Lors de mon article à propos du roncier (Rubus fructicosus) bénéfiques pour le potager, il fallait que je me lance dans une meilleure connaissance de son alter égo, le framboisier (Rubus idaeus). Elle est une espèce de plantes à fleurs de la famille des Rosacées. Elle est vivace.
Si les tiges et les feuilles sont douces au toucher contrairement à la ronce, la distinction fondamentale se passe au niveau du fruit. Nous reprenons une des phrases de notre premier article : Une autre constante chez les Rubus est son fruit. Ce dernier est en réalité un agglomérat de fruits appelé drupe. Chaque drupe ne contient qu’une seule graine. C’est le fruit qui va être l’élément de différenciation entre la mûre et le framboisier. Le fruit de ce dernier n’est pas solidaire de son réceptacle. Il se détache facilement au moment de la cueillette. Le réceptacle reste dans le fruit pour la mûre.
Le framboisier est la ronce d’Ida
Le Rubus idaeus est donc la ronce de l’Ida. Les botanistes ont repris la description de Pline selon laquelle cette ronce ne pousse que sur le mont Ida, en Crète et nulle part ailleurs. Les framboisiers cachaient Zeus contre son père le dieu Chronos pour que ce dernier ne vienne le prendre. En français, la framboise est une abréviation de fraise des bois. On la trouve dans les mêmes lieux que la fraises sauvages, c’est-à-dire des lieux humides, ombragés, rocailleux du Nord de l’Europe. 1
Le framboisier est une sorte de ronce qui a été améliorée par sa culture. Il est encore possible de la trouver à l’état sauvage dans les régions montagneuses d’Europe occidentales. Les fruits pour la plupart rouges, rarement blancs et proviennent d’une fleur semblable à la fraise. Les nombreux ovaires sont placés sur le réceptacle central qui, contrairement à la fraise, ne gonfle pas après fécondation. Chaque drupe est composée de drupéoles dans lequel se trouve un minuscule noyau composé d’une graine.
Il n’aime pas vieillir. Il devient sec et épineux. C’est comme s’il retrouvait son origine d’avant sa culture. Ses fruits deviennent âcres. Il faut repiquer les nouveaux plants à l’automne. Ses feuilles se récoltent à la fin du printemps. Guy Fuinel lui donne la caractéristique de la sérénité, car il donne ses feuilles et ses fruits presque tout au long de l’année, sans se faire remarquer. 2
Deux variétés
Le framboisier Rubus idaeus est un arbuste drageonnant dont les rameaux, appelés cannes, sont légèrement épineux.Il existe deux types de variétés :
- Il est dit non-remontant quand il fructifie vers juin-juillet sur les pousses de l’année précédente. A ce moment la taille se fait quand les tiges deviennent sèchent ;
- et remontant lorsque les pousses de l’année portent des fruits une première fois en septembre, puis à nouveau en début d’été l’année suivante.
Le type de taille du framboisier va dépendre de ces deux caractéristiques. Taille sur variétés de printemps : rabattre à 30-40 cm juste après récolte (juillet). Taille sur variétés remontantes : tailler les rameaux ayant fructifié
Il existe peu de variétés. 3 Pour ce qui est des variétés printanière précoces, nous avons les :
- Malling Promise : gros fruit allongé rouge vif, saveur, canne épineuse.
- Meeker (mi saison) : très vigoureuse, fruit moyen arrondi, goût
- Tulameen : forte productivité, goût moyen.
- Lloyd George : fruit conique rouge foncé, canne épineuse.
- Malling Exploit : très gros fruit, rustique.
Les variétés printanières tardives :
- Schoenemann : fruit rouge foncé.
- Rose de Côte d’Or : fruit petit, canne épineuse.
Les variétés remontantes :
- Héritage : rustique, canne épineuse, fruit moyen rond.
- August red : fruit fragile très goûtu.
- Zeva : exigeant sol fertile, fruit gros rouge (assez tardif)
Les besoins du framboisier
Le sol du framboisier doit être riche en compost. S’il existe une carence, il faut en apporter tous les deux ans ainsi que de la poudre de basalte paramagnétique. Ce dernier apportera le phosphate, la silice et le calcaire indispensables à sa bonne production. Cette plante est exigeante en potasse. Au départ, il faut apporter 3 kg/m2 de compost, à renouveler tous les trois ans et en surface
Attention, un animal bio-indicateur montrant qu’il y a trop d’azote dans le sol par un apport exagéré de matière organique est le puceron. Soyez attentif donc…
A défaut d’ajouter du compost, vous pouvez associer le haricot ou le pois nains en cultures entre les rangs et cela tous les ans. Vous pouvez ajouter du basalte en saupoudrage tous les ans, sur le sol.
Les biotopes et caractères indicateurs
On a déjà vu ci-dessus ses lieux de prédilections dans l’Europe de l’Ouest. La framboise se développe dans les landes, les lisières et les clairières forestières pour ce qui est de son biotope primaire. Cela ne change pas trop dans son biotope secondaire puisqu’on la trouve le long des chemins et des routes, les friches agricoles, les coupes de bois et les prairies agricoles.
Elle indique un engorgement en matière organique archaïque avec des sols riches en bases. A l’instar de sa copine la ronce, elle indique une évolution vers la forêt. Il y a toutefois une indication qui est une véritable sonnette d’alarme. Dès que nous participons à la levée de dormance de ses graines, en dehors de son biotope primaire, elle indique que les sols sont en cours de désertification par le disparition des matières organiques. 4
Principes actifs du framboisier
Il comporte beaucoup de tanins, des flavonoïdes (anthocyanes antioxydant), du potassium, du magnésium, du manganèse, du fer, de la vitamine C et E et des substances aromatiques qui servent dans des préparations pharmaceutiques. 5
Riche en acide citrique, la framboise est diurétique. Riche en fibre, elle favorise la digestion.
Son utilisation en médecine
La framboise est meilleure en termes gustatifs qu’il n’apporte d’éléments thérapeutiques. On peut l’utiliser quand même quand on a des troubles digestifs. Elle est pauvre en sucre comme la cerise ou la myrtille. Elle est très riche en pectine ce qui permet de l’utiliser en gelée et en fermentation elle donne une excellente eau-de-vie.
Les feuilles et les jeunes pousses sont astringentes, toniques, diurétiques, emménagogues et laxatives. Selon les parties de la plante, elle permet de lutter contre les maux de gorge, angines, nausée de la femme enceinte, ménopause, circulation du sang des pieds et des mains, diarrhées, dysenteries, douleur rhumatismales.
Aux USA il a été étudié pour son action sur la grossesse et l’accouchement qu’il facilite. Il détend et tonifie l’utérus, à prendre en fin de grossesse. Sous forme de thé, elle accélère la sudation en cas de refroidissement.
Les prédateurs du framboisiers et associations
Il n’y en a pas beaucoup si ce n’est le vers de la framboise qui reste très rare. Il porte de nom de Byturus tomentosus qui est la larve d’un petit coléoptère. La tanaisie est un bon répulsif contre le vers de la framboise. En période d’humidité, le fruit peut être atteint de la pourriture grise, la même qui attaque les raisins En fait, généralement le framboisier peut souffrir des sautes de climat. surtout lors des printemps froids qui endommagent les tissus, permettant alors à de micro-champignons pathogènes du sol d’infecter tiges et racines. Mais cela reste anecdotique. La meilleure façon de lutter contre ces sautes d’humeur, il faut renforcer la plante en utilisant un extrait fermenté de consoude, de prêle ou d’ortie.
Les chenilles de certains lépidoptères sont intéressées par les framboisiers. Une espèce de mouche la de la famille des bombyx peut déposer ses œufs en mai sur les petites pousses, et provoquer l’apparition d’une grosse galle dans les fruits. Pour éviter cela on recommande de planter des plants de myosotis au pied des framboisiers. En effet, ceux-ci font fuir la mouche.
Quand nous voyons la liste des nombreux ravageurs ou maladies de la framboise, nous sommes partisans à Hoeilaart comme à Éghezée de simplement renforcer la plante avec des extraits fermentés. Exit donc les bouillies bordelaises et autres produits chimiques de synthèse. Le fait de laisser les framboisiers vivres ne nous apporte que du bonheur !
En conclusion…
Nous pensions que le framboisier allait compléter la ronce dans nos explications détaillées de notre texte précédent. Il n’en est rien. Nous aurions pu l’intégrer dans l’explication sur la ronce. En fin de compte, mine de rien le framboisier est, tout de même, assez complet et peut aisément faire partie de notre pharmacie personnelle.
Et puis, il faut l’entretenir différemment que la ronce….
Géry de Broqueville
- Pelt Jean-Marie, Des fruits, Ed. Fayard, 1994, page 66. ↩︎
- Fuinel Guy, La Sérénité et les plantes, Ed. Amyris, 2005, p. 27. ↩︎
- Fiche technique du Réseau GAB/FRAB. ↩︎
- Ducerf Gérard, L’encyclopédie des plantes bio-indicatrices alimentaires et médicinales, Guide dede diagnostic des sols, vol 2, 2018, p.252. ↩︎
- Collectif, Plantes sauvages comestibles, Ed. Ulmer, 2012, p.164. ↩︎