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Les pucerons

・❥・ Fondamental pour la biodivesité

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Il paraît qu’en 1758, Carl von Linné ne sachant pas comment qualifier cette espèce qui se reproduit à une vitesse vv’, lui donne le nom latin aphis. L’origine de ce nom n’est pas claire, mais il pourrait provenir du grec apheidēs, signifiant « sans parcimonie », en référence soit à la vitesse de reproduction des pucerons soit à leur appétit. Parce qu’il s’agit bien des deux critères qui définissent le puceron ! Sa reproduction et son appétit. Rien de plus ?

Description du puceron

Les pucerons appartiennent à la famille des Aphidoidea dans le genre Hemiptera. Les Aphidoidea, ainsi que les familles des Adelgidae et des Phylloxeridae étroitement apparentées, ont probablement évolué à partir d’un ancêtre commun il y a environ 280 millions d’années. Le nombre total d’espèces augmente considérablement avec l’apparition des Angiospermes il y a 160 millions d’années, ce qui permet aux plantes à fleurs de se diversifier et entraîne ainsi la spécialisation des pucerons. 1

Les autres insectes les plus connus qui en font partie sont les aleurodes, les cicadelles et les cochenilles – les punaises vraies, etc. Ces insectes suceurs de sève, à capacité de reproduction élevée, sont nuisibles pour un large éventail de cultures protégées et de plein air à travers le monde.

Environ 5 000 espèces de pucerons ont été décrites, toutes comprises dans la famille des Aphididae. Les autres familles de pucerons sont toutes éteintes. Environ 400 d’entre elles se trouvent sur des cultures vivrières et des plantes à fibres, et beaucoup sont de sérieux parasites pour l’agriculture et la sylviculture, ainsi qu’une gêne pour les jardiniers.

La morphologie du puceron

Puceron de la bette_Photo prise au microscope

Les pucerons sont des insectes dont la longueur du corps, comprise entre 1,2 et 4 millimètres, est partagée en trois régions bien différenciées : la tête, le thorax et l’abdomen. La tête possède une paire d’antennes, des yeux composés et le rostre 2, organe nourricier. Le thorax porte trois paires de pattes et, chez les formes ailées, deux paires d’ailes. L’abdomen, de pigmentation claire à foncée et de forme allongée à ronde, se caractérise par la présence ou non d’une paire de cornicules 3 et d’une cauda4. Ils ont de longues et fines pattes avec un tarse 5 à deux articulations et deux griffes.

Le système de reproduction

Au printemps, les premiers pucerons sortent des œufs où ils ont passé l’hiver. Ils commencent immédiatement à se reproduire. La particularité est que jusqu’à l’automne, il n’y a que des pucerons femelles qui donnent naissance à des bébés pucerons.

Puceron ailé. Photo prise au microscope sur un cahier d’écolier (carré de 5mm de coté).

Ils ont un extraordinaire potentiel de reproduction. En automne ou lors de mauvaises conditions, ils peuvent se reproduire normalement de façon sexuée. Les œufs seront protégés du froid notamment par les fourmis 6 qui les apportent dans leur nid. Les œufs sont capables de résister à des températures de -20°C. Ils engendrent des individus ailés et peuvent ainsi se propager. Si les conditions sont optimales, les femelles passent à la reproduction asexuée (parthénogenèse) et n’engendrent que des descendants femelles. A leur naissance, les filles portent déjà en elles la prochaine génération de filles. On compte ainsi des nombres astronomiques de descendants femelles, jusqu’à 200 000 par saison.

Les pucerons ont une faculté de reproduction à toute épreuve. Une femelle peut donner naissance à des milliers de pucerons sur une année. Il est effrayant d’apprendre que les pucerons peuvent donner naissance à des jeunes déjà enceintes ! 7

Le puceron est transmetteur de virus

Puceron de la ciboulette dans la serre de Hoeilaart

En perçant la plante et en se nourrissant des sucs de la plante, les pucerons infectent la plante avec un virus. Au total, le puceron peut transmettre 40 virus, sans être inquiet pour lui-même. Chaque plante peut être infectée par un ou plusieurs virus. Comme les virus ne peuvent pas vivre en dehors d’un hôte, ils ont besoin d’un porteur spécifique pour se propager dans les cultures. Cela peut se faire par l’intermédiaire d’insectes, notamment les pucerons, les aleurodes, mais aussi par le sol ou d’autres champignons, le pollen, par greffage ou les graines. Les pucerons sont de parfaits vecteurs de virus.

Transmission des virus de deux façons

  • Les virus non persistants sont des virus qui se transmettent par le toucher ou mécaniquement. Le puceron, après avoir passé du temps sur une plante malade, peut le transmettre à d’autres plantes saines. La salive du puceron infecté est injectée dans une cellule de la nouvelle plante. La durée de présence du virus au sein du puceron est de une à deux heures. Comme les pucerons restent souvent de longue période sur une même plante, le taux de transfert des virus n’est pas grand. Il devient grand lorsque la colonie devient trop importante et certains pucerons auront des ailes pour coloniser une autre plante.
  • Les virus persistants sont des virus qui ne sont transmis par les pucerons qu’après un séjour temporaire dans les organes digestifs du puceron lui-même et qui pénètrent ensuite dans la plante par la salive du puceron. Un puceron une fois infecté continue à transmettre ce virus tout au long de sa vie.

La plupart des virus provoquent une inhibition de la croissance ou une décoloration (ombrage) dans diverses parties de la plante. Les virus les plus connus et les plus redoutés sont ceux transmis par le puceron vert du pêcher aux pommes de terre. Mais les plants de laitue, les feuilles d’épinards et les feuilles de vigne peuvent également être infectés par des virus et donner la décoloration typique des feuilles. Le virus de la mosaïque de la tomate est également très redoutable pour les producteurs. 8

La fourmi empêche la fumagine de se développer

Dans l’article consacré aux fourmis, j’ai déjà signalé que celles-ci avaient un rôle mine de rien positif. Je sais que certains ont eu une crise de nerfs quand j’ai écrit que je doutais que l’ont puisse donner l’adjectif d’éleveuse à la fourmi. Je dirais plus qu’elle est opportuniste. La fourmi se nourrit notamment de miellat. Le miellat est littéralement l’excrément provenant de la sève ingurgitée par ces ravageurs. Elle défend les pucerons qu’elle entretient, c’est vrai. Mais elle a un autre rôle beaucoup plus important. Elle nettoie les « écuries d’Augias ».

Fourmis nettoyant le miellat (boule orange) des pucerons sur tige d’Artichaut.

Quand elle nettoie le miellat, elle empêche l’arrivée de champignons de la famille des Fumagines. 9 Il s’agit, notamment, de Capnodium oleaginum ou Fumago salicina qui se développe, vit et se nourrit sur les dépôts de miellat. La fumagine est un dépôt superficiel, qui ne pénètre pas dans les tissus de la plante. Il suffit de la gratter avec les ongles, une brosse à dents… pour voir apparaître les feuilles indemnes de lésions.

Si cette maladie cryptogamique s’étend trop sur la plante, elle va envelopper les pucerons et les tuer, voir recouvrir toute la plante en affaiblissant encore plus puisqu’elle empêche la plante de faire sa photosynthèse. Ce champignon peut entraîner la mort de la plante. La fumagine se développe de cette façon quand il n’y a pas de fourmi dans le secteur. Attention, la fumagine représente un risque sanitaire chez les humains, qui peuvent développer des allergies au contact de ce champignon.

La fumagine prend le dessus et tue la plante, quand il n’y a pas de fourmi.

Pourquoi le puceron est arrivé dans notre potager ?

Trop d’azote. Nous savons donc que les pucerons arrivent au printemps et jettent leur dévolu sur les feuilles et tiges les plus tendres. Elles iront sur les plantes se trouvant dans une zone dont le sol a été enrichi de façon exagérée par des matières azotées. Il faut donc réduire tous les engrais riches en azote et favoriser l’apport de carbone. Le puceron est alors considéré comme animal bio-indicateur.

Terrains pauvres. les plantes affaiblies par une fertilisation insuffisante, dans une terre pauvre ou inadaptée, sont plus sensibles à leurs attaques.

La taille des fruitiers. Il en est de même pour les arbres fruitiers qui ont reçu une taille sévère. L’année suivante, l’arbre va repartir avec de longs rameaux sans fleur. Dans ce cas-ci les pucerons vont jouer un rôle de régulateur de croissance. en diminuant la circulation de la sève pour que l’année suivante, il y ait profusion de fruits. Or si les pucerons sont trop nombreux, ils vont être régulés par des auxiliaires comme les coccinelles, les syrphes, les chrysopes 10 aidés par les punaises de toutes les couleurs.

L’absence d’auxiliaires du jardin. S’il y a un manque de coccinelles, de guêpes parasitoïdes, de syrphes qui sont des prédateurs naturels de ces insectes, favorise le développement de colonies importantes. En clair, il y a un manque de biodiversité.

Une centaine de pucerons par jour. Seul le chrysope fait mieux !

Période de présence des pucerons dans le potager

C’est essentiellement au printemps que l’on trouve les pucerons sur les plantes du potager et non pas en été ou en automne. Il y a une raison à cela. Dans la plante, il existe deux types de sève : la sève brute et la sève élaborée. La première se situe au niveau des racines et contient essentiellement de l’eau et des sels minéraux. La sève élaborée ou sève organique, est formée dans les feuilles et contient de l’eau et les sucres synthétisés par les parties aériennes de la plante lors de la photosynthèse.

Cette sève transporte des substances dissoutes dans l’eau : des phytohormones 11. des sels minéraux, des sulfates, du potassium, des phosphates et du magnésium  et des métabolites organiques, sous forme de glucides (saccharose) et de protéines (acides aminés). Le seul élément que le puceron n’assimile pas, ce sont les glucides (saccharose). Il le rejette sous forme de sécrétion, ce qu’on appelle le miellat.

La sève élaborée circule dans l’organisme végétal via un tissu conducteur, le phloème. Ce transport est ascendant au printemps (la montée de la sève élaborée étant moins importante que celle de la sève brute), c’est en effet à cette période de l’année que la plante requiert les réserves stockées dans les racines pour les amener vers les organes alors en croissance : les bourgeons. Dès le développement des feuilles, grâce à la photosynthèse sur les jeunes feuilles, les doses de saccharose augmentent. C’est donc le moment choisi par les insectes suceurs pour entrer dans la danse. En été et en automne, la sève élaborée descend vers le système racinaire. Les pucerons disparaissent alors.

Composition du miellat

Le miellat est une solution sucrée dont la concentration en sucre variable (5 à 20 %) peut néanmoins se déshydrater jusqu’à un ordre de grandeur de 30 à 60 % de sucre. 90 à 95 % de la matière sèche est composée de sucre, avec des petites parts (0,2 à 1,8 %) de substances azotées (acides aminés, protéines), sels minéraux, acides et traces de vitamines.

Le sucre principal du miellat est le saccharose. Contrairement au nectar, le miellat contient différentes quantités de sucres, surtout du mélézitose.12 La composition du miellat varie en fonction de l’insecte et de l’essence de l’arbre. 13

Les plantes qui attirent les pucerons

A peu près toutes les plantes cultivées à son puceron. Il en va de même pour les arbres et les plantes sauvages, les plantes aquatiques. Dans le règne végétal terrestre, il n’y a que le champignon qui s’en sort bien.

Les plantes cultivées

Dans ce chapitre, nous avons voulu montrer les différents types de pucerons, ne fussent que par leur nom latin mais aussi par leur couleur. Il est intéressant de noter donc que l’affirmation, tant de fois répétée, dans les livres ou sur Internet que la solution contre le puceron est de planter de la capucine qui attire tous les pucerons, est fausse ! Il est intéressant de noter que l’Aphis fabae se retrouvent sur beaucoup de plantes différentes. De même, certaines plantes sont affectées par plusieurs pucerons différents comme l’artichaut. Pour avoir un bon aperçu de toutes les plantes cultivées qui sont attaquées par les pucerons, je vous invite à voir le site de INRAE. Voici quelques exemples :

Plantes Pucerons Couleurs
Amarante (Belgique/Sénégal) Aphis craccivora
Myzus persicae
Larve rose-adulte noir
Du vert au Rouge jamais brillant
Chou Brevicoryne brassicae Gris
Fraisier Chaetosiphon fragaefolii
Betterave, poivron, chou Myzus persicae Vert
Laitue, chicorée, endive Aulacorthum solani
Hyperomyzus lactucae
Macrosiphum euphorbiae
Myzus persicae
Nasonovia ribisnigri
Pemphigus bursarius
Trama spp  (racine)

Vert
Vert jaunâtre brillant
Gris-vert à Rose
Du vert au Rouge jamais brillant
Verdâtre et tacheté les cotés
Gris verdâtre au blanc jaunâtreBlanc
Haricot, fève, pois, capucine, persil, ciboulette, féverole. Aphis fabae  Noir
Cardon, Artichaut, salsifis, scorsonère Aphis fabae 
Brachycaudus cardui
Brachycaudus helichrysi
Capitophorus horni
Myzus ornatus
Trama spp 
Noir
Vert
Noir
Vert clair à vert rougeâtre
Brun clair ou vert mat
Blanc
Pomme de terre, rose, tomate, aubergine, poivron, laitue Macrosiphum euphorbiae
Aulacorthum solani
Vert à rose
Vert
Tournesol Aulacorthum solani
Brachycaudus helichrysi
Macrosiphum euphorbiae
Myzus persicae
Trama spp (racines)
Vert
Vert jaunâtre (brun au début)
Gris-vert à Rose
Du vert au Rouge jamais brillant
Blanc
Chénopode Aphis fabae
Myzus persicae
Rhopalosiphoninus staphyleae
Noir
Du vert au Rouge jamais brillant
Vert olive foncé à noir
Niébé, Arachide (Sénégal) Aphis craccivora Larve rose-adulte noir
Maïs, sorgho (Sénégal) Rhopalosifum maidis 14 Vert olive

Les plantes sauvages

Lorsque j’ai écrit les articles sur les coccinelles européennes et l’ortie, j’ai cité deux pucerons qui s’installent précocement dans les massifs d’ortie. Après un certains temps, ces pucerons quitteront l’ortie pour infesté leur plante hôte respective. Il s’agit du puceron noir de la fève (Aphis fabae) et du puceron vert du pécher (Myzus persicae). Ce dernier affecte aussi les pommes de terre, les betteraves, les choux et les poivrons. J’ai aussi cité la présence de deux autres pucerons qui sont adeptes de la sève de l’ortie que sont le Grand puceron de l’ortie (Microlophium carnosum) et le Petit puceron de l’ortie (Aphis urticata). Ainsi donc, quatre pucerons colonisent les feuilles et les tiges d’orties dont deux en permanence.

La Renoncule rampante ou bouton d’or est peuplée de pucerons verts Aulacorthum solani qui est le même que l’on peut trouver sur la pommes de terre, la laitue, et la majorité des solanacées.

Chez les poacées (les graminées), il est possible de trouver encore d’autres pucerons comme les Sitobion fragariae de couleur vert pomme à rose ; les Sitobion avenae de couleur vert clair, rose ou brun; les Metopolophium festucae de ciuleur vert-jaunâtre à rose ; les Rhopalosiphum padi de couleur vert sombre olivâtre et les Rhopalosiphum insertum, jaune-vert.

Les arbres

Le miellat ne provient pas que de notre potager. Les pucerons s’attaquent aussi aux écorces des arbres pour en sucer aussi la sève. C’est dire que certains pucerons ont un rostre très puissant capable de percer l’écorce des arbres.

A part les sapins, beaucoup d’autres plantes hôtes peuvent fournir du miellat. Les plus importantes
sont :

Plantes Pucerons Couleurs
Erable plane Acer platanoides
E. sycomore Acer pseudoplatanus
E. champêtre Acer campestre
Periphyllus villosus
Drepanosiphum platanoidis Periphyllus testudinaceus
Vert pâle et recouvert de longs poils fins de couleur claire
Châtaignier Castanea sativa Myzocallis castanicola Vert avec des tâches brunes
Le chêne. Quercus sp. Lachnus roboris Brun foncé presque noir
Mélèze européen
Larix decidua
Cinara cuneomaculata
Cinara laricis
Gris brun
Hêtre Le puceron du hêtre
Phyllaphis fagi)
Gris cendre
Bouleau verruqueux
Betula pendula
Betulaphis quadrituberculata vert au printemps
Frêne Fraxinus sp. Puceron laineux
Prociphilus fraxi
brun recouvert de soie
Noisetier Corylus avellana Corylobium avellanae Vert pâle à légèrement rosé
Peuplier Populus sp. 15 Puceron lanigère
Phloeomyzus passerinii
vert jaunâtre et recouvertes d’une légère pruine grisâtre
Genévrier Juniperus communis Puceron du génévrier
Cinara cupresi
Brun rosé
Noyers Juglans regia Petit puceron du noyer
Chromaphis juglandicola
Jaunâtre à blanchâtre
Saules Salix sp. Grand puceron des Saules Tuberolachnus salignus brun grisâtre recouvert d’une fine pilosité
Aubépines
Crataegus monogyna

Utamphorophora crataegi
Noirs, verts, gris ou blanchâtres
Arbres fruitiers : pêcher Myzus persicae Vert
Arbres fruitiers : cerisier Myzus cerasi Noir

Les plantes qui repoussent les pucerons

Durant deux années nous avons expérimenté les conseils d’associer les plantes pour faire fuir le puceron. Ainsi la menthe est régulièrement citée comme répulsive contre les pucerons et les fourmis. Ayant complanté les artichauts et la menthe, aucun des deux insectes n’ont fuit l’endroit. Nous avons tout essayé pour faire fuir le puceron, puisque l’on nous dit que quand le puceron a disparu, la fourmi disparaît aussi. Cette affirmation est un peu cavalière. prenons l’exemple du basilic. Celui-ci est réputé attirer le puceron du basilic. Or, ce dernier fait fuir la fourmi. Donc les fourmis n’auront jamais accès au miellat du puceron du basilic !

Là où nous avons mis de la lavande, nous ne trouvons pas de fourmis dans les parages. Il est possible de placer des feuilles de lavande non loin des lieux infestés comme répulsif. Evidemment, il faut les remplacer régulièrement. Mais si nous arrivons à faire fuir la fourmi mais pas le puceron, la fumagine va s’en donner à cœur joie ! C’est cornélien !

On peut encore citer quelques plantes qui éloignent le puceron comme la sarriette, la sauge, l’hysope, le thym, aneth, fenouil, tanaisie, Tagètes patula (œillet d’Inde), l’oignon et l’ail, absinthe, marjolaine… En fait, ce sont les plantes avec de fortes odeurs qui les repoussent. Chez la Cataire, il existe un composé, le népétalactone, qui est est un composé organique. Il repousse pas mal d’insectes dont le puceron. Il est vrai que nous n’avons jamais vu de puceron autour de cette plante qui a trouvé ses aises à côté d’un buis qui se porte pas mal du tout, au dessus du mur dans notre potager à Hoeilaart.

Dans nos formations, nous conseillons souvent d’entourer les arbres fruitiers avec de l’ail pour repousser les pucerons. Il est vrai, sans l’avoir testé réellement, mais de mémoire, depuis 8 ans, nous n’avons jamais de pucerons là où nous plaçons ces plantes.

Les prédateurs du puceron

Le potagiste se trouve devant un grand dilemme. La coccinelle arrive plus tard dans la saison, après le développement des pucerons. Les pucerons ont déjà eu le temps de retarder la croissance des légumes, avant que les auxiliaires ne les mangent. Si vous détruisez tous les pucerons, les auxiliaires n’auront pas suffisamment à manger et iront voir ailleurs. Ils risquent de ne plus revenir. Ce sera une perte de biodiversité. Plus on lutte contre le puceron, moins il y aura d’auxiliaire, plus il faudra intervenir…

On pourrait se poser la question, comment les auxiliaires sont au courant de l’arrivée des pucerons dans le potager ? Dès que les plantes sont endommagées par l’activité de succion des pucerons, elles émettent des VOC (composé organique volatile) qui donnent un signal pour attirer les coccinelles ou d’autres insectes bénéfiques. C’est aussi simple que cela… ce sont les mêmes VOC qui sont utilisés pour avertir que la plante est prête à être fécondée ou qu’il est temps de venir chercher les graines en automne.

Quelques auxilaires

Nom Explications
Araignées-crabes Elles chassent les pucerons à l’affût activement ou les capturent dans leurs toiles. Une capture par chasse active, sans toile.
Cécidomyie Les larves de cécidomyie sont donc des exterminateurs de pucerons, elles doivent rapidement en trouver pour éviter la déshydratation.
Chrysope ou demoiselle aux yeux d’or De couleur verte qui vire au brun à l’automne quand elle cherche à se réfugier dans les bâtiments pour passer l’hiver, La larve et l’adulte en dévorent des centaines pour se nourrir.
Coccinelle Les coccinelles prédatrices et leurs larves mangent environ 80 pucerons/jours 16
Guêpe une guêpe solitaire peut capturer jusqu’à la modeste quantité de 1500 pucerons durant les quelques semaines de sa vie. Elle chasse les pucerons en attendant la maturité des fruits.
Petite Guêpe Les guêpes parasitoïdes pondent un œuf dans le corps du puceron. Ce dernier mange l’intérieur du corps qui le transforme en momie au moment de la sortie de la guêpe adulte. La descendance d’un œuf peur produire 45000 guêpes. 17
Forficule Les forficules sont des auxiliaires précieux contre le puceron cendré, mais aussi contre le puceron lanigère qui a peu de prédateurs. Ainsi, un adulte serait capable de consommer jusqu’à 100 pucerons lanigères par jour
Frelon européen Les frelons ont un faible pour les pucerons.
Libellule et demoiselle Les libellules mangent les pucerons ailés.
Névroptères larve
Perce-oreille Le perce-oreille est aussi un fabuleux auxiliaire, consommateur de pucerons. On lui reproche de manger en même temps les fruits mûrs.
Syrphe ceinturé Il ressemble à une guêpe, vole aussi vite qu’une mouche et réalise du sur-place au-dessus d’une fleur avant de changer brusquement de direction. Au stade larvaire, consomme du printemps à l’automne tous les pucerons par centaines,
Carabe Le carabe consomme trois fois son poids

Les champignons

Un champignon entomopathogène est un champignon parasite d’insectes ou d’autres arthropodes, entraînant leur mort. Beaucoup d’études sont en cours dans le monde universitaire pour montrer l’efficacité de l’utilisation de champignons pour éliminer les pucerons lorsque la pression est beaucoup trop forte en agriculture. Dans une étude réalisée à Rennes, en France et à l’Université de Liège-Gembloux, 18 deux champignons ont été observé. Il s’agit de Beauveria Bassiana et Metarhizium spp. Ces deux champignons entomopathogène se trouve à l’état naturel dans les sols et dans les plantes en Belgique. Les deux champignons étudiés sont endophytes 19 de très nombreuses plantes.

Globalement, lorsque l’on inocule un champignon endophyte dans une betterave, l’effet positif est que la betterave aura une progression plus rapide et plus vigoureuse. Les champignons diminuent la présence des pucerons à hauteur de 50%. La transmission des virus diminue aussi en étant légèrement inférieur à 50%. Une étude en Tunisie 20 montre que certains champignons de type fusarium détruisent les pucerons à hauteur de 90%. Mais en Belgique nous n’avons pas la variété tunisienne de ce champignon. Dans le cadre du biocontrôle, il est important de ne pas jouer à l’apprenti sorcier comme dans le passé.

Comme on le voit, la recherche continue sur cet apport des champignons comme moyen de lutte contre les pucerons. Actuellement, dans ces recherches universitaires, une prise de conscience est en cours pour trouver des solutions qui soient acceptables pour l’agriculteur qui voit parfois ses récoltes diminuées de 90% à cause des pucerons et des maladies qui s’ensuivent. Il faut que cela demeure aussi acceptable pour la préservation de la nature, sans éradiquer, jusqu’au dernier les pucerons qui donnent à manger à un nombre incroyable d’animaux comme nous l’avons vu ci-dessus.

Les oiseaux

Les oiseaux et surtout les mésanges charbonnières, les mésanges bleues, les moineaux, les grimpereau des jardins, les merles sont de véritables mangeurs de pucerons. Si vous arrivez à abriter un couple de passereaux qui va donner naissance à des bébés, placez leur nichoir non loin des endroits où vous semez ou repiquez des fèves ou des pois. Les bébés passereaux raffolent des pucerons. 21

Les mammifères des prédateurs ?

On ne peut pas parler réellement de prédateur. Il n’empêche que lorsqu’un ruminant passe devant un bouquet de poacées (graminées), il va brouter la gerbe sans savoir qu’il va créer un branle-bas de combat chez les pucerons. Trois chercheurs de l’université de Haïfa en Israël ont mis en évidence chez des pucerons un comportement assez original qui leur évite d’être dévorés en même temps que les feuilles : à l’approche du mammifère, les pucerons se décrochent de leur support végétal et tombent au ras du sol, hors de portée du dangereux museau. 22

Quand une chèvre s’en vient à manger de la luzerne infestée de pucerons, dans 60% des cas, ceux-ci se laissent tomber au sol. Ce n’est pas le mouvement des plantes qui donne se résultat. C’est la respiration chaude et humide de l’animal qui donne le signal de la fuite. Quand on place le museau de la chèvre à 5 cm de la plante infestée, 87% des pucerons s’en vont sans demander leur reste !

Il faudrait donc tenter dans nos potagers de pulvériser de l’air chaud (à 37°C) et humide pour voir l’effet que cela fera sur une colonie de pucerons.

Pulvériser un répulsif, quand même ?

Oui, le potagiste est en plein dilemme ! C’est complexe d’intervenir dans la vie du puceron avec des produits extérieurs comme le savon noir. Certes il tue, les pucerons, mais il tuera aussi les fourmis nécessaires et les coccinelles et autres chrysopes. De plus, le savon noir tuera, indirectement, les oiseaux qui mangeront les pucerons intoxiqués. Le savon noir n’existe pas dans la nature, du moins telquel. Le savon tire son origine d’une plante : la Saponaire qui a comme principe actif principal, la saponine. Hé bien plantez une saponaire là où vous allez repiquer des fèves ou des pois. La saponaire est un excellent répulsif contre les pucerons !

Vous voulez quand même un remède miracle pour éloigner le puceron ? Il existe une association de quatre plantes : rue, tanaisie, menthe poivrée et saponaire. Vous faites quatre infusions que vous mélangez ensuite. Ces quatre plantes feront leur effet répulsif contre les pucerons mais aussi d’autres insectes. Voici un exemple :

  • Rue : pucerons, capricornes, coléoptères…
  • Tanaisie : chenilles, pucerons, mouches…
  • Menthe poivrée : pucerons, chenilles…
  • Saponaire : mouillant et répulsif pucerons, gastéropodes…

Solution de facilité ?

Mais attention ! quand vous faites fuir le puceron, vous ferez fuir la coccinelle qui fait partie de la famille des coléoptères. Aïe, c’est pas bien cela ! Je vous l’avais dit que c’était pas chose évidente. Tiens, vous avez remarqué que la quatrième plante, la saponaire, fait fuir les gastéropodes, c’est-à-dire les limaces ! Et quand on parle de chenilles dans la liste, c’est la pyrale du buis qui est visée. Voici les dilutions proposées :

  • 100 ml en pulvérisation foliaire dans 0,5 à 1 litre d’eau 3 à 4 fois par mois pour 100 m2 .
  • 10% en pulvérisation foliaire (1L/5 à 10L d’eau) 3 à 4 fois par mois pour 1 ha (10 000 m2)
  • 15% en arrosage au pied des plantes (1,5L/5 à 10L d’eau) 3 à 4 fois par mois pour 1 ha (10 000 m2).

Une fois l’effet recherché obtenu, revenir aux extraits fermentés d’orties ou de consoude, une semaine après, afin de relancer la croissance du végétal.

Les pucerons en auto-défense

Nous avons vu ci-dessus que les pucerons avaient des couleurs qui évoluent avec le temps. De rose, il peut passer au brun en fonction de son âge. Des cercheurs de l’INRAE de Rennes, en France on découvert que ce changement de couleur était du à la présence d’une bactérie qui se développe à l’intérieur même de l’insecte. Cette bactérie s’appelle Rickettsiella. Tous les pucerons hébergent la même bactérie. Celle-ci leur fournit des molécules indispensables à leur survie, à partir de la sève des plantes.

Certains pucerons ont une ou deux bactéries ‘facultatives’ supplémentaires. Elles permettent de s’adapter au climat, de mieux exploiter certaines plantes, ou de se défendre contre les ennemis naturels. Les chercheurs de l’INRAE ont prouvé que la bactérie Rickettsiella est bien celle qui fait changer les couleurs des pucerons quand ils se sentent menacés. En fait, il a été montré que les pucerons roses étaient plus attaqués par certains prédateurs, comme les coccinelles. Il en va de même pour les pucerons verts qui sont plus sensibles au parasitisme de minuscules guêpes, qui pondent dans l’insecte et finissent par le tuer.La bactérie les fait changer de couleur pour se protéger.

Coïncidence surprenante, Rickettsiella cohabite souvent avec une autre bactérie, qui, elle, préserve de ce danger. Le puceron semble donc gagner sur les deux tableaux, et les bactéries assurent leur survie, puisqu’elles se transmettent de mères en filles. « Nous allons poursuivre, pour savoir si les pucerons porteurs des deux sont véritablement épargnés par leurs ennemis. Et aussi pour comprendre le mécanisme qui induit ce changement de couleur. » Les premières hypothèses semblent indiquer que les bactéries interfèrent sur l’action de pigments verts dans l’organisme du puceron. 23

Les amis du puceron

Bien que le puceron ne vit que 5 jours et qu’il eut le temps de faire 20 petits avant de mourir, il a eu le temps de se faire deux amis !

Seulement 2 amis et non des moindres. Nous savons déjà qu’il a comme ami et défenseur, la fourmi qui agit avec opportunisme. La deuxième amie est la cousine germaine de la fourmi, l’abeille. Celle-ci est aussi intéressée par le miellat de puceron d’autant que ce miellat entre dans la composition de son miel. Pas de miellat ? Pas de miel. Et donc si l’être humain était vraiment conscient que sans puceron, il ne pourrait pas manger de miel, il changerait son regard envers ce petit insecte.

Qui sait, un jour peut-être l’humain deviendra l’ami du puceron… par opportunisme !

La lutte biologique

Au lieu d’utiliser des insecticides même naturels, il est possible de mener une lutte biologique 24 en réintroduisant des variétés de prédateurs. Nous avons vu cela pour la coccinelle européenne qui est en train d’être introduite, à nouveau, en Belgique. Donc, la lutte biologique contre le puceron cendré du pommier, par des lâchers d’auxiliaires en verger est une solide option pour lutter contre un des pucerons les plus voraces et transmetteur de virus. Il est possible d’introduire un prédateur, en l’occurrence ici, un parasitoïde, qui existe déjà dans la nature mais qui n’est pas en nombre au moment où l’on a besoin de lui.

E. cerasicola pond dans un puceron 25

Il s’agir ici de Ephedrus cerasicola et Aphidius matricariae. Ces deux espèces d’insectes sont des micro-hyménoptères, parasitoïdes de pucerons. Ces petites guêpes sont de couleur noire, avec de fines antennes et ont une taille de quelques millimètres.

L’utilisation des parasitoïdes en lutte biologique offre plusieurs avantages. Ayant une bonne capacité de dispersion et de découverte de l’hôte, ces deux parasitoïdes vont rester dans le lieu ayant une facilité de pontes au vu de l’importance du cheptel de puceron cendré du pommier. De plus ces deux parasitoïdes sont inoffensifs pour la santé des humains et n’attaquent pas d’autres insectes si ce n’est des pucerons. Le document de l’UCL (note 13) donne tous les détails concernant la technique des lâchers de ces prédateurs.

Combiner lâcher et accueil

Le tout n’est pas de faire quelques lâchers avant ou pendant la présence des pucerons, il faut aussi accueillir les parasitoïdes de telle sorte qu’ils trouvent de la nourriture et un habitat approprié dans le verger. L’idéal est de combiner différentes plantes dans des bandes refuges et dans des haies, afin de réunir ce dont les prédateurs ont besoin :

  • Du nectar et du pollen durant toute la saison de végétation pour les mangeurs de pucerons. Le sureau, le noisetier, le saule ou les deux viornes endémiques de Belgique (viorne obier et viorne mancienne) sont des plantes nourricières.
  • La présence de bandes fleuries aux abords du verger peut également favoriser la présence d’insectes auxiliaires dévoreurs de pucerons. Le bleuet, la nielle des blés, le coquelicot, la carotte sauvage, ou encore le chrysanthème.
  • Des proies de substitution pour les auxiliaires, afin qu’ils se maintiennent lorsque les pucerons ne sont pas présents sur le pommier. Par exemple, ce pourra être des pucerons du sureau ou du noisetier, qui sont des parasites spécifiques des arbres du même nom, et donc ne se développeront pas sur le pommier.

Cela veut dire que si nous ne parlons pas de toutes les techniques proposées dans les livres et sur Internet pour éliminer les pucerons, c’est parce que les apports de produits, certes biodégradables, n’ont rien à faire dans la nature. Il en va de même des produits proposés en agriculture biologique qui sont très souvent des insecticides édulcorés à base, très souvent, de pyrèthre qui est un poison violent pour les autres insectes. 26 A travers ce blog, nous essayons de montrer qu’il est possible de lutter contre des ravageurs en augmentant la biodiversité de notre espace nourricier.

Le puceron dans la cuisine humaine ?

Le miellat dans nos estomacs. Les abeilles récoltent ce liquide, le miellat, qui est riche en nutriments provenant de la sève végétale. Elles transforment ensuite cette substance en miel, en le traitant dans la ruche. Le miellat a une saveur plus corsée et souvent plus foncée que le miel, avec des notes parfois caramélisées ou fruitées.

Les miellats offrent plusieurs bienfaits pour la santé grâce à leur composition unique et aux propriétés de l’espèce végétale d’origine. Voici quelques avantages potentiels :

  • Richesse nutritionnelle : ils contiennent une variété de nutriments essentiels tels que des glucides, des vitamines, des minéraux et des antioxydants, qui contribuent à une alimentation équilibrée.
  • Propriétés antibactériennes : certains ont démontré des propriétés antibactériennes, contribuant à combattre les infections et favorisant la santé du système immunitaire.
  • Digestion et équilibre intestinal : certains peuvent avoir des propriétés prébiotiques, favorisant une bonne santé digestive en nourrissant les bonnes bactéries présentes dans l’intestin.
  • Effets cicatrisants : grâce à leurs propriétés antibactériennes et à leur teneur en antioxydants, ils peuvent contribuer à la cicatrisation des plaies et des brûlures, favorisant ainsi la régénération des tissus. 27

Cela veut donc dire que le miellat des pucerons est consommable par l’être humain à condition qu’il passe par l’estomac des abeilles. Le miellat retire des propriétés supplémentaires en fonction du type de sève sucée par les pucerons. Le miellat issu d’un châtaignier n’aura pas le même goût que celui en provenance des fèves.

En conclusion…

Le sujet concernant le puceron fait couler beaucoup de miellat. Il faudra peut-être accepter qu’il y ait des plantes martyres. Nous faisons la même chose pour les limaces. Nous laissons bien présentes les plantes qui commencent à être attaquées par les ravageurs. Pendant ce temps, les plantes non attaquées continuent leur vie et croissance jusqu’au moment où les pucerons ne les attaqueront plus.

Ci-dessus nous avons parlé du dilemme du potagiste. Malgré cet article, il va rester dans le choix de l’acceptation du nombre de pucerons dans son potager. Il va devoir se faire violence pour ne pas éradiquer le puceron par des voies violentes comme des produits chimiques naturels ou de synthèse. Essayer d’éradiquer le puceron c’est participer à l’éradication des auxiliaires du potager cité ci-dessus. On ne peut plus se permettre cela alors que nous sommes devant un phénomène d’extinction de masse.

Les insectes piqueurs-suceurs sont plus nombreux que les auxiliaires qui les mangent. C’est un fait écologique indiscutable. Les pucerons sont plus doués pour leur reproduction que les auxiliaires. Il y aura toujours un déséquilibre que le potagiste doit accepter ! Il doit se rendre compte que la présence de parasites est indispensable pour avoir un équilibre de la biodiversité ! Dans cette bataille entre le parasite et son prédateur, il n’y a pas de perdants ou de gagnants. Si l’un perdrait par rapport à l’autre, cela voudrait dire que cette espèce disparaîtrait de la terre. Ce serait une catastrophe.

A quand un potagiste sage ?

L’idéal est de laisser faire la nature. Dans le potager à Hoeilaart, nous avons laissé la nature s’occuper des pucerons. Subitement, ils disparaissent de notre vue. Nous sommes content alors que nous sommes stressés inutilement. Dites-vous bien ceci : s’ils disparaissent de votre vue, ils sont toujours là, quelque part dans le potager. Il ne faut pas oublier ceci, plus les parasites se reproduisent, plus les prédateurs le font aussi.

Il faut aussi absolument oublier le mot nuisible. Le puceron est considéré comme un nuisible qu’il faut éliminer. Dès que l’on considère un animal comme un nuisible, c’est parce que dans la tête du potagiste, le nombre de pucerons a dépassé son seuil de tolérance. Le potagiste devient fébrile et va dégainer des armes chimiques, même bio. Il fera disparaître le nuisible et avec lui le prédateur. Tout son travail pour établir un tant soit peu de biodiversité va s’effondrer d’un coup !

Parce que la biodiversité dépend de tout ce petit monde qui gravite autour du puceron en n’oubliant pas qu’il y a des prédateurs de prédateurs. La guêpe parasitoïde qui pond un œuf dans le puceron. Cet œuf va peut-être être parasité par une autre guêpe parasitoïde secondaire, encore plus petite qui elle-même sera parasitée par une guêpe parasitoïde tertiaire… Et puis il y a les parasites qui attaquent les larves de coccinelles, de chrysope, de carabe… Si vous éliminez les pucerons, vous éliminerez tout le reste.

Chaque plante a son puceron !

Et puis, il n’y a pas que cela, les parasites se spécialisent. Dans les formations, je dis souvent que chaque plante à son puceron. Il faut arrêter de croire que la capucine attirent tous les pucerons. Il y a de grandes chances pour que les prédateurs du puceron de la capucine soient attirés par la capucine et non pas par le chou, par exemple. Ainsi va la vie des plantes et des insectes qui sont unis à la vie, à la mort. C’est ce qu’on appelle un écosystème d’insectes et de plantes liés à l’environnement.

Le potagiste doit tout faire pour garder cet équilibre. Que doit-il faire ? RIEN ! Le potagiste ne doit rien faire. Il doit laisser la nature faire à sa place. Et de ce fait, le potagiste deviendra peut-être sage quand il acceptera de laisser faire la nature sans intervenir à tout crin. Le potagiste doit rester humble devant le fait qu’il ne maîtrise rien.

Le puceron nous apprend à devenir philosophe !

Géry de Broqueville

  1. Pour plus de détails voir Wikipédia. ↩︎
  2. Le rostre est la pièce buccale modifiée pour percer et aspirer chez des insectes suceurs (Hémiptères) ainsi que chez certains parasites tel la tique. ↩︎
  3. Une cornicule est un tube que l’on trouve sur le dos de certains insectes, principalement les pucerons. Dirigées vers l’arrière, elles servent à projeter un fluide de défense à durcissement rapide appelée « cire de cornicule ». ↩︎
  4. Les pucerons se nourrissant la tête en bas, la fonction principale de la cauda serait alors d’empêcher le miellat, liquide collant et rejeté par l’orifice anal, de s’écouler sur le corps de l’insecte. La cauda ou la queue est plus ou moins développée et de forme variable suivant les espèces. Juste en dessous se situe la plaque anale et entre les deux l’anus. Ces informations proviennent de l’INRAE. Je vous conseille de regarder la vidéo sur cette page. ↩︎
  5. Le tarse est le segment terminal de la patte des arthropodes qui porte les éventuelles griffes. ↩︎
  6. Voir l’article sur l’utilisé des fourmis. ↩︎
  7. Toby Hemenway, Le jardin de gaïa, édition Imagine un colibri, 2016, p.148. ↩︎
  8. Le chapitre des virus et du puceron est repris intégralement du site Internet de Biogrowi ↩︎
  9. Fumagine veut dire fumée grise. Un des adjectifs du champignon est oleaginum. Cela provient de l’olive et plus particulièrement de son huile. Cela décrit bien cette matière huileuse, grise qui finit par tout envelopper si l’on y prend pas garde. ↩︎
  10. Plus de détails sur le chrysope : Eric Grissel, Les insectes au jardin, Ed. Rouergue, 2009, p.189. Certaines punaises dévorent aussi les pucerons (p.190) ↩︎
  11. Phytohormone : hormones végétales, contrôlent tous les aspects de la croissance et du développement des plantes. ↩︎
  12. Le mélézitose est le principal sucre constituant le miellat d’insectes mangeurs de sève. ↩︎
  13. Conseil fédéral de la Confédération Suisse – Agroscop. Plus de détails, cliquez ici. ↩︎
  14. Le plus gros prédateur pour ce puceron est une coccinelle sénégalaise qui porte le nom de Cheilomenes vicina et le Isshiodon aegypfiu. ce dernier est un syrphe ↩︎
  15. Le puceron lanigère fait des dégâts aussi sur les feuilles en laissant apparaître des galles, en forme de cloques sur les feuilles. Ce puceron est dit gallicoles et fait la même chose sur les noisetiers des sorcières et le sumac. (Grissel, p.155) ↩︎
  16. Voir la description des coccinelles européennes dans notre article consacré à la bête à bon dieu. Il a été suivi d’un article sur les coccinelles asiatiques. ↩︎
  17. Jean-Baptiste de Panafieu, Les bêtes associées pour le meilleur et pour le pire, Ed. Gulf stream, 2015, p.48. ↩︎
  18. Enza Dessauvages, Effet de trois champignons entomopathogènes endophytes sur les interactions puceron-betterave sucrière et la transmission virale, ULG-Gembloux, 2022. ↩︎
  19. Un endophyte est un microbe (généralement fongique ou bactérien) qui habite les tissus internes des plantes sans provoquer de maladie . La plupart des plantes possèdent des endophytes et, dans la plupart des cas, les endophytes sont transmis par les graines et commencent à favoriser la croissance et la santé des plantes dès que les graines germent. ↩︎
  20. Collectif, Études préliminaires sur les champignons entomopathogènes des pucerons de l’artichaut en Tunisie, Université de Sousse, Tunisie, 2021, p.178. ↩︎
  21. Simon Akeroyd, 50 manières de cohabiter avec les hérissons et autres visiteurs des jardins, éd. Rouergue, 2022, p.44. ↩︎
  22. Maurice Mashaal, Les pucerons soufflés par des mammifères, in Pour la science, 2010. ↩︎
  23. Jean-Christophe Simon, Des pucerons hauts en couleur, in Espaces des Sciences, n°283, 19 juin 2914. ↩︎
  24. La lutte biologique propose des méthodes alternatives pour contrôler les ravageurs. Son utilisation, notamment dans le cadre d’une agriculture intégrée, permet de réduire le nombre de traitements phytosanitaires, même bio et donc la présence de résidus dans les denrées alimentaires et l’environnement. Le bio aurait pulvérisé des insecticides à base de pyrèthre ce qui détruit tous les autres insectes et y compris les abeilles. ↩︎
  25. Photo de Christophe Salin issu d’un travail collectif intitulé La lutte biologique contre le puceron cendré du pommier par des lâchers d’auxiliaires en verger, Earth and Life Institute
    Biodiversity Research Centre, UCL, 2013, p.13. ↩︎
  26. En allant dans ce sens, j’ai écrit un article intitulé Vers un bio propre ? ↩︎
  27. Cette description provient du site Internet de la société Ballot-Furin qui transforment les produits de la ruche en produit d’excellence. Je cite rarement les entreprises. Je dois avouer que j’ai un faible pour leur magnifique travail. ↩︎

👤 Géry de Broqueville

📅 22 novembre 2024

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