanément parce que le roncier annonce un enrichissement du sol par l’apparition de nouvelles variétés que le sol n’a pas connu depuis longtemps. Après le roncier s’établira une nouvelle biodiversité vers une étape de la terre nourricière.
  8. Ripisylve : Formations végétales qui se développent sur les bords des cours d’eau ou des plans d’eau situés dans la zone frontière entre l’eau et la terre.
  9. Gérard Ducerf, L’encyclopédie des plantes bio-indicatrices, alimentaires et médicinales, guide de diagnostic des sols, Ed. Promonature, 2017, Volume 1, p.2080 et 281.
  10. S.G. Fleischhauer & Co, Plantes sauvages comestibles, Ed. Ulmer, 2012, p.134.
  11. Guy Fuinel, L’audace et les plantes, Ed. Amyris, Collection Florilège, 2005, p.69.
  12. Toutes les recettes se trouvent dans le livre de Bernard Bertrand, Pour l’amour d’une ronce, Ed. Terran, 2008.
  13. Léa et Yves Darricau, La vigne et ses plantes compagnes, Ed. Rouergue, 2019, p.123.
  14. Le murier blanc (Morus alba) est un arbre originaire de Chine. Cet arbre y a été largement cultivé depuis plus de 4000 ans comme source d’alimentation du ver à soie, la chenille du papillon Bombyx mori (le bombyx du mûrier), qu’on élève pour la production de la soie.
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